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Etude critique de la BD "Entrez dans la danse"

Par   •  5 Décembre 2023  •  Commentaire de texte  •  2 302 Mots (10 Pages)  •  269 Vues

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Entrez dans la danse

La folle épidémie dansante de Strasbourg se déroule au moins de juillet 1518, à partir du 12 du moins précisément. Elle est une manifestation d’hystérie collective, lors de laquelle un nombre important de personnes se sont mises à danser sans raison pendant plus d’un mois et une partie d’entre elles sont mortes d’épuisement ou d’arrêt cardiaque. Les autorités locales sont alors totalement dépassées et le nombre de mort est important (certaines sources estiment environ 2 000 morts). Une quantité importante de sources étayent le sujet. En effet, à travers la narration de l’évènement par des médecins locaux, dans des chroniques alentours et dans les sermons de la cathédrale, il est assez aisé de comprendre ce qu’il s’est passé dans la ville de Strasbourg durant ce mois, sans néanmoins pouvoir l’expliquer.

En 1518, Strasbourg n’appartient pas au royaume de France, et est une ville « libre », intégrée au Saint-Empire romain germanique. Strasbourg est une cité encore majoritairement catholique (la réforme protestante, qui date de 1516, peine encore à toucher les villes de l’ouest germanique). Elle vit au rythme des grandes célébrations religieuses comme une grande partie des villes catholiques. Cependant, la religion catholique est aussi source d’une grande inégalité sociale, entre le haut-clergé, qui parade et jouit d’un mode de vie fastueux, et la grande majorité de la population, qui souffre de la misère. Cette misère est exacerbée depuis quatre années en raison des pires calamités : sécheresse, grands froids, famine et maladie.  Face à l’indifférence du haut-clergé catholique, peu fidèle à ses idéaux charitables, vis-à-vis de cette misère grandissante, une forme de frustration couve au sein de la population strasbourgeoise et offre le terreau adéquat au déroulement d’un événement inattendu.

Un roman de Jean Teulé, Entrez dans la danse, est publié en 2018 et retrace cet évènement. Jean Teulé (1953-2022) est un écrivain français, auteur de bandes dessinées et de romans. Etudiant à l’Ecole des beaux-arts, il devient chroniqueur et dessinateur reconnu au cours de sa carrière et participe à de nombreuses émissions télévisées sur Antenne 2 ou encore Canal +. Une adaptation en bande-dessinée est faite de son œuvre, Entrez dans la danse, par Richard Guérineau en 2019. Richard Guérineau (1969-…) est un auteur de bande-dessinée français, ayant rencontré un important succès grâce, notamment, à la publication chez Delcourt en duo de L’As de Pique en 1994. Il publie dès lors, un grand nombre de ses ouvrages dans cette maison d’édition française. Entrez dans la danse en est un exemple, en effet, l’œuvre adaptée est publiée sous la forme d’un album chez Delcourt, à Paris en France en 2019, soit 501 ans après les évènements racontés. Publiée en français, l’auteur utilise également la couleur pour donner corps à son œuvre et raconté son histoire.

La bande dessinée est un art séquentiel. Elle peut être publiée sous la forme d’un album (recueil de planches pouvant appartenir à une même série, à un même auteur, ou à un même thème) et faire partie d’un cycle qui est une suite d’œuvres littéraires ou artistiques sur un même sujet. La bande-dessinée raconte une histoire (réaliste ou non) par une succession de dessins et de textes dans des cases (parfois une BD peut être muette). Les personnages y parlent généralement à l’aide de bulles (appelées aussi des phylactères) de forme variable qui, dans une vignette, contiennent les paroles ou pensées des personnages reproduites au style direct. Dans une bande dessinée, le support sur lequel on dessine est appelé une planche. On réserve le mot page pour le support imprimé. Chaque planche est généralement constituée d’une ou plusieurs lignes d’images : ce sont les bandes (strip en anglais). Chaque bande comporte une ou plusieurs images : ces images s’appellent les vignettes (ou cases). Dans les vignettes, on retrouve : le dessin et les bulles dont la « queue » désigne le personnage qui s’exprime (on l’appelle aussi la flèche).

Il n’existe aucun lien apparant entre l’auteur et l’adaptateur d’Entrez dans la danse, néanmoins, nous pouvons noter le fait qu’une adaptation du roman de Jean Teulé a été commandée et c’est Richard Guérineau qui, ayant déjà travaillé à l’adaptation en BD d’un autre roman de cet auteur en 2013, a été choisi pour réaliser cette dernière. Richard Guérineau a un sens artistique à l’origine plus tourné vers la science-fiction voir le fantastique, mais il innove une nouvelle fois avec l’adaptation de l’œuvre Entrez dans la danse, il rentre dans un nouveau registre avec un roman cette fois-ci historique. L’originalité de cette œuvre est qu’elle raconte un évènement historique qui est l’épidémie de danse qui s’est déroulée à Strasbourg en l’an 1518. Cette œuvre appartient aux arts du langage car c’est un roman au départ et que ça été transformé en BD, elle fait également partie de l’art visuel car la BD est faite de dessin. Les autres arts sont exclus pour plusieurs raisons. Tout d’abord l’art de l’espace, car il concerne le domaine de l’architecture et les domaines du physique imposant. Puis l’art du quotidien car l’œuvre n’est pas de l’émail ni de la porcelaine, c’est un livre. Est également exclu, l’art du son, la BD étant silencieuse, c’est surtout notre sens de la vue qui marche et non notre ouïe. Et enfin, l’art du spectacle vivant qui correspond aux arts du cirque ou encore la danse, ce qui n’est pas le cas dans la BD.

L’intrigue de cette œuvre raconte l’histoire romantisée de l’épidémie de danse ayant frappée la ville de Strasbourg en 1518. La ville autonome connaît famines et maladies après plusieurs années remplies de sécheresses et grands froids. Dans le bourg de la ville se met à danser une femme sans raison particulière, fait qui amène un grand nombre d’habitants à la rejoindre dans ce qui semble être une interminable danse. L’autorité municipale demande de l’aide aux médecins de la ville, médecins qui n’arrivent pas à trouver un remède. La ville se tourne donc vers l’Église représentée dans la BD comme l’opposé de la rationalité scientifique. Cette dernière décide de tuer le reste des danseurs ayant survécus jusque-là. L’intrigue principale de la planche que nous étudions (planche 11), raconte l’histoire d’une femme qui danse sans s’arrêter alors que son mari a l’air choqué de sa conduite et tente de la raisonner, il se prend alors un coup. Sa femme est prise dans l’épidémie de danse et ne peut pas en sortir. Concernant la mise en scène, Richard Guérineau décide d’employer majoritairement des plans rapprochés dans la plupart de ses planches pour que le lecteur se concentre sur les actions qui vont être provoquées par les dialogues. Cependant, de temps en temps des plans panoramiques sont utilisés pour que le lecteur puisse se situer dans l’espace et comprendre la situation de la scène ou bien de rares plans en plongée ou contre-plongée de façon à montrer quelques supériorités ou infériorités entre les personnages notamment entre le maire et l’évêque. Le style de dessin utilisé ici se rapproche de traits élaborés, le dessinateur cherche à prononcer les émotions et l’âme de cette époque dans un certain réalisme sans oublier l’approche « tout public ». Le but n’est pas de perdre le lecteur dans trop de réalisme étant donné qu’il s’agit d’une bande dessinée n’étant pas consacrée à expliquer en détail les faits de cet évènement. Quant à la mise en scène, il est possible de noter une taille moyenne des bandes et des gouttières de façon à ce que lecteur puisse avoir un meilleur aperçu sur les illustrations. Pour ce qui est des vignettes, leurs tailles sont proportionnelles à la quantité de texte requit et disposées intelligemment afin de ne pas perturber la lecture et la compréhension. Richard Guérineau décide d’utiliser un langage particulièrement courant qui tourne soit au familier soit soutenu en fonction des scènes afin que le lecteur puisse facilement comprendre et suivre l’intrigue sans être dégoûté du vulgaire ou perdu dans le complexe. Entrez dans la danse ne dispose que de quelques onomatopées qui facilitent la compréhension des sentiments des personnages. Elles illustrent la maladie, en effet, elles apparaissent lorsque les individus commencent à sombrer dans la folie dansante ou bien lors d’autres épisodes liés à celle-ci comme les scelles ou les vomissements.

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