Anywhere out of the world - Baudelaire
Par Matt • 22 Avril 2018 • 1 498 Mots (6 Pages) • 1 691 Vues
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3] Trois dernières lignes du poème
Dans cette dernière partie, on a une idée d’achèvement de cette quête de l’idéal renforcée par le “enfin“. Le poème se termine sur l’explosion de l’âme du poète, qui fait écho avec le terme « feu d’artifice », quelques lignes plus haut. Le dialogue, qui était inexistant auparavant, devient fusionnel. Le bonheur n’est pas terrestre, l’âme est satisfaite par un seul et unique voyage, qui est celui de la mort.
Quelques thèmes ressortissants de ce texte :
1] Le mal de vivre
On a un champ lexical médical avec les termes hôpital, malade, possédé, lit , souffrir , guérirait et de la mort avec les termes froid, engourdissement, mal, monotonie, néant, Enfer, hors de ce monde. L’homme est atteint d’une maladie : il cherche l’inexistant et de ce fait, est un éternel insatisfait, comme le souligne l’adverbe “toujours“ dans Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas. Où qu’il soit, quoi qu’il fasse, l’homme désire toujours autre chose.
2] Opposition ville / nature
Les destinations proposées reflètent la double attirance de Baudelaire pour les pays du Sud et du Nord. Il explique son attirance pour Lisbonne, qu’il imagine bâtie en marbre, par haine du végétal. Baudelaire, apparemment, approuve cette folie imaginaire, puisqu’il déclare à son âme : Voilà un paysage selon ton goût ; un paysage fait avec la lumière et le minéral... Les assonances en “a“,“i“ et les allitérations en “l“ ,“r“ donnent à cette phrase une certaine harmonie sonore. Elle accentue le rêve de Baudelaire sur cette ville qui semble magique et irréelle. Ainsi les villes citées ont un caractère un peu effrayant :
Lisbonne avec son absence de végétal
Rotterdam avec son absence de mouvement
Tornéo avec son absence de lumière
Chacune d’entre elles semble dénoncer une modernité en dérive. L’âme ne s’y reconnaît pas et donc ne se manifeste pas. La nature réapparait indirectement lorsque le poète évoque “les forêts de mâts“, métaphore qui unit deux éléments distincts : l’eau et la terre → renforce cette opposition ville nature, car les mâts sont en réalité des arbres abattus.
3] L’échec du poète
→ Dualité de sa personnalité
En d’autres termes, il est question ici de la notion de spleen et idéal : Baudelaire semble divisé entre deux aspirations complètement différentes, opposées : l’une le pousse vers la vie, l’autre le précipite vers le Nord, la mort, la solitude (et qui, de toute évidence l’emporte).
→ Une défaite inexorable
Caractérisée par la question finale, qui met en relief l’irrémédiable mal dont souffre l’âme du poète. Bien que la prose poétique de Baudelaire évoque de hauts lieux de culture (Lisbonne, Rotterdam “musées“) et de nature (grand nord), elle n’a aucun effet sur son âme. L’espérance de guérison est nulle, son art n’est pas salvateur. Ainsi, le poète fait l’expérience de l’impuissance poétique et ne plait que dans la mort.
Dans ce poème, on passe progressivement de l’espoir de la guérison à l’aspiration à la mort ; du silence de l’âme à son cri final. Baudelaire se livre à une analyse très lucide du mal qui concerne, selon lui, tous les hommes : l’illusion de fuir ses souffrances dans le but de les guérir. Tout ce dialogue démontre qu’un tel espoir est profondément absurde et que finalement, seule la mort peut les délivrer.
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