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En quoi Dom Juan est-il u personnage libertin? En quoi la pièce Dom Juan est-elle à la croisée des genres: à la fois tragique et comique et baroque?

Par   •  4 Octobre 2018  •  1 849 Mots (8 Pages)  •  664 Vues

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L’acte V se passe à la campagne non loin de la ville. C’est le deuxième jour, le soir sans doute. L’acte V est l’acte de l’hypocrisie et du merveilleux : il y a beaucoup de machineries[2] (la statue, le spectre, le gouffre de l’enfer). Ces machineries sont typiques du baroque. On retrouve l’esthétique baroque également parce que Dom Juan change beaucoup de rôles : la métamorphose. La scène 1 : Don Louis s’attendrit sur le repentir de son fils qui feint. Une scène qui rappelle fortement le Tartuffe. La scène 2 : Sganarelle a cru son maître mais il est rapidement détrompé. Dom Juan fait alors l’éloge de l’hypocrisie. La scène 3 voit la réapparition de Dom Carlos. Dom Juan fait le jésuite : il feint de ne pouvoir se battre. Il feint de regretter et déroge à l’obligation nobiliaire. Les scène 5 et 6 sont celles de la machinerie surnaturelle. En apparence, Dom Juan est puni parce qu’il a refusé les différents avertissements. Il a refusé plusieurs des commandements de Dieu, formulés dans l’Ancien Testament : le 1 er commandement est de croire en Dieu ; le 5ème est d’honorer ses parents ; le 6ème est de ne pas tuer. Le 7ème est de ne pas commettre l’adultère. En apparence, un châtiment divin abattu sur Dom Juan. En apparence seulement, parce que la fin est artificielle : « deux ex machina ».

Une pièce à la croisée du classicisme et du baroque

Deux tendances dominent successivement le XVIIème siècle. Le baroque (1570 -1650), marqué par l’exubérance et le rejet des contraintes, s’efface, sans disparaître complètement, devant le classicisme (1660-1685) et son souci de rationalité et d’équilibre. En architecture, les maître mots de l’esthétique baroque sont : hélices, spirales, courbes, désordre, fouillis, vertige : tout le contraire de l’esthétique classique caractérisée par l’équilibre (cf. le château de Versailles), l’ordre, la mesure, la rigueur. Au théâtre, le rocambolesque baroque, ses excès, la multiplicité des actions et la diversité des tons laissent place à la recherche de la clarté, la maîtrise des passions, la pureté du langage et du genre. Cette transition marque également la distinction et la hiérarchie des genres : la notion de genre s’affine. Tragédie et comédie font l’objet d’une réflexion théorique inspirée de l’Antiquité qui codifie leur opposition et marque la supériorité du genre tragique. La séparation entre rire et larmes permet de classer la tragédie comme le genre noble et la comédie comme un genre secondaire. La tragi-comédie exploite les caractères uniques des deux genres et relève ainsi du baroque.

Les règles du théâtre classique : - Les trois unités : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » (Boileau, Art poétique, 1674). - Vraisemblance et bienséance : ni personnages ni situations ne doivent choquer le bon sens du spectateur : on ne se bat pas, on ne mange pas, on ne meurt pas sur scène. Ce qui choque est interdit.

→ Le traitement de la règle des trois unités dans Dom Juan :

Acte I

Acte II

Acte III

Acte IV

Acte V

Lieu

Un palais

A la campagne sur une côte

Une forêt

Chez Dom Juan

Lieu vague

Temps

Le matin

En début d’après-midi

Le soir

La nuit

Le lendemain soir

Action principale

Dom Juan et Elvire

Dom Juan et les paysans

Dom Juan et ses pairs

Le dîner de Dom Juan

Dom Juan l’hypocrite

Dans sa pièce Dom Juan, Molière prend des libertés avec la règle des trois unités. L’unité de lieu n’est pas du tout respectée, car les lieux de l’action changent d’acte en acte, tantôt à l’intérieur (« un palais » ou « chez Dom Juan »), tantôt à l’extérieur (« une forêt » et « un lieu vague »). De la même manière, le temps de l’action dépasse le cadre strict de la journée et s’étend presque sur deux jours entiers. Enfin, si l’unité d’action tient au personnage de Dom Juan dont on suit le parcours tragique jusqu’à sa disparition, on peut aussi constater une certaine dispersion de ses actions : transgression amoureuse, sociale et morale dans les différents milieux qu’il traverse. Ce traitement particulier de la règle des trois unités participe finalement au mélange des genres recherchés par Molière dans sa pièce.

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