La loreley cas

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3) Je vais maintenant évoquer une histoire d’amour qui conduit à la folie. A travers le personnage de la Loreley, on retrouve une alliance d’Eros (dieu de l’amour) et de Tanatos (dieu de la mort). L’amour et la mort sont liés et Loreley éprouve une souffrance immense suite à la disparition de son amant. Cependant, nous ne connaissons pas les raisons du départ de ce dernier. La répétition “Mon cœur me fait si mal, Mon cœur me fit si mal” au 20ème distique montre bien qu’il n’y a pas d’évolution dans la douleur, même avec le temps. Loreley est gravement blessée et la mort est la seule issue. Elle veut mourir et en a le moyen. On retrouve ici le rôle double de l’eau : son amant pourrait être le Rhin et l’eau entraine la noyade. GA veut donc montrer ici que l’amour entraine la mort. Tout au long du texte, il y a un passage de la douleur à la folie et l’évêque déclare que Loreley est folle pour essayer de la sauver et c’est la perspective du couvent qui pousse cette dernière à agir. On comprend bien qu’elle n’a pas l’intention d’y aller, cependant les chevaliers la croient. « Le vent tordait ses cheveux » (v31) souligne la liberté de la Loreley et pour la 1ère fois, on a l’impression qu’elle est heureuse : « mon cœur devient si doux » (v35). L’asyndète de ce 35ème vers souligne l’amour et le bonheur retrouvés et la cause de ce bonheur est évoquée par des sonorités identiques : « vient », « devient ». A la fin, GA a préféré garder l’ambiguïté et l’incertitude demeure entre le suicide et l’accident. La métaphore « Ses yeux couleurs du Rhin ses cheveux de soleil » (v38) donne l’impression que Loreley est une émanition du fleuve, une ondine qui rejoint son élément naturel. A la fin du poème, on a l’impression d’une apothéose avec la rime « Loreley, soleil » (v37-38). L’allitération en « l » donne une fluidité et une douceur à la mort. Cette beauté maléfique se retourne donc contre Loreley et la conduit de l’amour à la mort en passant par la folie.

Conclusion:

Pour conclure, on peut dire que Loreley est un des textes les plus simples du recueil Alcools et il contient une richesse extraordinaire. On y retrouve tous les thèmes chers à GA dont l’amour malheureux. Pour GA, la femme est irréelle, paradoxale, elle souffre de sa beauté. Le poète a su briser l’image du personnage maléfique et il ne porte pas de condamnation morale. Ce poème se prête à de multiples interprétations mais l’appel de l’eau est le plus fort. La facilité apparente de ce texte cache une construction rigoureuse et on peut dire que la Loreley est une incantation magique qui associe le poète à un magicien. La Loreley est aussi une source d’inspiration pour les poètes allemands et Apollinaire s’est inspiré de Clemens Brentano qui est le premier à avoir écrit cette légende.

Ce poème, traditionnel dans ses références, est moderne dans sa réécriture et dans sa mise en forme. “La Loreley” côtoie à la fois le mythe, le conte et la chanson, un peu comme dans le poème “Nuit rhénane” qui appartient au même cycle.