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La colère du Père Duschesne -Histoire (Licence)

Par   •  12 Septembre 2018  •  3 440 Mots (14 Pages)  •  324 Vues

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Duchesne emploie donc ses expressions familières pour les designer et d’autres qualificatifs nettement plus méprisants. Cependant, chacun de ces mots et ces expressions retenus doivent fait l’objet d’un commentaire sur les allusions précises faites par Hébert. Dans ce dernier cas, il va de soi que je me suis volontairement borné à livrer des clés pour comprendre le contenu du Père Duchesne.

Ainsi ‘’ils se doivent se souvenir l’année 1789.Nous n’avons pas oublié ,foutre, ou etoit, la clef de la boulangerie ,dans ce tems la , & nous pourrions encore nous l’a faire rendre de la même manière’’.

Hebert s’empresse de rappeler cet épisode survenu au cours de l’année 1789 et il veut en rappeler les conséquences. A l’époque, cela s’est retourné contre le pouvoir et a chaque fois, le peuple des faubourgs s'est soulevé pour briser les tentatives des contre-révolutionnaires « qui voulaient l'affamer ».

Par ailleurs, il rappelle également les mauvaises finances avec Necker : ‘’ Est-ce encore le coquin de Necker qui mène cette marote ? ‘’ (l.5) ’’ Se dit aussi d’une passion violente qui cause quelque dérèglement d’esprit approchant de la folie’’ (Dictionnaire de Furetière)) .C’est dans ce second sens, figuré, celui d’une idée fixe, qu’Hébert dénonce tour à tour des ‘’marottes’’ conduites par Necker en septembre 1791 qui agit dans l’ombre des coulisses.

Une autre expression doit être aussi commentée : ‘’ ce gredin de Necker ‘’ (ligne 16). Très souvent présent sous la plume d’Hébert, le mot n’a pas tout à fait le sens que nous lui donnons aujourd’hui en désignant simplement un individu malhonnête. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il a un contenu social nettement plus marqué : ‘’ Nom injurieux qu’on donne à un homme sans foi, sans probité ; à un vagabond, à un vaurien ‘’ (Dictionnaire du bas-langage). Mais la spéculation de l'administrateur des finances n'était qu'un tissu d'horreurs et ces horreurs sont encore loin de leur terme. Il est certain que la France entière est remplie d'accapareurs et que ces derniers font monter très haut le prix du blé. Il est convaincu qu'ils en exportent une énorme quantité dans la Flandre autrichienne et il est certain que le gouvernement n'a pris aucune mesure sérieuse pour empêcher ces accaparements et pour s'opposer à ces exportations.

L’auteur nous propose aussi un tableau piquant de la destinée des traitres .Ainsi son art de la dénonciation a un effet terrible ; il dévoile les traitres, arrache le masque, dénonce un complot de manière permanente.

Hébert ayant sans cesse la hantise des complots et de la corruption, il va de soi que son Père Duchesne emploie ces expressions familières à de très nombreuses reprises. Des le second paragraphe, Hebert se présente comme le défenseur de Louis XVI qu'il présente comme un roi ayant ‘’ toujours voulu le bien ‘’, qui n’hésite pas à tout faire pour le bonheur des Français et dont ‘’ le coeur n'est pas celui d'un tyran ‘’ mais qui est le ‘’ jouet des flatteurs et des courtisans ‘’.

Ainsi, le Pere Duchesne est respectueux du roi des Français et il n'est pas contre la royauté.

Mais le roi Louis XVI ignore les réalités et il est nécessaire de l’éclairer sur les noirs desseins de son entourage, c’est a dire ses ministres. Il soupçonne un complot qui se trame et met en péril la nation. Hebert condamne ces derniers qui complotent dans le dos du roi et s’allient avec l’ennemi.

Que leur importe l’injustice criante quand il ne s’agit que de préserver leur vie agréable ou leurs ambitions sans bornes. Qu’importe même le chaos, l’effondrement de l’économie, du moment qu’ils s’enrichissent. Il dénonce ces personnes qui créent des alarmes sur les subsistances pour semer la confusion et déclencher des troubles.

Duchesne va condamner la sournoiserie de ces monopoleurs a plusieurs reprises : ‘’Il est vrai, foutre, que la lanterne dérangea un peu ce tripotage ; & alors, quand on voulait avoir du pain, il n’y avait qu’à foutre une tête à bas, le lendemain la halle était garnie ‘’ (l. 20). Un « tripotage » est alors un ‘’mélange qui produit quelque chose de mal propre ou de mauvais goût ‘’, et, au figuré, un ‘’ assemblage de choses qui ne s’accordent point ensemble ‘’ (Dictionnaire de Féraud). Ce même Féraud ajoute, à titre d’exemple : ‘’Dans cette affaire, ils ont fait un étrange tripotage’’. C’est dans ce sens figuré qu’Hébert emploie le mot, et c’est aussi celui-ci qui est passé dans notre langage. Le Père Duchesne regrette ainsi les premiers temps de la Révolution où il suffisait, selon lui, de recourir à la ‘’ lanterne ‘’, puis de couper la tête d’un spéculateur, pour voir aussitôt la fin du ‘’ tripotage ‘’ et les marchés bien approvisionnés !

Il les condamne aussi aux lignes 22 et 23 : ‘’ ce qui prouve, bien foutre, que c’etoient ces ministres qui nous foutoient dedans’’ .L’expression a conservé aujourd’hui son sens d’alors : ‘’ foutre dedans ‘’, c’est tromper quelqu’un. Le Dictionnaire du bas-langage la relève en utilisant, cela va de soi, le verbe ‘’ mettre’’ : «Mettre quelqu’un dedans. Pour le tromper, l’escroquer, le friponner dans une affaire. Signifie aussi mettre quelqu’un en prison. » Hébert a très souvent recours à ces mots associés, dans la mesure où tout son journal ne cesse de retentir de mille et un complots, de trahisons et perfidies en tout genre, à commencer par les manœuvres perfides des ministres.

Puis aux lignes 24 et 25 : ‘’ ils ‘s’enrichissent mais ce n’est point assez simple de faire leurs ogres’’. L’expression ‘’ Faire ses orges ‘’, c’est ‘’ s’enrichir aux dépens des autres, s’en donner à bride abattue ‘’ (Dictionnaire du bas-langage). Selon le Pere Duchesne, ce sont ici les « riches », les ‘’ accapareurs ‘’.

Pour eux, l’idéal serait, non d’avoir une constitution républicaine solide, mais de continuer à s’enrichir grâce à la connivence de ceux qui dominent alors politiquement l’Assemblée constituante et favorisent le libéralisme économique. Hébert se bornant à assimiler libéralisme économique, accaparement et spéculation, pour mieux jouer une fois de plus sur le vieux fantasme du ‘’ complot de famine ’’ destiné à réduire le peuple à la merci des puissants.

Et pour finir aux lignes 30,31 et 32 : ‘’ […] défions

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