L'Albatros - Charles Baudelaire
Par Raze • 27 Février 2018 • 1 069 Mots (5 Pages) • 1 025 Vues
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Le mot « Exilé » est très fort et c’est un participe passé qui a un sens passif : par qui le poète est-il exilé ? La violence ou encore l’image de l’archer des hommes d’équipages nous donnent à voir une hostilité très forte. Comme l’albatros, le poète se heurte à l’incompréhension de ses contemporains. Il faut savoir qu’à sa publication, Les Fleurs du Mal ont valu à Baudelaire un procès : il fut obligé d’y retrancher plusieurs poèmes. Le sentiment d’incompréhension et d’exil exprimé par Baudelaire, provient sans doute des réactions du public.
L’albatros est considéré comme un compagnon de voyage. Cela prédispose au lecteur à entrer en empathie avec lui. Le mot « indolents » signifie étymologiquement « sans douleur » : dans leur élément, les albatros se déplacent sans efforts. Cet adjectif entre en contraste avec la souffrance que l’on va lui faire subir. Ainsi, on trouve tout de suite, le thème de la communion avec la nature. Ici, nous avons un thème lyrique : dans ce poème, le poète ne parle pas directement de sa douleur à la 1ère personne, comme on le retrouve habituellement dans le registre lyrique. Cependant, on devine déjà qu’il parle de la douleur du poète à travers celle de l’albatros. Le poète est malheureux et même incompris.
Conclusion :
Avec cette petite histoire, Baudelaire veut d’abord inspiré l’empathie du lecteur pour l’oiseau qui est au centre de l’anecdote. Ainsi, il va utiliser des rythmes variés pour imiter tour à tour, la majesté de l’oiseau en vol et la maladresse de l’oiseau au sol. Donc, la communion de l’albatros avec la nature, le ciel et la mer va entrer en contraste avec sa déchéance lorsqu’il est maltraité par les matelots. Baudelaire met en scène leurs regards et leurs actes pour faire ressortir leur cruauté. Ce poème de Baudelaire est une parabole, c’est-à-dire un petit récit qui a un sens caché.
Ce poème évoque l’image traditionnelle du poète solitaire. Le poète est incapable de s’adapter à son entourage, à la réalité, aux bassesses des hommes. Il s’échappe (tel l’oiseau) dans sa création, dans sa poésie.
On peut même dire que c’est un apologue car il contient une dimension argumentative. A travers le registre pathétique, Baudelaire cherche à persuader son lecteur : les jeux de contrastes construisent un système de valeurs. La fin du poème révèle la clé symbolique : l’albatros représente le poète. Il nous invite donc à relire le texte en cherchant les analogies. Il apparait alors que le poète parle de sa propre douleur en évoquant celle de l’oiseau : le sentiment d’exil est bien celui de l’artiste incompris. Une dimension lyrique apparait donc dans ce texte, dont le sujet central est la condition du poète et l’incompréhension du public.
Comme l’oiseau, l’artiste est libre et audacieux dans sa création, son imagination lui permet d’explorer des espaces mystérieux et inquiétants comme la tempête. Mais il souffre d’être montré du doigt, dénigré par les critiques, censurés ou même attaqué en procès, alors qu’il n’est qu’au service de la beauté.
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