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Exposé communisme

Par   •  22 Novembre 2017  •  2 003 Mots (9 Pages)  •  594 Vues

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Dans la mouvance des idées de Keynes, un vaste corpus théorique va se construire, afin de montrer que la régulation marchande est souvent inopérante ou non souhaitable. Les interventions régulatrices et tutélaires de l’Etat vont être légitimées à la fois du point de vue keynésien (insuffisance de la demande effective, instabilité endogène des économies) mais aussi du point de vue néo-classique avec le développement d’une théorie de l’intervention publique. L’existence d’effets externes (conséquences de l’action économique non prises en compte par le marché), d’activités à rendements croissants (tendance au monopole naturel), de situations de concurrence imparfaite (oligopoles, ententes, concurrence monopolistique..), constituent autant de justifications de l’intervention économique de l’Etat.

L’idée qui s’impose est donc que le marché est myope (il ne prend pas en compte les phénomènes de long terme), qu’il peut conduire à des situations injustes ou inéquitables (nécessité de procédures de redistribution), qu’il n’assure pas nécessairement l’utilisation optimale des ressources productives. Compte tenu de ces « échecs du marché », l’Etat doit intervenir dans le pilotage des économies.

L’économie de marché, telle qu’elle existe dans les années 1950-1970 par exemple est une économie marquée par la régulation conjointe assurée par la flexibilité des prix et par les interventions conjoncturelles et structurelles de l’Etat. La tentation est alors grande de proclamer que l’on a trouvé la bonne combinaison des procédures de régulation, que l’on est en mesure

· d’une part d’assurer la croissance grâce au respect de l’initiative privée

· d’autre part d’assurer la stabilité et le plein emploi grâce aux interventions de l’Etat.

C’est donc le triomphe d’une version aménagée de l’économie de marché qui domine au début des années 1970 : on parle d’économie mixte, le Président des Etats-Unis, R. Nixon, proclame : « nous sommes tous keynésiens ». La crise dite du pétrole, le fort ralentissement de la croissance économique vont conduire à des révisions déchirantes. Pour les uns, il faut en revenir à une lecture plus hétérodoxe de Keynes et mettre en place des politiques structurelles beaucoup plus actives. Pour les autres, il faut en finir avec les orientations inspirées par « le magicien de Cambridge » et en revenir au libre jeu des mécanismes de marché. Au cours des années 1980 et 1990, le débat sur le fonctionnement des économies de marché reprend donc de plus belle. La remise en cause du consensus keynésien conduit à un retour en force des idées libérales. Pour les économistes de l’offre, c’est l’intervention excessive de l’Etat (poids de la réglementation, prélèvements obligatoires excessifs) qui a conduit à briser le dynamisme économique. Il faut donc remettre en cause l’intervention de l ‘Etat, privatiser, déréglementer, abandonner les politiques économiques discrétionnaires. De même, les politiques de soutien de la demande sont dans une large mesure abandonnées au profit de l’orthodoxie monétaire et budgétaire. La chute du mur de Berlin en 1989 semble confirmer que le recours aux mécanismes des économies de marché semble incontournable.

Cependant, dans le même temps, des observateurs s’inquiètent de l’instabilité des marchés financiers, ils soulignent l’importance de la mise en place de règles prudentielles, voire d’un contrôle accru des mouvements de capitaux (débat autour de l’instauration de la taxe Tobin). La mondialisation, qui est l’extension de l’économie de marché à l’ensemble de la planète suscite des inquiétudes en ce qui concerne l’environnement (climat, pollutions, biodiversité), la culture (tendance éventuelle à l’uniformisation), l’accroissement des inégalités et de l’exclusion (au plan international comme au sein de chaque pays). Sur tous ces domaines, l’exigence d’une intervention régulatrice des Etats, mais aussi la mise en place d’une « gouvernance » mondiale sont à l’ordre du jour.

Après la vogue libérale des années 1980, qui a vu un regain d’intérêt pour les œuvres de Hayek et de Rueff et une influence croissante de la théorie des anticipations rationnelles au détriment de la perspective keynésienne, on assiste dans les années 1990 à un retour du balancier en faveur d’une régulation consciente des économies de marché.

Conclusion Il semble relativement simple d’insister sur le fait qu’une économie de marché (ou plutôt de marchés, insiste M. Allais) est une économie où les décisions décentralisées des agents (producteurs et consommateurs) sont mises en cohérence par la confrontation d’offres et de demandes sur les différents marchés et la fixation d’un prix d’équilibre par une procédure de tâtonnement. Cependant, l’expérience historique, comme la réflexion théorique conduisent à nuancer l’idée de marché autorégulateur. Il faut d’abord insister, à la suite de B . Guerrien, sur le fait que le modèle walrasien est un modèle de fonctionnement centralisé (rôle essentiel du « commissaire-priseur »). Il faut souligner aussi que rien n’assure, même en situation de concurrence pure et parfaite, qu’une économie de marchés interdépendants conduit nécessairement à un équilibre stable. Beaucoup d’analyses insistent au contraire sur le fait que les interactions de marché peuvent éloigner durablement d’une situation d’équilibre (bulles spéculatives). A ces problèmes s’ajoute le fait que la portée heuristique du modèle d’équilibre général est elle même contestée, certains auteurs plaident pour une approche prenant mieux en compte les « imperfections des marchés ». Au total, une certaine convergence se produit sur l’idée qu’une économie de marché ne saurait fonctionner sans un ensemble de règles et d’institutions qui encadrent et orientent les relations marchandes.

On peut donc dire qu’une économie de marché est une économie qui combine à des degrés divers trois types de régulations : une régulation par la flexibilité des prix, une régulation par des dispositifs institutionnels (cas de l’entreprise dont le fonctionnement interne n’obéit pas à une logique de marché) et une régulation politique par la puissance publique (qui a en charge notamment la question de la cohésion sociale). Il ne faut donc pas opposer marchés, organisations et Etat, mais considérer que la combinaison (sous des formes variables) de ces procédures de régulation constitue la nature même des économies de marché « réellement

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