Les Travaux et les Jours

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Hésiode livre ainsi un grand réquisitoire contre les rois à l’orgueil démesuré dont l’hubris met en péril la ville entière.

Nous pouvons également remarquer que les sujets des rois n’ont aucun pouvoir. Ils sont mentionnés à la première ligne : le texte original est « ἐνδήμοισι διδου̂σιν » et dont la traduction littérale pourrait être « ceux qui ont une habitation ». Il n’y a donc aucune allusion à une organisation en un corps civique, contrairement aux cités de l’époque classique.

Après avoir vu l’organisation civile à l’époque classique, nous nous intéresserons à une part importante de la vie des Grecs, la place de Zeus dans leur société.

Zeus est le fils de Cronos et Rhéa, deux Titans, d’où son titre de Cronide. Il se rebelle contre son père avec l’aide de sa mère et de sa fratrie. Il devient alors le roi des dieux et s’accapare de nombreux pouvoirs, dont les principaux sont cités dans le texte.

Le rôle prédominant de Zeus dans ce texte est celui de justicier impitoyable, comme nous l’indique l’expression « justice du Cronide » à la ligne 11. Celui-ci « détruit un rempart, une vaste armée ou se paie sur leur flotte ». Dans les trois cas, cela s’apparente à un désastre. La construction d’un tel ensemble est une entreprise cyclopéenne, au point que les remparts de villes mycéniennes étaient considérés comme des réalisations des Géants. De plus, Homère nous raconte que celles de la ville de Troie avaient été construites par les dieux Poséidon et Apollon. Toutes les villes –sauf Sparte- sont protégées par des fortifications et à un temps où la poliorcétique est balbutiante, les villes sont très souvent imprenables, si l’assaillant ne mène pas un siège très long. Ainsi donc, une telle perte peut signer la fin de la cité. De plus, les réserves humaines en citoyens guerriers sont faibles et aucune cité ne peut se permettre une telle perte qui la mettrait à genoux. De même, une flotte coûte cher et sa destruction, en plus du coup politique porté à sa politique de grandeur, la ruine économiquement.

Il a également la capacité de répandre « une immense calamité, peste et famine à la fois ». La Grèce est un pays sec, peu propice à l’agriculture –à part les plaines thessaliennes- et celle-ci peine régulièrement à subvenir aux besoins alimentaires de ses exploitants. La famine est donc une des grandes craintes de la civilisation égéenne.

De plus, Zeus a un rôle complémentaire, celui de sauveur et d’aide. Il intervient comme vengeur des droits bafoués et justes causes maltraitées. Il intervient, sous son avatar de Zeus Sôter (salvateur), dans les prières des marins rentrants au port.

Zeus possède de nombreuses caractéristiques physiques lui permettant de réaliser cet idéal de justicier. Son regard divin n’est pas arrêté par les murs des cités et les noirs desseins des dirigeants ne lui échappent pas, comme il est dit à la ligne 20 : « [il] n’ignore pas ce que vaut la justice qu’enferment les murs d’une ville ».

Ainsi donc, Hésiode nous livre ici un témoignage de première main sur la vie des Grecs de l’époque archaïque, que ce soit dans leur vie quotidienne axée sur l’agriculture et passée dans l’appréhension de la guerre, dans les institutions qu’ils se donnent avec notamment un roi, omnipotent, ou dans leurs rapports avec les divinités de leur panthéon et surtout Zeus Olympien.

Bibliographie

Manuels

F. Lefèvre, Histoire du monde grec antique, Livre de Poche « Références » 2007

C. Orieux et P. Schmitt Pantel, Histoire grecque, Quadrige manuels, PUF, 1995

Ouvrages spécialisés

Sur la religion :

R. Graves, « Zeus », Les Mythes grecs, Fayard, 1967

J.-P. Vernant, L’Univers, les dieux, les hommes, Points, 1999

Sur la cité archaïque :

É. Scheid-Tissinier, L’homme grec aux origines de la cité : (900-700 Av. J.-C), Colin, 1999