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Anthologie de poème: de la mélancolie au mal de vivre.

Par   •  9 Avril 2018  •  1 691 Mots (7 Pages)  •  778 Vues

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Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Baudelaire dit de la femme être un être malsain.

Le vampire

Toi qui, comme un coup de couteau,Dans mon coeur plaintif es entrée ;Toi qui, forte comme un troupeauDe démons, vins, folle et parée,

De mon esprit humiliéFaire ton lit et ton domaine ;- Infâme à qui je suis liéComme le forçat à la chaîne,

Comme au jeu le joueur têtu,Comme à la bouteille l'ivrogne,Comme aux vermines la charogne,- Maudite, maudite sois-tu !

J'ai prié le glaive rapideDe conquérir ma liberté,Et j'ai dit au poison perfideDe secourir ma lâcheté.

Hélas ! le poison et le glaiveM'ont pris en dédain et m'ont dit :" Tu n'es pas digne qu'on t'enlèveA ton esclavage maudit,

Imbécile ! - de son empireSi nos efforts te délivraient,Tes baisers ressusciteraientLe cadavre de ton vampire ! "

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Dans ce poème, Baudelaire nous montre une scène magnifique où la lune, une femme rêveuse mais triste et un poète amoureuse de celle-ci, va recueillir les larmes ses larmes et les gardera, jalousement, dans son cœur, à l'abri d'autres regards.

Tristesse de la lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,Qui d'une main distraite et légère caresseAvant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,Et promène ses yeux sur les visions blanchesQui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,Elle laisse filer une larme furtive,Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Dans ce premier des quatre Spleen, Baudelaire exprime son état de malaise.

Spleen

Pluviôse, irrité contre la ville entière,De son urne à grands flots verse un froid ténébreuxAux pâles habitants du voisin cimetièreEt la mortalité sur les faubourgs brumeux.

Mon chat sur le carreau cherchant une litièreAgite sans repos son corps maigre et galeux ;L'âme d'un vieux poète erre dans la gouttièreAvec la triste voix d'un fantôme frileux.

Le bourdon se lamente, et la bûche enfuméeAccompagne en fausset la pendule enrhumée,Cependant qu'en un jeu plein de sales parfums,

Héritage fatal d'une vieille hydropique,Le beau valet de coeur et la dame de piqueCausent sinistrement de leurs amours défunts.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Ce poème est écrit à la 1ère personne, il illustre les différentes formes de mal de vivre et fait un bilan de son existence.

Spleen

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,De vers, de billets doux, de procès, de romances,Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,Cache moins de secrets que mon triste cerveau.C'est une pyramide, un immense caveau,Qui contient plus de morts que la fosse commune.- Je suis un cimetière abhorré de la lune,Où comme des remords se traînent de longs versQui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,Où gît tout un fouillis de modes surannées,Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,Quand sous les lourds flocons des neigeuses annéesL'ennui, fruit de la morne incuriosité,Prend les proportions de l'immortalité.- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ;Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,Oublié sur la carte, et dont l'humeur faroucheNe chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

Dans ce poème, le poète se définit à l'aide d'une vaste comparaison, en dehors de toutes allusions à sa vie.

Spleen

Je suis comme le roi d'un pays pluvieux,Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux,Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes,S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes.Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon,Ni son peuple mourant en face du balcon.Du bouffon favori la grotesque balladeNe distrait plus le front de ce cruel malade ;Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau,Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau,Ne savent plus trouver d'impudique toilettePour tirer un souris de ce jeune squelette.Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais puDe son être extirper l'élément corrompu,Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,Il n'a su réchauffer ce cadavre hébétéOù coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

C'est le dernier des quatre Spleen et sûrement le plus terrible, le plus angoissant, le plus dément et le plus délirant.

Spleen

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercleSur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,Et que de l'horizon embrassant tout le cercleIl nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,Où l'Espérance, comme une chauve-souris,S'en va battant les murs de son aile timideEt se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie

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