L'illusion comique, acte 5, scène 5, Corneille
Par Raze • 20 Septembre 2018 • 1 243 Mots (5 Pages) • 715 Vues
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et de l’utilité du théâtre. Pour cela, il utilise plusieurs procédés.
Alcandre emploie des impératifs (« Voyez si pas un d’eux », « Cessez de vous en plaindre » « N’en croyez que vos yeux »…) et des présents à valeur injonctive.
Le discours d’Alcandre est construit et ordonné. Par exemple, avec l’utilisation de connecteurs logiques « Ainsi… Mais… Et… » dans la tirade commençant par « Ainsi tous les acteurs d’une troupe comique ».
Alcandre utilise des accumulations élogieuses : « L’entretien de Paris, le souhait des provinces, / Le divertissement le plus doux de nos princes, / Les délices du peuple, et le plaisir des grands ».
Utilisation du présent de vérité générale pour exprimer son opinion afin d’y faire adhérer Pridamant, par exemple « le théâtre / Est en un point si haut que chacun l’idolâtre »
2. Plusieurs destinataires
Il y a plusieurs destinataires à travers le discours d’Alcandre qui justifie et met en avant les qualités du théâtre.
Le mage s’adresse à Pridamant, son interlocuteur direct qui se plaint du destin de son fils. Pridamant représente l’autorité bourgeoise et morale qui juge le théâtre mais aussi l’autorité paternelle inquiète pour son fils.
Puis le ton change et Alcandre s’adresse peu à peu aux protecteurs du théâtre : « Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde » fait référence à Richelieu, ministre qui aide les artistes et notamment Corneille, « Même notre grand roi » fait référence à Louis XIII. Il se dessine un Corneille politique que l’on retrouvera dans le Cid et Cinna. Le théâtre prend une autre fonction que le divertissement. Le dramaturge se doit de célébrer la monarchie de droit divin qui le protège. Ainsi, « Même notre grand roi… » a une fonction de louange destinée au roi. Le champ lexical des héros qui s’est vidé d’ironie et de comique a pris une valeur d’éloge courtisane, il flatte le roi.
Alcandre met en avant l’importance pour le dramaturge d’avoir des mécènes qui aiment et protègent le théâtre.
3. Evolution de la vision du théâtre
Le « fief » renvoie aux châteaux du Moyen Age, difficilement accessibles. Alcandre s’adresse au père, aux protecteurs, aux spectateurs pour en changer les mentalités. Comme vu précédemment, il insiste sur les effets obtenus par le théâtre : « dont les rentes sont bonnes, un métier si doux, plus de biens et d’honneur… »…
Alcandre met en évidence le décalage de génération entre la vision du père (« votre temps ») et celle du fils (« aujourd’hui ») : « Et ce que votre temps voyait avec mépris / Est aujourd’hui l’amour de tous les bons esprits » -> Opposition imparfait / présent dans ces deux vers pour montrer l’évolution des mentalités.
Ainsi, Pridamant a changé d’avis sur le théâtre : « Je n’ose plus m’en plaindre », gradation élogieuse « J’en ignorais l’éclat, l’utilité, l’appas ».
Opposition avant/après : « d’abord mon âme s’est émue […] depuis […] mon cœur plein d’allégresse / A banni cette erreur avecque sa tristesse ».
Le terme « erreur » montre bien que Primadant a changé son opinion sur le théâtre. Pridamant évoque l’allégresse que provoque la comédie.
L’utilisation du passé (« s’est émue », « J’ai cru », « J’en ignorais », « blâmais ») montre que le jugement négatif de Pridamant sur le théâtre est terminé. Et Pridamant n’a pas l’intention de revenir sur son nouveau jugement : « Mon âme en gardera l’éternel souvenir. »
Conclusion
Cette scène 5 de l’acte 5 de L’Illusion comique de Corneille est un plaidoyer élogieux en faveur du théâtre.
Le but d’Alcandre est finalement atteint : Pridamant a pu, grâce à l’éloge d’Alcandre du théâtre mené en réalité dans toute l’œuvre, reconnaître le métier d’acteur de son fils. Une réconciliation entre eux est possible.
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