Historiographie de l'histoire militaire à l'époque moderne
Par Junecooper • 8 Juin 2018 • 2 852 Mots (12 Pages) • 595 Vues
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Après la Seconde guerre mondiale, Les premiers qui se sont intéressés au militaire sont les anglo-saxons qui ont commencé les premiers travaux et renouvelé les concepts. Il y a deux historiens :
- Le premier est Michael Parker. En 1955, il invente le concept de révolution militaire pour définir l'ensemble des transformations techniques des armes, des combats et des armées à la fin du Moyen-Âge. Celui qui élargit ce concept est Geoffrey Parker. Il l'élargit au monde entier et il considère que les transformations de l'armée ont été décisives dans l'essor de l'Occident pendant la période moderne. Selon lui, elles se sont produites dans l'armée, ce qui a entrainé des changements pour l'ensemble de la société. Ce thème est repris par leurs disciples. L'ouvrage de Parker a été traduit en 1993 : La révolution militaire, la guerre et l'essor de l'Occident de 1500 à 1800.
- Le second est John A. Lynn. Il publie Le géant du grand Siècle : l'armée française, 1610-1715 en 1997. Toujours dans l'idée de révolution militaire, les progrès de l'armée entrainent des progrès plus généraux comme la généralisation des armes à feu à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle. L'augmentation de la puissance de feu transforme la façon de faire la guerre. Les différents modes de défense évoluent également à cause de ces transformations, notamment avec le développement des bastions. Ce sont essentiellement des ingénieurs italiens qui les construisent. La guerre de siège devient une guerre d'ingénieur. On peut prendre un autre exemple : sur le champ de bataille, du fait de l'augmentation de la puissance de feu, la cavalerie voit son importance reculée. L'infanterie prend le pas. Au XVIe siècle, on aperçoit le développement des formations d'infanterie carrées et compactes, ce qui est le cas des tertios espagnols. Au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, les lignes sont privilégiées, ce qui amène à penser, de la part des militaires, des tactiques de plus en plus élaborées. De ce fait, l'importance du soldat est de plus en plus grande à l'entraînement. La discipline prend le pas sur l'héroisme individuel. Les armées sont de plus en plus nombreuses, ce qui est un autre changement. Sous Henri IV, l'armée se compose de 20 à 30 000 hommes. Par comparaison, l'armée de Louis XIV compte entre 200 000 et 250 000 hommes. L'augmentation des effectifs a des conséquences, ce qui oblige les Etats à moderniser leurs structures administratives afin de contrôler et nourrir des troupes importantes. Tout ce qui est approvisionnement ne peux plus être laissé au hasard. Les services de l'Etat contrôlent de plus en plus cet aspect de l'armée. Les deux autres conséquences sont l'augmentation des casernes et celle des besoins financiers, notamment par le biais des impôts. On retrouve ici les financiers. Il faut aussi des gens pour faire rentrer l'argent, d'où un certain progrès de la centralisation. Les intendants s'en occupent.
Joël Cornette a fait une critique sur ce livre dans la Revue d'histoire moderne et contemporaine en 1994. Le concept a été critiqué par des Français. René Quatrefages considère que la rationnalisation militaro-administrative n'a pas commencé aux Provinces-Unies. Parker s'appuyait sur Maurice de Nassau et sur Gustave-Adolphe en Suède. Il reconnaît leur rôle mais reproche à Parker de sous-estimer le rôle des Espagnols au XVIe siècle. Un autre historien remet en cause ce phénomène, il s'agit de Jean Bérenger. Il dit que le concept de révolution est inadaptée pour des évolutions qui se produisent sur la longue durée. L'autre critique faite est que les transformations de l'Etat ne sont pas dûes uniquement à celles de l'armée. Pour eux, on ne peut pas lié l'absolutisme seulement à la guerre. Le concept a quand même une valeur opérationnelle.
Les historiens anglo-saxons et français se retrouvent dans les domaines actuels de recherche. L'histoire bataille marche bien. John Keegan est le nom à retenir. L'exemple a été repris en France par Georges Duby qui a écrit Le dimanche de Bouvines en 1973. L'historien propose une approche originale de cette journée qui a fixé pour des siècles le destin de tous les États européens, affermi la monarchie en France tout en suscitant pour la première fois le sentiment de l'unité nationale. L'histoire des batailles se trouve réhabilitée et profondément renouvelée par l'analyse conjointe du contexte social, culturel et idéologique. Mais un événement si considérable ne peut être dissocié de son souvenir. Tantôt rejeté dans l'ombre, tantôt glorifié, constamment transformé et relu selon les lieux, les milieux et les époques, le mythe de Bouvines après Bouvines est au moins aussi important que la bataille elle-même. Il reprend la tradition de Keegan. Duby est quelqu'un qui se rallie aux nouvelles problématiques et qui n'hésite pas à se renouveler. Il est intéressant de voir les rapports de force. Cela permet aussi de réfléchir sur les manières de combattre avec la place des unités, sur l'art de faire la guerre, sur l'armement, etc. Mais aussi de voir les valeurs des combattants, leurs différents codes de valeur ou encore les sentiments. De cette façon, l'historien s'intéresse à tout le monde. La mémoire y est étudiée. Certains pensent que la bataille de Bouvines est plus une construction mémorielle qu'un fait réel. Un autre historien s'intéresse à ce phénomène, il s'agit de Jean-Paul Bertaud à l'époque moderne. Il a fait une thèse sur les soldats de l'an II, mais aussi une étude sur la bataille de Valmy, dont il arrive à se demander si elle a eu vraiment lieu. Pour lui, Valmy est juste une affaire et non une bataille. Pour qu'il y est bataille, il faut un combat entre deux armées. Bertaud montre que la conscience politique des premiers soldats de la Révolution étaient déjà élévée. Ce qui l'intéresse, c'est de montrer que ces soldats sont des acteurs de la démocratie en arme.
Le spécialiste de la question aujourd'hui est Hervé Drévillon. Il a fait une thèse sur les astrologues. Il est devenu un spécialiste de l'histoire militaire et a écrit un ouvrage sur ce thème : Batailles, scènes de guerre de la Table ronde aux tranchées. Il prend une série de bataille significative et montre l'évolution de l'art de la guerre et des valeurs des combattants. Au fil des siècles, selon lui, les guerres sont de plus en plus meurtrières. Qu'on les réduise à d'abstraites
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