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L'inquisition cas

Par   •  1 Mai 2018  •  5 799 Mots (24 Pages)  •  335 Vues

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à douter de la sincérité des gens d’Église.

Les deux institutions principales de l’époque perdent donc de plus en plus le contrôle sur leur population. Celle-ci devient de plus en plus agressive face à la situation qui prend forme en Europe médiévale. Ces deux importantes institutions se doivent pourtant de s’assurer une certaine emprise sur sa population pour ne pas en perdre le contrôle. En effet, la populace de l’Europe médiévale est soumise non seulement à une lacune au niveau de sa gouverne, mais en plus à des impôts beaucoup trop élevés. C’est donc aux prises avec une population très peu encline à leur obéir que l’Église et les deux États doivent gouverner.

Le besoin de détourner l’attention des problèmes religieux et étatiques se faisait ressentir de plus en plus. La solution s’est présentée sur un plateau, sous forme de femme sage. Depuis quelques temps, les sorcières étaient connues de la population et prenaient une place importante au sein du quotidien de tout un chacun. Les femmes sages avaient les connaissances nécessaires pour aider les gens du peuple à se délivrer de certaines souffrances, leur donnaient la chance d’avoir un aperçu du futur (du moins c’est ce qu’elles affirmaient), ainsi que plusieurs autres remèdes à mi-chemin entre la magie noire et les véritables vertus de certaines plantes. Ce que reprochait principalement les hommes d’Église à ces sages femmes, c’est l’aide qu’elles apportaient aux femmes qui accouchaient. En fait, les douleurs de l’accouchement étaient considérées comme une expiation du pêché fait par Ève en croquant la pomme. En aidant les femmes à mettre leur enfant au monde, les «sorcières» étaient considérées comme venant à l’encontre de la volonté de Dieu de punir les humains pour le pêché originel . Pour cette raison, les sorcières étaient souvent considérées comme des suppôts de Satan, donc des hérétiques dont il faut se méfier, voire éliminer.

C’est entre autres par l’entremise de bulles papales que la populace apprend à avoir peur de ces femmes. En effet, les bulles In Eminenti de Clément XII et Humanum Genus de Léon XIII ont montré au peuple européen du Moyen-Âge l’hérésie d’une association nommée les Francs-Maçons, association qui comportait entre autres les sorcières. Dans la première de ces bulles, le pape au pouvoir se positionne moins radicalement que dans la deuxième bulle. Voici deux extraits de ces textes, en commençant par la bulle In Eminenti de Clément XII :

«Ayant donc mûrement réfléchi sur les grands maux qui naissent pour l’ordinaire de ces associations toujours nuisibles à la tranquillité de l’État et au salut des âmes et qui, à ce titre, ne peuvent s’accorder avec les lois civiles et canoniques ;[…] nous devons être continuellement en garde contre les gens de ce caractère, de peur qu’[ils] ne portent partout la désolation, […]ne séduisent les simples et ne blessent en secret de leurs flèches les âmes innocentes. Nous voulons de plus et ordonnons que les évêques, prélats, supérieurs et autres ordinaires des lieux, de même que les inquisiteurs, procèdent contre les contrevenants […] ; qu’ils travaillent à les réprimer et qu’ils les punissent des peines qu’ils méritent à titre de gens très suspects d’hérésie.»

Dans cet extrait, on remarque que les autorités religieuses de l’époque ne sont pas encore très véhémentes dans l’accusation des sorcières. Elles ne sont encore que «très suspectes d’hérésie», et méritent d’être réprimées, sans plus. Clément XII et ses subordonnés étaient donc plus ou moins convaincus de la gravité de la situation, par manque de preuves ainsi parce qu’ils ne veulent pas ébranler ou choquer trop la population en lui retirant ses diseuses de bonne aventure et médecins de fortune. Le bouc émissaire n’est pas encore à point pour attiser la ferveur des fidèles et les mener à violenter ces femmes . C’est donc avec un peu de réticence que les membres du clergé accusent d’hérésie les femmes sages sous Clément XII. Voici maintenant un extrait de la bulle Humanum Genus de Léon XIII, qui monte les Francs-Maçons quelques crans plus haut dans le rang des hérétiques :

« À notre époque, les fauteurs du mal paraissent s’être coalisés dans un immense effort, sous l’impulsion et avec l’aide d’une société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisés, la société des Francs-Maçons. Ceux-ci, en effet, ne prennent plus la peine de dissimuler leurs intentions, et ils rivalisent d’audace entre eux contre l’auguste majesté de Dieu. C’est publiquement, à ciel ouvert, qu’ils entreprennent de ruiner la sainte Église, afin d’arriver, si c’était possible, à dépouiller complètement les nations chrétiennes des bienfaits dont elles sont redevables au sauveur Jésus-Christ.»

Cette deuxième bulle est beaucoup plus drastique dans sa façon de dépeindre les hérétiques sorcières. Leur lien avec le diable est devenu très clair, et elles le servent pour le plus grand déplaisir de l’Église et de son créateur. Dans cette bulle, l’auteur en vient à encourager les punitions corporelles (menant souvent à la mort de la victime) pour punir l’hérésie des femmes, même parfois des hommes, voire des animaux. C’est donc entre autres par l’entremise de bulles de plus en plus véhémentes à l’égard de l’importance de l’hérésie des sorcières (et de l’urgence de les éliminer), mêlé à la passion du peuple chrétien à vouloir épurer la chrétienté que la chasse aux sorcières à vu le jour .

PENDANT L’INQUISITION

C’est à partir de la bulle Super Illius Specula, écrite en 1326 par le Pape Jean XXII, que l’engrenage s’enclencha, et que l’histoire débuta véritablement . Cette bulle, élément déclencheur d’un des pires carnages de l’histoire humaine, associait définitivement la sorcellerie à l’hérésie, condamnable par l’Église. Dès lors, l’inquisiteur avait le respect du clergé et de l’évêque du compté, et une liberté totale quant à la procédure d’inquisition. En effet, l’inquisiteur se fiait sur les ouï-dire, les rumeurs et les témoignages, et se forgeait une opinion suivant son « instinct de chasseur »! Un seul élément restait inchangé ; le sermon. Ce discours était en fait un appel à la délation volontaire. L’inquisiteur prononçait, devant le village tout entier, un sermon officiel qui amorçait le processus de la chasse. Cet homélie était évidemment obligatoire et la présence récompensé par quelques indulgences. L’inquisiteur offrait donc de quinze à quarante jours, variable selon l’inquisiteur et

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