Les espaces frontaliers en France

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la Guyane vers le Brésil. Il s’agirait d’une avancée vers l’intégration régionale. Au contraire, la frontière la plus dynamique se situe entre le nord-est de la France et la Suisse. Les échanges entre ces deux zones sont réguliers et les travailleurs frontaliers suisses sont nombreux car le marché du travail en Suisse est ouvert à tout travailleur. De plus la libre circulation des personnes contribue à faciliter ces échanges. En outre plus de la moitié des travailleurs frontaliers en Suisse habitent en France. Grand nombre des autres travailleurs frontaliers français se rendent aussi en Allemagne, au Luxembourg et en Belgique. Cela pousse alors les populations à s’établir dans les espaces frontaliers, qui deviennent plus peuplés, relançant ainsi l’économie.

Les espaces frontaliers sont bien d’éventuels moteurs d’une économie de marché. Nous pouvons prendre comme exemple les investissements industriels qui génèrent des flux à partir d’espaces frontaliers tels que la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les espaces frontaliers seraient alors des moyens de conquérir les marchés voisins. Les hard discounters allemands Lidl ou Aldi s’établissent en Moselle au vu de la proximité et de la facilité d’accès au marché allemand. Ils sont également motivés par le coût de la main d’œuvre qui est moins élevé et par son savoir-faire.

Ces inégalités entre les dynamiques, l’attractivité des espaces frontaliers ainsi que leur délimitation variable et changeante au cours du temps peuvent générer ruptures et tensions.

Les interactions entre les pays voisins sont favorisées et cela peut parfois amener à une différence de part et d’autre de la frontière plus marquée. Les établissements d’industries sont susceptibles de mener à une concurrence grandie entre les deux espaces frontaliers. Les différences fiscales sont aussi un facteur qui augmente les délocalisations du côté de la frontière qui sera un pour chaque entreprise un établissement plus avantageux. De plus il n’existe aucune réelle institution légitime d’arbitrer les conflits et cela peut déboucher sur des tensions durables qui s’inscrivent dans le procédé inverse d’échange et d’intégration. En Suisse les 246 000 travailleurs frontaliers occupent un tiers des emplois sur le territoire et sont considérés comme de la concurrence. À Genève le Mouvement citoyen genevois prend de l’ampleur et réclame une remise des nationaux au centre des préoccupations. De plus les travailleurs frontaliers se rendent majoritairement à leur lieu de travail en automobiles et étant concentré sur un seul axe, les voies routières connaissent une saturation.

De plus du point de vue historique, plusieurs tracés de frontières se sont déjà trouvés contestés. L’Alsace-Moselle au cours de la 1ere Guerre mondiale se trouve tiraillée entre sa nationalité allemande et son attachement à l’identité française. Finalement l’Alsace-Lorraine à l’issue de la guerre revient au territoire français ce qui crée une des animosités entre les deux régions.

La mobilité des espaces frontaliers peut donc être plus ou moins marquée selon les dynamiques d’ouverture et de fermeture qui s’exercent sur ces zones et selon leur insertion économique. Les travailleurs, les personnes possédant des résidences secondaires de l’autre côté de la frontière, les échanges commerciaux engendrent des mouvements qui influent sur la localisation des frontières. Et si l’intégration européenne contribue de plus en plus à reconsidérer le statut périphérique des espaces frontaliers, il existe toujours de nombreuses disparités économiques, politiques et sociologiques entre ces espaces aux attractivités différentes. Les inégalités et la concurrence qui peut découler d’une relation plus développée entre deux territoires, constituent des facteurs de tensions. Les éléments naturels, tels que le relief peuvent aussi représenter des obstacles à une véritable intégration. La délimitation des espaces frontaliers est par conséquent floue et varie selon les grilles de lectures.