Acte 5, scène 5, Illusion comique, Corneille
Par Junecooper • 6 Septembre 2018 • 2 871 Mots (12 Pages) • 924 Vues
...
Vers 23 → 42 : Le retour à la réalité : une scène où s’affrontent illusion et réalité.
Incompréhension de Pridamant
Dans la seule didascalie présente dans cette scène, le lever de rideau révèle l’envers de l’illusion, Pridamant va voir les acteurs se partager la recette du théâtre. Néanmoins, il tarde à comprendre ce à quoi il assiste :
- Surprise quand le rideau se lève
- Exclamations vers 24 témoignant de sa surprise + évocation des dieux
- Répétition du verbe voir « que vois-je ? », anaphore de « Je vois » vers 25-26 « voyez »→ il peine à appréhender ce qu’il voit → les sens apparaissent comme trompeurs. Les mêmes yeux qui lui ont fait voir la mort de son fils lui montrent maintenant le contraire. Pridamant ne sait plus que croire.
- Antithèse « Les vivants et les morts » vers 28 montre qu’il ne comprend rien, que tout se mélange dans son esprit.
- En outre, les questions rhétoriques vers 23 « chez les morts compte-t-on l’argent ? » et 28 « Pour assembler ainsi les vivants et les morts » montrent également sa stupéfaction et son incompréhension. Il pose des questions qui peuvent sembler banales, voire presque stupides, ce qui témoigne du fait qu’il a été pris de cours par la situation et qu’il est perdu.
Alcandre et sa volonté de ramener Pridamant à la réalité.
Ensuite, par l’adverbe « Ainsi » Alcandre introduit son explication. Il révèle le fait que tout ce qu’il lui a montré n’était qu’une pièce de théâtre, que ce qu’il a vu était une représentation et non la réalité.
- Emploie de terme ancrant la scène dans le réel avec le champ lexical du théâtre dans sa réplique allant du vers 29 au vers 41 pour bien montrer que ce qu’il a vu était seulement une pièce de théâtre et non la réalité. La réalité est tout autre.
- « acteurs », « troupe comique », « scène », « vers », « rôles », « théâtre » et « poème récité » (récité = accentuation du fait que ce qu’il a vu était faux)
- Alcandre met aussi en évidence le fait que tout ce qu’a pu voir Primadant ne sont que des « paroles ». Le vers 34 est particulièrement intéressant dans cette optique : « Leurs vers font leurs combats, leur mort suit leurs paroles ».
- Toutes les actions qui peuvent se produire ne sont en réalité que les paroles d’une pièce de théâtre écrite préalablement et jouée par des professionnels ayant pour but d’entretenir l’illusion par laquelle s’est fait berner Pridamant.
- A travers 2 antithèses vers 35 : « Le traître et le trahi » et « le mort et le vivant », Alcandre accentue de plus ce retour à la réalité en mettant en exergue le fait que ces personnes aux rôles opposés durant la pièce « se trouvent à la fin amis comme devant ». A la fin de la pièce, tout retourne à la normale. Ils ont des rôles qu’ils assument durant une représentation mais ces rôles sont indépendants de leur vie.
- Son acte de rappel à la réalité fonctionne car Pridamant retrouve ses esprits vers 41. Il se rend compte de ce qu’il s’est passé, se rend compte qu’il s’est laissé berner par la représentation qu’il vient de voir. Il se rend compte de ce que fait vraiment son fils et s’exclame ainsi « Mon fils est comédien ! ». Cette exclamation finit de l’ancrer dans la réalité.
L’illusion pour représenter le réel.
En fait, l’incompréhension de Pridamant opposée à la volonté de réalité d’Alcandre montre la difficulté que l’on peut avoir à discerner la frontière entre réalité et illusion. Corneille montre que le théâtre peut sembler si réel qu’il nous semble être la réalité. L’art du théâtre permet de berner le spectateur ici incarné par Pridamant afin de le faire entrer dans une réalité parallèle le temps d’une présentation.
- Cf Mimésis de Platon et Aristote → représenter le réel par le théâtre
- Le mot « charme » utilisé par Pridamant vers 27 montre ainsi un rôle du théâtre. Le mot charme peut évoquer qqchose de magique. Ici le charme évoque le théâtre et assemble « les vivants et les morts ». Donc le théâtre permet de réfléchir sur la distinction entre réalité et illusion.
Transition : Ainsi on commence à voir une éloge du théâtre se dessiner. Cette dernière va prendre toute sa place dans la suite de la scène où Corneille incarne le personnage du dramaturge en Alcandre afin de défendre son art.
Un éloge du théâtre vers 42 à la fin
Volonté de convaincre P
Alcandre fait ainsi un éloge du théâtre. Il loue ses bienfaits. Mais aux premiers abords, Pridamant ne semble pas se réjouir du métier de son fils. C’est ainsi que vers 56 il dit qu’il trouve tout de même « sujet de plainte » malgré le fait que sa mort soit feinte. D’ailleurs on retrouve vers 55 « J’ai pris sa mort pour vraie, et ce n’était que feinte » une antithèse remettrant en avant le trouble dans lequel s’est trouvé Pridamant quand il est sorti de l’illusion théâtrale. C’est ainsi que Alcandre va essayer de convaincre Pridamant par son éloge. On constate une réelle volonté de convaincre Pridamant
- « Cessez de vous plaindre » vers 59 → impératif
- Président de vérité générale dans plusieurs expressions → « Le théâtre est en un point si haut que chacun l'idolâtre », , « Il tient le premier rang parmi leurs passe-temps ; »
, « Trouvent dans les douceurs d'un spectacle si beau », « Les plus rares esprits lui consacrent leurs veilles » → tout ce qu’il dit est présenté comme vrai.
Universalité du théâtre
- Idée que le théâtre est universel
- Gradation vers 50 : « Ravissent à Paris un peuple tout entier » → montre que le théâtre nous touche tous, que son langage est universel.
- Idée retrouvé dans la tirade suivante d’Alcandre quand il utilise le CL du divertissement (« divertissement » vers 64, passe-temps vers 71). Le théâtre est fait pour se divertir.
- Nombreux GN et pronoms dans sa tirade désignant les heureux amateurs de théâtre : « peuple », « nos princes »,
...