Gide, chapitre 3 de la deuxième partie
Par Orhan • 16 Octobre 2018 • 1 350 Mots (6 Pages) • 431 Vues
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- Intention d’intéresser le lecteur et ses interlocuteurs
Envie de rendre tout ça agréable au lecteur afin qu’il ne n’ennuie pas en lisant. Critique ce genre de roman que l’on retrouve aux lignes 31-32-33. De plus, on remarque l’utilisation d’un langage familier : « assommer », « mourir d’ennui »…
Edouard souhaite mettre en scène un protagoniste de romancier qui pourra incarner le débat théorique de façon dynamique.
Le personnage entend ainsi réfuter l’avis sur l’ennui de son interlocutrice en arguant de l’invention d’un personnage de romancier qui pourra incarner et dramatiser la création romanesque que Gide désigne métaphoriquement par l’expression « la lutte…»
- Le discours d’Edouard.
- Un discours énergique
Il y’a une envie d’intéresser son public, ici Laura et madame Sophrinska. Nous pouvons voir cela grâce à plusieurs mots comme à la ligne 1. L’interjection « Eh Bien » permet de rendre le récit plus vivant. Le fait de la faire sous forme de dialogue également. « Mettons » « Si vous préférez » il essaie ainsi par ces tournures d’inclure son public mais les deux femmes n’y arrivent pas. La ponctuation ainsi que les exclamations rendent vivant le texte.
Le premier mouvement de l’extrait commence par une réplique énergique d’Édouard, ce que suggèrent l’interjection et l’exclamation placées en tête de phrase. Les commentaires du narrateur qui précèdent l’extrait précisent que le personnage sait gré à ses interlocutrices de le pousser à discourir sur le roman de façon à attirer plus particulièrement l’attention du jeune homme, auquel il s’intéresse et dont il a fait son secrétaire pendant son voyage, Bernard.
« Les regards malicieux » du jeune homme sont évoqués comme déterminants aux yeux du romancier dans le commentaire narratif par la locution adverbiale « d’autant plus qu’il en surprenait un effet… » C’est précisément au moment où il est question d’autobiographie que la figure fictive du romancier trahit son trouble au-devant plus particulièrement d’un des auditeurs.
- La réticence de son public
Après avoir parlé du style de l’œuvre, nous allons donc nous intéresser à la réception de l’œuvre grâce aux réactions de Laura et madame Sophrinska. Comme dit plutôt, elles n’accrochent pas à l’œuvre et représente un public retissant à la publication du roman.
Laura et Sophrinska représentent ici un personnage type de la société. Et notamment un public réticent. Ce qui permet à Gide d’exprimer sa pensée. Il présente sa justification de la version de son roman par rapport à son public.
La réplique du personnage de Laura renforce le contraste entre le sérieux du romancier et la légèreté à laquelle cède son auditoire. L’appellatif familier « Mon pauvre ami » par lequel elle s’adresse à Édouard tend à discréditer son avis et à le dissuader de faire cette expérience. Laura met en garde Édouard : « vous ferez mourir d’ennui vos lecteurs ».
Sophrinska quant à elle approuve l’idée d’Edouard « Si, si ». Cette approbation est cependant tempérée par l’emploi du verbe « j’entrevois » qui exprime sa difficulté à saisir le sens complet des propos.
Laura affirme que personne ne sera dupe de la transposition narcissique de la personne de l’auteur dans la fiction romanesque.
Conclusion
Ce dialogue du troisième chapitre de la deuxième partie des Faux-Monnayeurs se caractérise par sa dimension méta romanesque. En mettant en scène son personnage de romancier Édouard au sein d’un dialogue empreint de comique, Gide dévoile au lecteur ses propres réflexions et une remise en question d’une tradition romanesque réaliste. Le procédé de mise en abyme du personnage du romancier qui discourt de son art dans une atmosphère enjouée concrétise, avec humour, une rupture avec la narration linéaire et confère au passage une profondeur réflexive dont parle explicitement le personnage. Ce dialogue permet au lecteur d’accéder sur un mode fictif et ludique aux préoccupations de l’auteur dont le Journal des Faux-Monnayeurs ajoute encore à la profondeur de la mise en abyme, étant donné qu’Édouard tient lui-même un journal où il transcrit ses réflexions sur son roman à venir des Faux-Monnayeurs.
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