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L'emprunt dans la langue française dans le passé et au moment actuel

Par   •  4 Avril 2018  •  1 830 Mots (8 Pages)  •  452 Vues

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Le phénomène de l'emprunt total présente plusieurs variantes. Il convient de distinguer entre les emprunts véritables, acceptés dans le lexique courant et intégrés dans la langue à différents degrés, et les pérégrinismes utilisés dans un certain contexte, compris seulement par ceux qui connaissent la langue de départ. Les pérégrinismes ne deviennent des emprunts véritables que par une utilisation plus fréquente dans la langue.

1.5.2. L'aspect socio-linguistique de l'emprunt

Les transformations sociales nécessitent l’enrichissement du lexique d'une langue vivante de nouveaux mots. Par exemple les nouveautés techniques appellent de nouvelles dénominations. Une autre raison pour l'innovation lexicale sont les besoins expressifs des usagers de la langue. La recherche traditionnelle des emprunts a quelquefois considéré les emprunts issus du besoin d'expressivité comme des emprunts en quelque sorte inutiles, les qualifiant d’emprunts de luxe, à la différence des emprunts de nécessité. Si la recherche sur la synonymie a démontré l'inexistance de la synonymie totale, elle a aussi démenti cette répartition en emprunts de luxe et emprunts de nécessité. Les emprunts de luxe remplissent toujours une lacune lexicale par exemple en fournissant une connotation manquant à un terme déjà présent dans la langue.

La pratique d'enrichir le lexique selon les besoins des usagers est appelée néologie lexicale et les mots résultant de cette pratique, néologismes. Une source de néologismes, en plus de la dérivation et du changement de sens, sont les emprunts aux autres langues, appelés néologismes exolingues. Pour que l'emprunt (ou un néologisme indigène) s'intègre dans le lexique il doit d'abord être utilisé par quelqu'un, et puis, pour ne pas rester seulement un hapax, c'est-à-dire un pérégrinisme, d'un discours spécialisé, il doit se répandre dans l'usage courant.

Les médias sont aujourd'hui un moyen très important de propagation de néologismes. Du fait que le mot est couramment utilisé par exemple dans Le Monde, il devient familier pour un groupe considérable de personnes. La diffusion d'un terme peut aussi être influencée par la politique linguistique d'un pays. En ce qui concerne la pénétration d'emprunts dans la langue française, le contrôle de ce phénomène date depuis nombre d’années. En 1966 fut fondé l'organisme officiel intitulé Haut comité pour la défense et l'expansion de la langue française, depuis 1973 Haut Comité de la langue française. Aujourd’hui les commissions ministérielles sont chargées d’identifier et de

proposer des équivalents français pour les anglicismes de différents domaines.

Malgré les efforts d’empêcher la pénétration des anglicismes dans le vocabulaire français, l'emprunt est toujours un fournisseur important de nouveaux mots, et souvent les propositions de la commission ne sont pas intégrées dans l'usage commun.

1.5.3. L'adaptation linguistique d'un emprunt

L'intégration socio-linguistique d'un mot dans le lexique est souvent accompagnée d'une adaptation linguistique du mot à la morphosyntaxe française. Les substantifs prennent un déterminant et les verbes se conjuguent selon les règles françaises. L'assimilation porte souvent aussi sur la forme même du mot. Cette assimilation peut être graphique, phonologique ou morphologique. Seule une importance particulière de l'aspect étranger peut bloquer ce processus, par ex. s'il sert à donner une connotation spéciale au terme.

Cette adaptation de la forme du mot rencontrée à différents degrés est l’un des centres d’intérêt de plusieurs chercheurs. Dans ce qui suit nous présenterons les cinq catégories principales de cette étude : les péregrinismes, les emprunts directs, les emprunts graphiquement adaptés, les emprunts morphologiquement adaptés et les reconstructions à partir de mots étrangers.

1.5.3.1. Les pérégrinismes

Les pérégrinismes forment un groupe spécial parmi les emprunts. A la différence des emprunts ils ne sont pas adaptés aux règles orthographiques ou phonétiques de la langue emprunteuse. Dans le texte écrit les pérégrinismes sont souvent accompagnés de guillemets où d’italiques, glosés ou même traduits. Pour faire la distinction entre les pérégrinismes et les emprunts directs, nous utiliserons comme principe l'enregistrement du mot dans un dictionnaire du français courant le TLF ou le NPR. C’est aussi selon Mortureux le signe le plus visible de l'appartenance du mot au lexique français.

1.5.3.2. Les emprunts directs.

Les emprunts classés dans cette catégorie n'ont ni modifications graphiques ni adaptations morphologiques relatives à la graphie du mot. Ces mots pourraient aussi être qualifiés d’emprunts phonétiquement adaptés. Un corpus écrit ne donne cependant pas de possibilité de conduire une étude phonétique.

1.5.3.3. Les emprunts graphiquement adaptés

Dans cette catégorie sont classés les mots dont la forme écrite est différente de la forme originale, c'est-à-dire que la langue emprunteuse adapte l’emprunt conformément à ses propres règles. Parmi ces mots on compte quelquefois aussi les mots provenant de langues qui utilisent un autre type d'alphabet que le français. Nous avons pourtant exclu ce type de translittérations de notre analyse. La cause de l’adaptation sera traitée à l’occasion des exemples traités.

1.5.3.4. Les emprunts morphologiquement adaptés

Les emprunts de cette catégorie ont subi des modifications morphologiques portant sur la forme de base du mot. Dans une modification typique de ce type, le suffixe de la langue de départ est transformé en suffixe équivalent, typique de la langue emprunteuse. Ce type de changement passe le plus facilement entre les langues de la même famille.

1.5.3.5. Les reconstructions à partir de mots étrangers.

Ce groupe n'est pas inclus dans la classification traditionnelle des emprunts. Il s’agit des formations savantes à partir de mots grecs ou latins. Dans ce cas le mot, formé en France, n'existe pas dans la langue de départ. Même si l'appartenance de ce type d'emprunts à la catégorie des emprunts totaux est contestable,

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