Lamartine, « L’isolement », Méditations poétiques, 1820.
Par zazen • 15 Août 2018 • Commentaire de texte • 1 052 Mots (5 Pages) • 2 847 Vues
Séquence : Poésie et peinture au XIXe siècle : du romantisme au symbolisme
Objectifs : - s’enrichir auprès d’œuvres artistiques du XIXe siècle
- se réapproprier les règles de l’écriture poétique
- analyser des œuvres picturales
Séance 1 : L’homme et la nature dans la poésie et la peinture romantiques
Supports : Lamartine, « L’isolement », Méditations poétiques, 1820.
L'isolement
Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
1) La situation d’énonciation
- Qui parle ? Le poète « je »
- A qui ? Il n’y a pas de destinataire identifiable. Il s’adresse implicitement au lecteur et à lui-même → monologue intérieur. Discours direct adressé à lui-même (v. 24). Il se questionne aussi (v. 25-26)
- Où et quand ? Dans la nature « à l’ombre du vieux chêne… je m’assieds », au crépuscule « au coucher du soleil »
- De quoi ? Il livre ses états d’âme.
- Comment ? forme poétique : 7 quatrains en alexandrins aux rimes croisées.
- Temps verbaux : présent d’énonciation : « je m'assieds », « Je promène », « je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. " » ;
de description : « gronde », « Il serpente, et s'enfonce » ;
présent de vérité générale : « Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts », « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! ».
2) La structure du poème
- Les quatre premières strophes : La description du paysage
- Les trois dernières strophes : l’expression de sa souffrance
La rupture est soulignée par le « mais » (v. 17) qui exprime l’opposition entre le charme, la beauté de ce paysage et les états d’âme douloureux du poète.
3) Le tableau romantique
L’organisation de la description
Quel cadre repérez-vous ? Un plan général ou une vue panoramique.
Effet d’enjambement au v. 3-4 et v. 7-8
Le rejet au v. 12
→ amplification du rythme pour traduire la vue panoramique et le caractère exceptionnel du paysage.
Quel angle de vue ? En plongée, il a point de vue dominant.
→ Position qui permet au regard d’aller jusqu’à l’horizon, il s’agit d’un espace ouvert : la plaine, le fleuve, le lac, les sommets et les bois.
Quel est le sens le plus sollicité ? La vue.
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