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Commentaire de l'extrait de Tristes Tropiques

Par   •  6 Décembre 2018  •  2 275 Mots (10 Pages)  •  683 Vues

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inductive. Ajoutons également la didactique comme montrent certaines explications (« c’est-àdire

»), la thèse centrale étant que l’écriture est une réalité politique dès son apparition.

b) Ecriture et politique

Que l’écriture soit politique dès sont origine, nous le voyons dans l’expression « la formation des cités et des

empires ». Il convient cependant d’expliquer le sens de ces termes : « cité » correspond ici à l’institution de

l’Etat, au sens où le mot politique vient du grec « polis » : la cité. Mais Lévi-Strauss ne pense pas uniquement

en la Grèce antique : les cités-état du Proche-Orient (Mésopotamie) sont également visées. Quant au mot

« empire », il se rapporte au système politique capable d’intégrer plusieurs cités et même plusieurs ethnies

différentes. On remarque le rythme binaire ici employé et qui tend par la suite à devenir récurrent :

intégration et hiérarchisation, « Egypte » et « Chine », « castes » et « classes ». Le rythme binaire suggère

que l’écriture est liée à un système politique nouveau justement fondé sur la division : division en « classes »

c’est-à-dire en gouvernants et gouvernés. A l’inverse, l’ « homme sauvage » ne connaît pas cette division du

pouvoir comme Lévi-Strauss note lui-même à propos des Nambikwara. La division entraîne nécessairement

la domination d’une classe sur l’autre : de là vient la thématique d’ « exploitation » très souvent développée

dans le texte. Remarquons par ailleurs que l’argument théorique de Lévi-Strauss est confirmé par

l’archéologie : dans de nombreux cas, les premières traces d’écriture qui ont été retrouvée (par exemple en

Mésopotamie) s’apparentent aux registres administratifs et économiques qui attestent forcément du

dénombrement et du comptage (par exemple du bétail). Ainsi, Lévi-Strauss est fondé à « intégration dans un

système politique d’un nombre considérable d’individus » ou de la possibilité de « rassembler des milliers de

travailleurs ». Cette notion de nombre, et même de très grand nombre, parcourt tout le texte puisqu’on la

retrouve à la fin du texte « plusieurs centaines de milliers de sujets», « réunissait des millions ». L’écriture

semble bien avoir été une technique à disposition du pouvoir politique en ceci qu’elle permettait le

comptage non seulement du b »tail, mais finalement aussi des sujets humains. Au demeurant on peut

signaler, concernant l’empire des Incas, que celui-ci à défaut de l’écriture au sens strict possédait un système

complexe de comptage (quipu) qui remplissait très bien la même fonction.

II. Le point de vue de l’anthropologue

a) Une pensée en quête d’universel

Comme anthropologue, Lévi-Strauss s’intéresse à l’humanité en général : « l’humanité a accompli des pas de

géants ». Les présents de volonté générale marquent une telle démarche : « il existe », « il paraît favoriser »,

de même que l’emploi de vocabulaire abstrait tel que les noms au singulier précédés de l’article défini

(« l’apparition », « l’écriture »). Cette recherche universelle suppose la référence à des types de société très

différents et répartis sur toute la surface du globe. L’auteur mentionne ainsi l’ « Occident », « l’Egypte » , « la

Chine », les indigènes. Tous les continents sont présents et l’auteur semble multiplier les bonds de l’un à

l’autre, comme s’il était lui-même capable de « pas de géants » qu’il attribue au néolithique. En outre

l’universalité implique que des phénomènes humains puissent apparaître en lieux éloignés, cette distance

permet d’exclure l’hypothèse de quelconque influence d’une société sur l’autre. Dans « depuis l’Egypte

jusqu’à la Chine », il est évident qu’il n’existe aucun rapport entre les hiéroglyphes égyptiens et les

idéogrammes chinois : l’écriture a donc dû être inventée de façon indépendante des différentes aires

culturelles. De même qu’il y a eu polygenèse du langage, on peut parler de polygenèse de l’écriture. D’autre

part, l’universalité se situe aussi sur le plan temporel et historique : là aussi Lévi-Strauss procède par

« bonds » : « du XIXe et du XXe siècle », Moyen-Age, Antiquité, « Egypte », « XIIe siècle », « XVIe siècle » etc.

L’anthropologue inclut même le néolithique dans cette histoire universelle des Hommes. Enfin, l’idée même

de rechercher un principe explicatif unique (ici « l’exploitation des hommes ») est un autre trait de cette

démarche où même les exceptions sont ramenée à la règle générale.

b) Une pensée paradoxale et relativiste

Cependant, Lévi-Strauss est anthropologue et ethnologue (les deux disciplines étant toujours liées) :

autrement dit, il est préoccupé de l’aspect universel en tant qu’anthropologue, mais il s’intéresse au

particulier en tant qu’ethnologue. La quête d’explication universelle ne doit pas faire oublier qu’un certain

relativisme s’exprime dans le texte. En effet, si Tristes Tropiques

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