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Commentaire littéraire du de l'extrait de Thérèse Raquin : « le meurtre de Camille »

Par   •  30 Novembre 2018  •  1 145 Mots (5 Pages)  •  2 639 Vues

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En face, « Thérèse, roide, immobile, la tête un peu renversée, attendait » (l.4). Cette énumération fait de Thérèse, déjà avant l'attaque, une personne faible, sans pouvoir, dont la passivité s'accentuera par la suite. En effet, pendant l'attaque de Laurent, elle ne peut rien faire d'autre que regarder, « se tenant les deux mains à un banc du canot » (l.15). Par la suite, les signes cliniques de son tempérament nerveux se manifestent, ne pouvant « fermer les yeux » car une « effrayante contraction les tenaient grands ouverts » (l.16). La passivité nerveuse de Thérèse est évoquée à travers le champ lexical de l'immobilité : « rigide » (l.17), « roide » (l.4), « immobile » (l.4). Nous avons affaire à un personnage entièrement soumis à ses nerfs et à ses sens, qui se révèle ici incapable d’agir, ni même de fermer les yeux et qui finit par fuir la réalité en pleurant (l.19)et s’évanouissant (l.28).

Si le meurtre est commis de manière parfaite, c'est parce que les deux meurtriers se trouvent face à une victime naïve. En effet, Camille n'a aucune idée de ce qui se prépare et lorsque Laurent le prend « à bras le corps » (l.8), il croit à une blague et « éclate de rire » (l.8). Mais, nous, lecteurs, comprenons très bien ce qui se prépare, et, à travers la naïveté de Camille, Zola crée un effet d'attente, renforçant la tension dramatique de la scène.

[…]

(conclusion)

Pour conclure, l’écrivain met en évidence la violence de cette scène de façon très brutale, en installant une atmosphère inquiétante et paradoxale dans la description du décor. Il nous présente également des personnages aux tempéraments très différents, Laurent, dont le tempérament sanguin le conduit à n'être qu'une force physique, presque animale, exécutrice, Thérèse dont le tempérament nerveux la rend incapable de faire le moindre mouvement, et Camille, victime naïve subissant les conséquences de l'union de ces deux tempéraments. Enfin, la violence de la scène trouve son apogée à travers la lutte et la mort de Camille. En effet Zola n'a pas seulement su mettre en place une scène pathétique qui émeut et révolte, il a également bien montré la volonté de survivre de la victime, mais qui, trop faible face à son meurtrier, trouve la mort de façon brutale.

L’art de Zola est ici dans la mise en scène à la fois réaliste et terrifiante de ce meurtre, bref épisode inséré dans l’évocation d’une paisible journée de canotage. Les choses semblent revenir à la normale à la fin du texte étudié, mais déjà Laurent doit dissimuler la morsure de Camille, tandis que Thérèse s’évanouit, victime de ses nerfs ; ces premiers « désordres organiques » préludent à la folie qui s’emparera des deux protagonistes dans la suite du roman.

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