Compte-rendu critique sur l'Adversaire d'Emmanuel Carrère

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Baranes Jean José, « Penser le double », Revue française de psychanalyse 5/2002 (Vol. 66) , p. 1837-1843

Pour continuer, Jean-Claude a une personnalité très complexe. C’est comme si Romand relatait sa vie régulière à de la fiction: « Peut-être pourrait-il raconter cette étrange histoire comme si elle était arrivée à un autre : un personnage complexe et tourmenté, un cas psychologique, un héros de roman. »(p.119) Ici, Romand parle de cette étrange histoire,de sa propre vie, il est en quelque sorte conscient que sa vie n’est pas normale et très atypique. Le fait de vouloir le raconter comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre prouve aussi qu’il a un double. Il ne rattache pas cette vie à lui, elle en est détaché. Tout comme le concept du double: « La question de l’existence d’un double insaisissable, en tout point semblable à son modèle « vrai et vivant », se présente

chaque fois que la conscience se voit surprise à manquer au contrôle sévère qu’elle doit exercer en permanence sur la faculté d’attention. » ( ) En bref, c’est un moi invisible de Jean-Claude qui prend le dessus de sa conscience et qui le contrôle. Comme c’est le cas dans L’étrange cas du docteur Jekyll et de M.Hyde: « L’angoisse de l’homme sensible et cultivé, qui se sait possédé, sans espoir de retour, par son double bestial et maudit. » ( ) Cette histoire qui est l’exemple parfait du double, un homme gentil le jour, tout à fait normal, mais qui le soir comme d’horribles meurtres. Jean-Claude est lui-même quand il est avec sa famille et son double quand il se prend pour un médecin. Mais le problème avec Romand c’est qu’il n’est jamais vraiment lui-même ,ses sentiments sont vrais, ses liens familiaux, mais il ne se connaît pas lui-même. Le vrai Jean-Claude n’a jamais existé. Tout ce qu’il y a à l’intérieur de lui c’est un énorme vide: « Un mensonge, normalement, sert à recouvrir une vérité, quelque chose de honteux peut-être, mais pas de réel. Le sien ne recouvrait rien. Sous le faux docteur Romand il n’y avait pas de vrai Jean-Claude Romand. »(p.99-100) Il baigne tellement dans son mensonge qu’il a pris une grande ampleur de sa vie, Jean-Claude n’est plus. 360

Marie-Claude Lambotte, « Double », Encyclopædia Universalis [s. l.] [s. d.] [s. é.]

Marc PORÉE, « L’ÉTRANGE CAS DU DOCTEUR JEKYLL ET DE M. HYDE, livre de Robert Louis Stevenson », Encyclopædia Universalis [s. l.] [s. d.] [s. é.]

Pour finir, l’écriture subjective de Carrère retrace la vie intérieure d’un personnage tourmenté, dont la personnalité a de nombreux effets sur son entourage. En effet, c’est à travers son écriture qu’on comprend mieux son état, son ressenti et qu’on peut mieux comprendre la personnalité trouble de ce personnage horrible. Dans son livre, on apprend des perspectives plus rapprochées de Romand, dont son ressenti, son histoire. C’est très intéressant et ça se rapproche beaucoup de l’histoire à succès de Robert Louis Stevenson, L’étrange cas du docteur Jekyll et de M.Hyde.

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