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L'idée de réforme dans le royaume de France (XI-XV s.)

Par   •  23 Août 2018  •  4 562 Mots (19 Pages)  •  564 Vues

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Mais la réforme est parfois rejetée dans certaines régions, notamment quand les interventions du pape sont trop précoces. Ainsi, en 1049, Léon IX souhaite remplacé l'évêque de Nantes, issu de la famille comtale, par un moine de l'abbaye Saint-Paul-hors -les-murs de Rome. Mais celui-ci, devenu évêque, doit vite renoncer à son poste face à l'opposition des comtes et des élites locales, qu'elles soient laïques ou ecclésiastiques. Ce n'est qu'à la fin du XIè siècle que la réforme a pu s'implanter dans la région.

La réforme est soutenue tout d'abord par les établissements religieux issus de la réforme monastique. Le pape peut ainsi s'appuyer sur Cluny, Fleury ou Saint-Victor de Marseille par exemple. Ils sont le fer de lance du mouvements, et les abbés de ces établissements deviennent des légats du pape. Mais elle est aussi soutenue par certains puissants, comme Thibaud de Blois-Champagne (1063-1089) ou Robert de Flandres (1070-1093).

L’Église reprend ainsi la main sur la nomination des évêques. Seule l'élection de l'évêque par le chapitre est jugée valide. Les laïques sont donc obligés de renoncer à leur emprise sur les évêques. Ainsi, Grégoire VII condamne en 1075 l'investiture des évêques par les laïques.

La réforme grégorienne permet donc à L’Église de recouvrer son autorité mais aussi de gagner en autonomie.

C)Les réformes de la justice ecclésiastique : le perfectionnement du système judiciaire

Lors de la renaissance du XIIè siècle, la justice ecclésiastique se développe dans le sillage de la réforme grégorienne et du droit romain. Ainsi, le décret de Gratien (Concordia discordantium canonum) publié en 1140 permet de codifier rigoureusement le droit canon. S'initie alors un essor de la justice ecclésiastique.

Ainsi, le droit canonique donne un statut juridique particulier aux clercs par leur fonction cultuelle. Ainsi, seuls les tribunaux ecclésiastiques ont la possibilité de juger les clercs fautifs : ceux-ci ont le « privilège du for ». La justice épiscopale devient donc de plus en plus importante dans le XIIè siècle. Ainsi, en Normandie, où le pouvoir des comtes est très puissant, l'évêque se fait reconnaître comme arbitre dans les conflits qui impliquent des clercs ou des établissements religieux. Il se substitue donc au comte quand celui-ci est en conflit avec des clercs. Les juristes prennent donc une place prépondérante au sein de l’Église. Les juristes ont de plus en plus d'influence dans l'institution. Par exemple, en 1142, le juriste Raimond de Montredons est nommé archevêque d'Arles. Ceux-ci acquièrent donc des places de plus en plus importantes dans l’Église.

Influencé par le droit romain, l’Église réforme donc la justice. Elle instaure la preuve écrite comme la plus importante et abolit l'usage de l'ordalie, que ce soit le duel entre les champions des deux parties ou bien l'épreuve physique. Ainsi, la justice ecclésiale tend à se rationaliser.

Puis, face à l'émergence d'hérésies dans le royaume de France dans le XIIè siècle puis dans les siècles suivants, l’Église met en place un organe de lutte contre celles-ci. Se met en place l'Inquisition. C'est la bulle pontificale Ad abolendam de 1184 qui entérine la création de cet organe. Le pape demande aux évêques de combattre les hérétiques sur leurs territoires. Puis cette tâche est confiée aux moines cisterciens en 1198 pour finalement être donnés aux ordres mendiants en 1216. Cependant, les évêques conservent leur rôle d'inquisiteur, et certains remplissent cette fonction de manière méticuleuse, comme le prouve l'exemple de l'évêque de Pamiers Jacques Fournier (futur pape Benoît XII) qui siège entre 1318 et 1325 370 jours au tribunal du saint-office. Ce tribunal est d'ailleurs instauré par Grégoire IX après la croisade albigeoise en 1229. L’Église met donc en place un organe efficace et réforme donc la justice pour répondre aux hérésies. Le plus important de ces tribunaux se trouve à Carcassonne, mais d'autres sont implantés à Toulouse ou Albi.

La justice inquisitoriale mise en place est une justice d'exception qui doit répondre à un problème majeur : trouver les hérétiques pour obtenir leur aveu, nécessaire à leur conversion. C'est pourquoi celle-ci diffère de la justice « normale » : le juge peut agir d'office et le coupable n'a pas d'avocat par exemple. Influencé par le droit romain, on accepte le recours à la « question » (la torture) à partir de 1252 malgré l'adage Ecclesia abhorret a sanguine (l’Église a horreur du sang).

Ainsi, l’Église réforme la justice pour en faire un instrument efficace contre les hérésies notamment. De plus, elle se distingue des autres types de justices (royale ou seigneuriale) et se codifie rigoureusement. La réforme de la justice sert ainsi l'institutionnalisation de l’Église, et lui permet d'asseoir son autorité.

Les différentes réformes entamées jusqu'au XIIIè siècle, qu'elles touchent le monachisme ou bien l'institution ecclésiale elle-même, permettent à l’Église et au pape un regard d'autorité et un fort rayonnement au sein de la chrétienté, et notamment dans le royaume de France. De son côté, la royauté n'entame de grandes réformes du royaume qu'à partir de Louis IX (1226-1270) et ses successeurs continuent dans sa lignée.

- Le début des réformes royales (1226-1337) : une manière pour le roi d'ancrer son pouvoir dans le royaume

A)Les réformes de la justice : l'importance de Louis IX

Le développement du droit romain lors du XIIè siècle touche aussi la royauté. On voit l'apparition et le développement de praticiens du droit apparaître dans l'administration royale, plus ou moins proches du roi. Cela permet ainsi de développer l'idéologie de la justice royale et les différentes réformes entreprises à ce sujet permettent d'imposer la justice royale dans tout le royaume.

Louis IX laisse une trace importante dans la justice royale car il la réforme très fortement. Tout d'abord, ces changements sont influencés par ceux survenus dans la justice ecclésiastique : la preuve écrite prédomine maintenant sur le témoignage oral par exemple. La justice royale se rationalise elle aussi. Louis IX développe aussi l'appel, qui permet de mettre en cause un jugement

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