Commentaire composé le Misanthrope de Molière , acte 2 scène 4 construction d'un axe
Par Plum05 • 3 Décembre 2018 • 7 848 Mots (32 Pages) • 1 258 Vues
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? » (v.631-632). L’honnête homme paraît perdre son flegme et offrir à Célimène une nouvelle victime en patûre. « Il est de mes amis » (v.632), lui rétorque-t- elle sèchement. C’est, bien sûr, une malice de sa part : bientôt la médisance de Célimène reprend le dessus et elle entreprend un nouveau portrait charge à l’encontre de Damis. Mais ce tour montre qu’en vraie séductrice, la coquette sait jouer avec l’attente de son public et ménager des effets de surprise. Argument n°3 / Eblouir par les figures Indice : de nombreuses figures de style (hyperboles, antithèses, comparaisons, métaphores, personnifications) enrichissent le discours de Célimène ; relevez-en en commentant leur effet. Enfin, Célimène recourt à de nombreuses figures de style : ces procédés de langage, considérés comme des ornements du discours à l’époque classique, visent à éblouir l’auditoire et susciter son admiration pour l’oratrice. Pour faire partager à son auditoire l’ennui et le déplaisir que lui causent ses cibles, elle n’hésite pas à utiliser une figure d’amplification, l’hyperbole : par la prétendue sécheresse de sa conversation, Bélise la fait par exemple « souffr(ir) le martyre » (v.605), et « bâill(er) vingt fois » (v.615). Au vers suivant, la prude est comparée à une « pièce de bois », en raison de son inertie : « elle grouille aussi peu qu’un morceau de bois » (vers qui m’échappe). Célimène sait aussi utiliser les figures de construction : elle exploite par exemple l’effet de l’antithèse pour faire comprendre le contraste entre la réalité, anodine et décevante, et la
Page 3 of 5mégalomanie de Timante (=folie des grandeurs, tendances à exagérer les choses que l’on fait/a) : « De la moindre vétille, il fait une merveille »(v.593), dit-elle, en opposant « vétille » à « merveille » d’un hémistiche à l’autre de l’alexandrin. Dans le même portrait elle se sert toujours de la construction binaire de l’alexandrin, et de la réduplication du terme « secret », pour exprimer la déception que Timante, avec ses façons mystérieuses, engendre inévitablement : « Sans cesse il a (…)/Un secret à vous dire /Et ce secret n’est rien » (v.591-592). Enfin, Célimène maîtrise l’art des analogies. On le voit tout particulièrement dans le portrait de Damis, ce méprisant qui « se met au-dessus de tous les autres gens » (v.644). Cet aspect condescendant du personnage inspire à Célimène une métaphore brillante : la coquette compare implicitement l’esprit de Damis à une montagne, ou à un trône, et le figure « les deux bras croisés, du haut de son esprit / (…) regard(ant) en pitié tout ce que chacun dit. » (v.647-648). Grâce à cette image concrète, le sentiment de supériorité de Damis accède à une dimension frappante, saisissante : l’auditeur voit littéralement le méprisant prendre « de haut » les autres. D’ailleurs les réactions d’Acaste et de Clitandre sont éloquentes : « Pour bien peindre les gens, vous êtes admirable » (v.650) déclare sans attendre Clitandre à l’oratrice. Le succès social de Célimène est confirmé : l’auditoire, enthousiaste, adhère à la satire. Bilan de l’Axe III / transition vers la conclusion : Cette scène marque à la fois une déchéance et un triomphe, du point de vue du spectateur : si le personnage de Célimène se dégrade dans l’estime du public, sa chute révèle en effet le pouvoir incontestable du langage. On peut observer à loisir l’impact des mots sur les personnages présents en scène : tour à tour saisis, charmés, éblouis par les traits satiriques de la coquette, qui sait à la fois instruire (docere), émouvoir (movere), et plaire (placere).
Page 4 of 5PRÉSENTATION ATTENDUE POUR UNE INTRO DE COMMENTAIRE COMPOSÉ A l’époque classique, l’honnête homme est essentiellement un homme de Cour, sachant vivre en société et contribuer au plaisir de ses semblables. A l’exact opposé de cet idéal, le misanthrope représente un sujet de fascination et de réfléxion : on associe alors la misanthropie au mal de la mélancolie – c’est-à- dire à un dérèglement de l’une des quatre humeurs, la bile noire. Mais le misanthrope est-il vraiment un malade, ou fait-il preuve d’une lucidité géniale sur ses contemporains ? Molière, grand auteur de théâtre français du XVIIe siècle, s’est évidemment emparé de ce débat dans l’une des ses « grandes comédies », en cinq actes et en vers, Le Misanthrope. Dans cette pièce, qui porte le sous-titre d’atrabilaire amoureux, le dramaturge a l’idée piquante d’associer au type du misanthrope le type de la coquette : son Alceste, en effet, s’est curieusement épris de Célimène, une femme qui raffole de la cour et des plaisirs mondains. A priori une telle situation peut prêter à sourire : pourtant Le Misanthrope est une comédie complexe, dans laquelle le personnage d’Alceste prête moins à rire qu’à réfléchir. Il en va ainsi de la scène 4 de l’Acte II, dans laquelle, pour plaire à son auditoire, Célimène se livre à un jeu très cruel : brosser le portrait satirique de certains courtisans. Comment, par l’intermédiaire de la coquette, Molière dénonce-t- il, derrière leur si brillante maîtrise du langage, la vanité et la cruauté ravageuse des courtisans ? Nous montrerons que cette scène, qui prend l’allure d’une véritable galerie de portraits mondains, révèle un irrépressible plaisir de médire chez la coquette, et consacre le pouvoir du langage – jusque dans ses effets les plus pervers. PRÉSENTATION ATTENDUE POUR UN IIIeme AXE DE COMMENTAIRE COMPOSÉ Note de présentation : le développement d’un commentaire composé se fait sans plan apparent – c’est-à- dire que vous ne devez pas faire apparaître le titre des axes, ni celui des sous-parties. A la place de ces titres, vous devez systématiquement commencer chacun de vos axes et sous- parties par une phrase d’annonce, qui en expose clairement le sujet (je l’ai rédigée dans le commentaire suivant en gris clair) Cette scène, qui révèle au spectateur toute la médisance de Célimène et sa noirceur profonde, consacre ultimement le pouvoir du langage – jusque dans ses effets les plus pervers : oratrice très habile, la coquette maîtrise parfaitement l’art de donner à voir à ses interlocuteurs – elle sait aussi manier l’humour pour séduire l’auditoire, et les figures de style, pour l’éblouir. Dans ce long numéro qu’elle donne, tout au long de la scène 4 de l’Acte II, Célimène, pour capter et maintenir l’attention de son public, emploie un certains nombres de procédés qui rendent ses portraits particulièrement vivants, saisissants. Elle utilise un système d’énonciation particulier, avec des verbes conjugués au présent, comme si la scène qu’elle
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