Fiche de lecture sur Electre de Giraudoux
Par Junecooper • 13 Novembre 2018 • 3 856 Mots (16 Pages) • 452 Vues
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THÈME 1 : DES PERSONNAGES QUI S’OPPOSENT
Divers personnages vont s’opposer dans cette pièce dont les premiers sont le jardinier et les Euménides puisque ces dernières vont réciter Clytemnestre : « Récitons Clytemnestre, mère d’Electre» p48 et Electre : «nous pouvez réciter Electre »p49 ce qui l’énervera particulièrement car elles insultent les personnes qu’elles récitent et surtout le jardinier… ce qui lui vaudra de les insulter à son tour : « Cette fois, taisez-vous, sales petites vipères ! » p50 Le jardinier entre aussi en opposition avec le président et sa femme puisque ces derniers ne veulent pas d’Electre dans leur famille et s’opposent à ce mariage : « Il ne l’épousera pas. Nous venons pour l’en empêcher » p54 car elle serait source de malédiction : « Il veut repasser sur la famille des Théocathoclès tout ce qui risque de jeter quelque jour un lustre fâcheux sur la famille des Atrides » p60 L’opposition à cette union est donc due à la possible malédiction qui pourrait s’abattre sur leur famille. Cependant Egisthe qui est à l’origine de ce mariage entre Electre et le jardinier s’oppose avec le président car celui-ci veut du mariage pour éloigner Electre du trône : « de distraire Electre de la famille royale…» p70 et surtout pour éviter qu’elle ne se déclare : « Je sens que les ennuis et les malheurs abonderont du jour où elle se déclarera, comme tu dis, dans la famille des Atrides» p80 Il y a d’autres opposants à ce mariage comme Clytemnestre : «Tu n’épouseras pas ce jardinier» p 90 «Épouse Electre, jardinier, et tu es tué ! » p91 Ces deux personnages s’opposeront tout d’abord au sujet du mariage puis au sujet de son jardin : «Reine, vous pouvez me refuser Electre, mais ce n’est pas loyal de dire du mal d’un jardin qu’on ne connaît pas» p91 Ce passage révèle que ce mariage importe peu le jardinier qui est juste contraint et préfère son jardin. Il y a un autre sujet d’opposition principal qui est l’opposition entre Electre et sa mère puisqu’au cours de cette pièce elles s’opposent toujours pour des sujets différents. Au début elles ne sont pas d’accord sur le récit de la chute d’Oreste : « La tunique, entre nous, était mauve/ Elle était bleue. Je la connais, la tunique d’Oreste. Quand on la séchait, on ne la voyait pas sur le ciel » p88 Elles s’opposent aussi au sujet du mari d’Electre que sa mère dénigre : « L’heure n’est pas aux plaisanteries. Viens ! » p102 Electre a aussi une haine pour sa mère qui est à l’origine de leur opposition : « Ne parle pas d’elle, surtout pas d’elle. Imaginons une minute, pour notre bonheur, que nous ayons été enfantés sans mère. » P106 cette opposition est donc le résultat de cette haine non justifiée dont Electre cherche la raison au cours de la pièce. Elles seront également en opposition car depuis la naissance d’Electre leur relation n’est que froideur : « Nous avons été indifférentes dès ta première minute/ Ni toi n’avons jamais pleuré ensemble. » P165 Cette opposition est donc due à cette froideur et cette haine qu’ont les deux femmes l’une pour l’autre. Il y a aussi une opposition entre Electre et son frère qui ne comprend pas pourquoi sa sœur hait tant sa propre mère : «Pourquoi hais-tu à ce point notre mère, Electre ? » p106 /« Laisse-moi goûter ce soir, ne fût-ce qu’une heure, la douceur de cette vie» p110 Electre en parlant de sa haine pour sa mère, étouffe son frère qui ne veut plus en entendre parler et préfère se concentrer sur le bonheur à l’inverse de sa sœur : « Bien servi ce serait un pinson, Oreste» p140 le pinson est généralement symbole de joie mais Oreste-pinson s’oppose à Electre-rossignol qui quant à lui annonce la tragédie. Les idées de Clytemnestre vont s’opposer avec une femme autre qu’Electre. Il s’agit de la femme Narsès puisque cette dernière trouve que la barbe d’Agamemnon était rayonnante et la compare à un soleil pour montrer son admiration lyrique : « Pas une barbe. Un soleil. Un soleil annelé, ondulé. Un soleil d’où venait de se retirer la mer. Il y passait sa main. » P220 La femme Narsès est admirative face à cette barbe qui faisait horreur à Clytemnestre : « avec sa barbe bouclée/cette barbe que rien ne rendait lisse/il me disait de baiser cette bouche au milieu de cette toison » p211_212 Cette barbe est donc bien un point d’opposition entre les deux femmes.
THÈME 2 : LE SACRIFICE DES PERSONNAGES
Tous les personnages sauf un vont se sacrifier, il s’agit du président qui représente l’égoïsme et la médiocrité. Son égoïsme est montré dès le début de la pièce lorsqu’il s’oppose au mariage afin que rien de grave n’arrive à sa famille : « À ce mariage, que notre président considère comme un opprobre pour sa famille » p64 et sa médiocrité est quant à elle présente lorsque Egisthe lui annonce qu’il a tout entendu et que la seule réponse du président est : « Seigneur… » p64 qu’il répètera trois fois et qui est en réalité une satire du théâtre classique. Cependant le sacrifice individuel de chaque personnage nous indique les choses auxquelles ils tiennent le plus et nous donne ainsi la clé de leur identité. Agathe en se déclarant sacrifie le plaisir puisqu’elle trompait son mari et en l’avouant elle met fin à ce plaisir mais aussi à la facilité en étant elle-même et honnête : « Reviens à toi Agathe ! Justement. J’y reviens. J’y suis enfin revenue !... /Mais c’est fini, c’est fini… Salut, ô vérité. » P174 Suite à ce sacrifice c’est une nouvelle Agathe qui naît. Oreste quant à lui sacrifie le bonheur, l’amour aussi car il n’étreindra pas Electre avant de la quitter et sacrifiera l’amour car il a refusé celui de sa sœur et ne la verra plus : « Il ne toucha même pas, il n’embrassa même pas Electre. Il a eu tort. Il ne la touchera jamais plus. » P221 Il sacrifiera aussi son pouvoir de jeune prince : « Electre, tu es mon pouvoir. Ton frère aussi. Je peux vous tuer. » P210 Clytemnestre sacrifie sa réputation en avouant qu’elle aime Egisthe : « Oui, j’aime Egisthe. Depuis dix ans, j’aime Egisthe. Depuis dix ans je remets ce mariage par égard pour toi » p188 Mais elle sacrifiera surtout sa vie en avouant sa haine et son mépris pour son mari : « Oui, je le haïssais. / je l’ai haï/ Roi des rois, la seule excuse de ce surnom est qu’il justifie la haine de la haine » p211-212 C’est Oreste qui va tuer sa propre mère : « Mais on la saignait. Son fils la saignait. Il avait frappé au hasard sur le couple, en fermant les yeux » p221 Egisthe est prêt à sacrifier le pouvoir en le donnant à Oreste auquel il revient de droit
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