Résister par les arts et la littérature.
Par Matt • 4 Juin 2018 • 1 403 Mots (6 Pages) • 470 Vues
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à Buchenwald ainsi qu’une ode à la liberté. La plupart de celles-ci ont pu être sauvées. Elles ont aujourd’hui un symbole de la lutte contre le nazisme. A l’occasion du 70e anniversaire de la libération, une exposition au Mémorial de Buchenwald présente les plus importants de ces exemples de la créativité et de l’affirmation de soi. Ils proviennent de la collection qui est exposée au Musée nationale de la Résistance à Champigny-sur-Marne.
"Mes gravures montrent tout le camp" déclarait Pierre Provost. Celle-ci est intitulé CRÉMATOIRES HITLÉRIENS. Cette œuvre a été réalisée par Pierre Provost à Buchenwald entre 1944 et 1945 "à la mémoire des déportés de tous pays tués dans les crématoires hitlériens". Elle est constituée d’une cuillère gravée puis fixée sur un socle de bois. Elle est conservée, comme beaucoup d’autres œuvres de cette époque, au Musée de la Résistance nationale à Champigny.
La production littéraire dans les camps de concentration est essentiellement constituée de poèmes écrits dans les prisons, les ghettos ainsi que les camps nazis. Les détenus maniaient souvent cette forme d’expression pour la première fois. Celle-ci est le reflet des atrocités commises dans ces espaces de détention mais contient aussi des messages d’amour, d’espoir ainsi que de solidarité et de camaraderie. Sa valeur est donc supérieure à celle d’un témoignage car elle combat la destruction et la négation de l’Homme en prouvant que la pensée créatrice survit au cœur de ce système.
Ainsi, né en 1913, Roger Payen entame très jeune une carrière de décorateur et de créateur de meubles de style à Paris. Il fréquente des milieux artistiques et intellectuel et entre aux Jeunesses communistes en 1930. Il milite ainsi dans les mouvements de jeunesse et participe à la politique culturelle du Front populaire. Il devient clandestin en septembre 1939 puis responsable de la Résistance communiste de la région Paris-sud. Il est particulièrement actif dans le domaine de la propagande et des impressions clandestines. Le couple Payen est arrêté en mars 1943 puis torturé par les Brigades spéciales de la Préfecture de Police de Paris avant d’être interné : Suzanne à la prison de La Roquette et Roger à celle de La Santé. Durant ses 18 mois de détention, Roger Payen, en tant qu’artiste, a recopié les poèmes de la résistance L’Honneur des Poètes qui a pu circuler en prison et fédérer les détenus résistants. Il parvient à obtenir du directeur de la prison leur libération en août 1944. Membre de la commission d’épuration de la Magistrature après la guerre, il reprend son métier de décorateur en 1950 et intègre le Comité directeur de l’Union des Arts plastiques dans les années 1960.
La création musicale dans les camps n’était pas très développée. La musique d’initiative non officielle était en effet considérée comme illégale. Le chant demeurait donc la forme musicale la plus simple. Mais c’était seulement l’un des moyens psychologiques de résister à l’agression ambiante, et non un plaisir effréné. De ce fait, Germaine Tillion, résistante française, monta clandestinement au camp de Ravensbrück, au cours de l’hiver 1944-1945, un spectacle : le Verfügbar aux Enfers. Cette opérette-revue se moquait des règlements sinistres et incohérents qui étaient imposés et permettait aux prisonnières de rêver d’une vie plus heureuse.
Ce recueil de chants a été écrit dans la prison de La Roquette en 1943. Il est conservé au Musée de la Résistance nationale à Champigny. Il a été réalisé à l’occasion du radio-crochet organisé par les détenues le 11 mars 1943. Celles-ci s’inspirent des émissions de radio à la mode dans les années 1930, lors desquelles plusieurs candidats chanteurs s’affrontent. Les émissions ont lieu en public et les candidats qui recueillent le moins d’applaudissements sont éliminés, « pendus au crochet", d’où le nom de ces émissions.
En conclusion, nous pouvons distinguer de nombreuses formes de résistances variées ayant toutes un but précis de soutien moral ainsi que de protestation. L’art étaient de ce fait de la plus haute importance dans les prisons et les camps lors de la deuxième guerre mondiale. Chaque forme d’art (dessins, sculptures, poésie ainsi que chant) était traitée de façon très personnelle par chacun des artistes : il n’y avait ni contraintes ni concours, les artistes pouvaient être confirmés ou seulement débutants.
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