Commentaire sur l'inconstance de Dom Juan - Molière
Par Ninoka • 18 Avril 2018 • 2 773 Mots (12 Pages) • 907 Vues
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Par conséquent Don Juan justifie ironiquement l’inconstance masculine et l’universalité de ses désirs comme un devoir naturel et une justice rendue à la beauté des femmes.
- Une conquête guerrière
Enfin la troisième partie de la tirade est fondée sur une métaphore filée qui assimile l'amour à la conquête militaire à travers le champ lexical de la guerre : « réduire » (l13), « combattre » (l15), « rendre les armes » (l16) , « forcer pied à pied » (l16), « résistances » (l16), "vaincre" (l16), "maître" (l18), "conquête", "triompher", "ambition", "conquérants", « victoire » .La phase de séduction est comparé à une campagne militaire et les femmes à des ennemies qu'il faut vaincre. Don Juan se positionne en véritable soldat. La femme est représentée comme un objet, comme un territoire qu’il veut posséder. D’ailleurs c’est ainsi qu’il la qualifie ligne 1.
De plus l’utilisation de phrase complexe montre que sa stratégie est complexe. Don Juan utilise une phrase complexe pour décrire le processus de séduction qu’il met en place : il y a beaucoup d’infinitifs et la structure est presque anaphorique en « à ». Cette complexité traduit l’ampleur de la tâche, qui est menée comme un véritable combat.
Enfin, l'emploi récurrent d'hyperboles : "Si j'en avais dix mille, je les donnerais tous" (l12), "j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants" (l22), "Il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs » (l23) "je me sens un cœur à aimer toute la terre" (l24) , "et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes, pour y étendre mes conquêtes amoureuses" (l25) montre l'exaltation croissante de Don Juan, le caractère excessif de son ambition, sa démesure. On se souvient qu'Alexandre de Macédoine est mort à l'âge de 33 ans, victime de son ambition démesurée.
Nous voyons donc que Don Juan a une vision propre de l’amour. Selon lui, le changement et la diversité est la clé du plaisir, et tout le plaisir réside dans la résistance des femmes. Ainsi l’amour est vu comme une guerre dans laquelle Don Juan cherche à assouvir un désir de puissance. Grâce à cette tirade, nous pouvons faire le portrait d’un libertin de mœurs et d’esprit.
- Le portrait d’un libertin
- Un esthète (=quelqu’un qui aime la beauté)
Don Juan se présente dans cette tirade comme un esthète. Pour évoquer cette importance de la beauté, il utilise un oxymore très expressif « douce violence » ( l.8) qui illustre sa faiblesse face au beau. La beauté est pour lui une force à laquelle il répond par son pouvoir de séduction. Don Juan y voue un véritable culte et y fait référence de nombreuses fois tout au long de sa tirade : (l3-5-6-8-11-20…)
De plus l’importance du regard souligne les joies de la contemplation : « d’yeux » (l2), « frapper les yeux » (l4), « conserve des yeux » (l9), « je vois » (l11), « voir » (l14).
Ainsi, le pouvoir qu’exerce sur lui la beauté montre une certaine fatalité « cède » (l7), « me ravit », « nous entraîne », « je ne puis refuser ». Il lui est impossible de résister. Don Juan est un personnage obsédé par la beauté et dominé par ses sens.
- Un orgueilleux
Nous pouvons également dire que Don Juan est un homme orgueilleux à partir du moment où il méprise tous ceux qui font le choix de la fidélité et de la tranquillité, en les qualifiant de « ridicules ». De plus son orgueil démesuré le pousse à se comparé à Alexandre Le Grand, un des plus grand conquérant de l’Histoire. Il pense que toutes les femmes sont amoureuses de lui et ne lui cède pas. Enfin, l’emploie de nombreuse hyperbole est à la mesure de sa mégalomanie. (Délire de grandeur, orgueil excessif) En réalité, il est juste un beau parleur.
- Un cruel
Pour Don Juan la séduction est un moyen d’assouvir un besoin de puissance et de domination.
La conquête amoureuse est un art dans lequel il excelle. Il révèle ses stratégies de séduction, que ce soit en flattant « cent hommage » ou alors en attisant la pitié en jouant la comédie « par des transports, par des larmes et des soupirs ».
De plus Don Juan est stimulé par les résistances que les jeunes femmes lui opposent. Il choisit les femmes jeunes, pures et naïves car son plus grand plaisir réside dans la corruption : « le cœur d’une jeune beauté », « l’innocente pudeur d’une âme ».
Son plus grand plaisir est de les voir céder petit à petit. Chaque corruption, aussi petit soit elle, est une victoire pour le libertin : « a voir de jour en jour les petits progrès », « à forcer pied à pied toutes les petits résistances ».
Il prend plaisir à voir la femme déshonorée, « à vaincre les scrupules dont elle se fait honneur ». La cruauté de de ses procédés est soulignée par l’oxymore « douceur extrême » (l13). Don Juan se jour de l’amour donc de la douceur pour exercer une violence cruelle sur ses victimes.
Enfin, nous pouvons nous apercevoir que la femme devient un jouet donc Don juan prend possession, sans respect pour la personne humaine. Seul compte son désir puisqu’il souhaite uniquement « la mener doucement ou nous avons envie de la faire venir » (l17).
Ainsi Don Juan illustre parfaitement la figure du libertin du XVII entre libertinage de mœurs et d’esprit. Cependant, pour persuader ses orateurs de ses pratiques jugés illégal, Don Juan use de nombreuses techniques pour manipuler l’esprit et de Sganarelle et du spectateur.
- Un orateur de talent
- L’élégance de la langue
Les armes de Don Juan, ce sont essentiellement les mots. C'est avec des mots qu'il réduit insensiblement les cœurs, qu'il combat l'innocente pudeur des âmes, c'est avec des mots qu'il mène doucement les belles où il a envie de les faire venir.
Le niveau de langue est soutenu. Don Juan a une très grande maîtrise de la parole. Il s'en sert pour séduire les femmes, pour éconduire les importuns (la scène avec Monsieur Dimanche), pour s'expliquer.
Alors que Sganarelle s’exprime très maladroitement, par exemple lors
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