Ce qui est là, Incendies (Wajdi Mouawad)

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blancs » (l. 13-14). De plus, on retrouve le champ lexical de l’amour et du romantisme ; « il l’embrasse » (l. 26), « je t’avais trouvé, toi » (l. 23), « pour que la lune et les étoiles l’entendent » (l. 16). Ce sont donc deux adolescents éperdument amoureux l’un de l’autre. C’est une scène romantique, lyrique.

Cette scène est une scène clef dans l’intrigue, c’est une scène d’annonce. En effet, en révélant sa grossesse à Wahab, Nawal fait basculer leur situation. Cette scène va aussi modifier le rapport entre les personnages : deux jeunes adolescents vont devenir parents. C’est une situation compliquée, interdite avec des sentiments contradictoires, d’ailleurs Nawal en est consciente « c’est comme un gouffre et c’est comme la liberté aux oiseaux sauvages » (l. 30-31). C’est un drame dans une société traditionnelle. Nawal souffre de la situation « une brûlure » (l. 34) et est terrifiée « un gouffre » (l. 30).

Mais cette scène est aussi prémonitoire. Les antithèses donnent une indication sur la suite de l’histoire « le bonheur qui sera notre malheur » (l. 4) . Le bébé de Nawal lui procurera une grande joie, celle de porter l’enfant de Wahab et d’être mère. Et un immense malheur, celui d’abandonner son enfant, de perdre Wahab et plus tard, lors de son passage en prison, Nawal subira tortures et viols dont l’auteur n’est autre que ce fils abandonné malgré elle des années auparavant.

Cette scène est donc primordiale dans l’histoire à l’origine des nombreux évènements tragiques qui s’en suivront. Cette scène est l’élément déclencheur d’une tragédie. Plus généralement cette pièce rappelle le mythe d’Oedipe qui tua son père et épousa sa mère. On peut se demander si les pièces contemporaines ne seraient pas une relecture actualisée du théâtre classique ?