Testament de Nawal, Incendies, Wajdi Mouawad
Par Raze • 26 Juin 2018 • 2 162 Mots (9 Pages) • 2 240 Vues
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- Ce symbole est un indice qui peut laisser entendre que le silence de Nawal est dû à un traumatisme sexuel
- récurrente dans l’oeuvre (cf p 38 et 130) :
WAHAD: « Nawal ce soir, l’enfance est un couteau que l’on vient de me planter dans la gorge » NAWAL : « et l’enfance sera un couteau que je me planterai dans la gorge », « l’enfance est un couteau planté dans la gorge, et tu as su le retirer ». (130)
- métaphore tragique : mort violente et chargée de symboles
L’enfance est un couteau (= secret de famille, liés à l’enfance) ainsi le fait de lever le voile sur le secret (= on retire le couteau) on peut en mourir
Le couteau : en même temps il ouvre la blessure et en même temps ce qui la contenait.
- rapprochement avec Oedipe :
Quand il a appris l’inceste qu’il s’était marié avec sa mère, et qu’il avait tué son père → il s’est crevé les deux yeux
Nawal, quand elle a appris l’inceste : elle s’est tue. Ce qui est une façon symbolique de dire que cette enfance là est coincée. Et évidemment, si on se plante un couteau dans la gorge, la parole ne peut plu sortir.
•Rythme incantatoire : comme une prière, facilement mémorable, orale
Nous permet d’aller vers quelque chose de spirituelle
- Des effets incantatoires dans les énumérations : « enterrez-moi toute nue, enterrez-moi sans cercueil, sans habit, sans écorce, sans prière »
•Pas de rituel religieux : toute fois Nawal exprime le désir de faire le lien, de se réintégrer dans le grand Tout : « Déposez-moi au fond d’un trou, face première contre le monde »v27/28
« FAIRE LE LIEN » EST LA TRADUCTION FRANCAISE DU LATIN « RELIGERE » QUI EST A L’ORIGINE DU MOT « RELIGION ». Ce retour au grand tout nous renvoie à la notion de COSMOGONIE qui est la « science » qui étudie la formation des planètes. (Cf L’origine du monde)
II. SCENE D’EXPOSITION QUI ANNONCE L’INTRIGUE A VENIR/ TESTAMENT PROGRAMMATIF
- Une scène d’exposition qui annonce l’intrigue à venir
•ce testament correspond au lancement d’une quête initiatique puisqu’il s’agit de retrouver un père et un frère jusqu’alors inconnus. Chacun des deux enfants a une mission particulière : Jeanne son père et Simon son frère.
•ouvre sur un secret de famille avec un certain nombre de formulations qui sont mystérieuses et qui suscite la curiosité du lecteur/spectateur : avec les 2 personnages manquants et avec les formules « une promesse ne fut pas tenue » ou bien « le silence fut gardé ».
•ce testament programmatif ouvre la quête mais en même temps clôture la quête :
elle anticipe la fin de la mission et programme le succès de la mission à la fin : « lorsque ces enveloppes auront été remises à leurs destinataires une lettre vous sera donnée, le silence sera brisé … au soleil »
- Emploi du futur antérieur et du futur de l’indicatif = certitude. Par opposition incertitude = conditionnel
- Nawal dit de ne pas graver son nom sur la pierre, elle confie une mission aux deux enfants, et en même temps elle imagine que la mission est remplie et clôture la pièce par une sorte de prolepse
- Contradiction de ce qu’elle a écrit au début de son testament : « aucune pierre ne sera posée sur ma tombe » puis « et une pierre pourra alors être posée sur ma tombe ».
- choix du modal « pouvoir » laisse un champ de liberté à S et J (là elle est moins autoritaire que dans le reste du testament où elle est directive et ordonne avec des impératifs).
- comme si elle les libérait par sa mort, elle les libère de ce couteau planté dans la gorge.
- Elle leur donne les clefs et la possibilité de retrouver leur identité, mais ensuite elle leur laisse la liberté ou non de lui pardonner (silence et secret)
- Les thèmes essentiels apparaissent : sur la gémellité, le voyage initiatique, le secret de famille, la quête d’identité ainsi que d’autres motifs essentiels de la pièce.
- apparaissent les motifs/thèmes récurrents de la pièce
•le thème du silence et la parole :
- il y a toute une variation autour du silence : « pas d’épitaphe pour ceux qui gardent le silence, et le silence fut gardé » - « le silence sera brisé » puis la didascalie « long silence »
- la parole a 2 modalités : la parole orale et la parole écrite (qui surgit après la mort, paradoxalement, avec ses lettres et qui s’oppose à la parole orale du vivant de Nawal, celle qu’elle n’a jamais voulu prendre)
- Ce qui permet de relier les 2 : c’est le stylo noir, celui-ci est confié à Hermine Lebel qui a un rôle clef, de médiateur. Cette quête initiatique n’aura jamais été lancée sans sa médiation. C’est le passeur entre les morts et les vivants. Jusqu’au bout il va accompagner Simon. Figure importante.
•objets qui ont des valeurs symboliques très fortes :
- stylo plume noir : objet symbolique : permet de briser le silence (parole orale-parole écrite) + HL est passeur entre Nawal (=morts) et vivants
- veste en toile avec l’inscription 72 : celle que portait N quand elle était en prison et lorsqu’elle était dans la cellule numéro 72 → indice sur le numéro cellule, de l’origine du secret, la où elle s’est fait violé et qu’ils sont nés
- cahier rouge : parole écrite qui renvoie au chapitre 29 : témoignage de Nawal devant les juges et Aboutarek au moment où elle lui dit comment elle l’a reconnu (notamment avec le nez de clown).
- ces objets sont les clefs de la quête, les possibilités de retrouver leur identité
CONCLUSION :
Cette scène d’exposition a une grande efficacité dramaturgique : elle pose une énigme et une quête, celle de Simon et Jeanne, qui est en réalité une quête identitaire.
Le ton est posé (solennel, lyrique, grave) chaque
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