La New York State Factory Commission
Par Orhan • 13 Juin 2018 • 7 302 Mots (30 Pages) • 544 Vues
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L’évènement choque beaucoup pour plusieurs raisons. Premièrement, une part de la population se rappelait de ces femmes qui avaient vaillamment milité pour de meilleurs conditions en 1909-1910[4]. L’impression qu’elles avaient prévenu du danger potentiel de ces endroits est donc d’autant plus forte. Il faut également souligner qu’assez rapidement, les gens comprennent davantage les circonstances qui ont entouré l’évènement. Par exemple, des inspecteurs de l’État avaient déjà avisés les employeurs de cesser le « locking-in practice » qui est en partie responsable de la difficulté à évacuer le bâtiment[5]. Cette pratique peut alors être vue comme le symbole des excès du capitalisme. Plusieurs évènements, qui surviendront plus tard, amplifieront davantage la colère des gens envers les propriétaires de la Triangle Shirtwaist Co. Tout d’abord, aucune peine ne leur sera imposée par les tribunaux. Également, les propriétaires vont payer les employés qui auront à aller témoigner devant la NYSFIC en 1911. Ces employés vont donc changer leur témoignage pour avantager les propriétaires du Triangle Shirtwaist Co[6]. L’ampleur de la colère populaire est aussi causée par la visibilité de l’évènement. Les images de femmes si méconnaissables qu’elles doivent être identifiées par leur enveloppe de paie est très forte[7]. L’image de femmes qui sautent du huitième étage est d’autant plus puissante. La colère et l’indignation sont donc très grandes puisque « News of the fire spread quickly, catalyzing public opinion, and energizing a broad coalition of unlikely allies. It included immigrants, muckraking journalists, clergy, unionists, socialites, and socialists »[8].
C’est donc un mouvement de revendications qui va s’établir dans New York. Certaines associations ouvrières comme la Women’s Trade Union League vont manifester et réclamer une enquête. Le 6 avril 1911, moins d’un mois après le Triangle Fire, plusieurs manifestants se regroupent devant le Metropolitan Opera House « where a Committee of fifty was established to formulate a program of action. Shortly thereafter representatives of the committee delivered to the state capitol at Albany a petition demanding a legislative investigation of working conditions in the state »[9]. Ce comité avait été créé par la ville de New York afin de proposer un plan d’action à la municipalité. Il faut souligner la pression exercée par les 30 000 manifestants à l’extérieur du Metropolitan Opera House[10]. Le mouvement qui s’est créé ne peut plus être ignoré à ce point et on sens que les appuis nécessaires au changement sont présents. C’est dans cette optique que le comité de sécurité publique de New York décide de rencontrer le gouverneur Dix afin d’évaluer les différentes possibilités[11]. Ce dernier leur propose alors de se tourner vers la législature qui aura plus de pouvoirs que lui. Suite à la suggestion de Dix, les membres du comité décident de rencontrer le leader de la majorité à l’assemblée de l’État de New York, Alfred E. Smith. L’idée initiale du comité voulait qu’une commission formée d’experts indépendants soient créés mais Smith va les convaincre d’opter pour une autre voie. Ce dernier a fait valoir qu’une commission composée, au moins partiellement, de législateurs aurait l’avantage d’assurer une meilleure coordination avec la législature et donc d’amener de véritables réformes[12]. En mai 1911, la législature vote la résolution Wagner-Smith qui crée la New York State Factory Investigating Commission.
Cette commission est créée avec un mandat spécifique. Dans le rapport qu’elle émet annuellement, la NYSFIC rappelle que « This Commission was created after the Triangle Waist Company fire occurring in New York City, March 25, 1911, in which 145 employees, chiefly women, lost their lives »[13]. Cette précision tend à rappeler la raison d’être de la NYSFIC qui devrait ressembler à une enquête sur le Triange Fire. Le mandat initial de la commission est conséquent avec cette idée puisque « The Legislature authorized the Commission to inquire into the conditions under which manufacturing is carried on in cities of the first and second class of the State, to the end that remedial legislation might be enacted for the protection of the life and health of all factory workers, and for the best interests of the public generally »[14]. Plusieurs point doivent ici être soulignés. Tout d’abord, la commission a pour but de proposer une législation visant à rectifier la situation et ne doit pas uniquement se contenter d’enquêter et de trouver un coupable. Deuxièmement, la NYSFIC ne doit pas se limiter au Triangle Fire puisqu’elle doit étudier les manufactures en général. Troisièmement, la législation proposée doit avoir pour but de protéger la vie et la santé des travailleurs comme du public. Cela est important puisque la commission devra trouver différentes stratégies afin de sortir de ce cadre et ne pas avoir à se limiter à étudier la santé et la sécurité des travailleurs.
Position et influence de Tammany Hall
Les machines politiques sont très importantes au tournant du XXe siècle. Bien que certains réformateurs comme Theodore Roosevelt critiquent leur intégrité, elles font pourtant partie intégrante du système politique américain. Dans l’État de New York, c’est Tammany Hall qui assure le financement et le choix des candidats démocrates. Cette organisation est donc d’une grande influence sur les décisions que prennent les élus puisque sans celle-ci, ils n’ont que peu de chance d’être élus. Tammany Hall avait d’ailleurs permis aux démocrates d’exercer une sorte d’hégémonie dans l’État de New York, la seule exception étant l’élection de 1904[15]. Cette défaite est d’ailleurs intéressante puisque la cause en est généralement attribuée à la remise en question des machines politiques. Comme le souligne McNickle, plusieurs candidat élus en 1904 sont montrés comme indépendants, loin de ce « système corrompus ». Dans ces mêmes années, Tammany Hall est en pleine redéfinition. En 1902, un nouveau leader prend la tête de l’organisation. Charles Murphy est souvent montré comme l’un des plus puissants Boss que Tammany Hall ait connu[16]. Il faut dire qu’il a réussi à moderniser l’organisation afin de l’adapter à la démographie changeante.
Dès la fin du XIXe siècle, la démographie de New York connaît des changements majeurs. L’immigration en provenance d’Europe de l’Est et du Sud se fait de plus en plus forte. Dans la ville de New York, les immigrants d’origines juives s’entassent de plus en plus dans les quartiers du bas de la ville.
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