Requiem pour un rêve américain
Par Plum05 • 20 Septembre 2018 • 4 107 Mots (17 Pages) • 364 Vues
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Mais les Etats-Unis possèdent également de nombreux défauts, qui pervertissent cet idéal : “Il me semble que, au moins dans les sociétés occidentales riches, la démocratie et le marché libre déclinent à mesure que le pouvoir se concentre, chaque jour davantage, dans les mains d’une élite privilégiée.”. Ce propos de Chomsky reflète ainsi son positionnement en opposition avec cet Establishment américain, qui ne souhaite que s’enrichir et ainsi monopoliser un pouvoir politique conséquent.
- Un idéal perverti au fil du temps
Principe I : Réduire la démocratie
Dès la création des États Unis, James Madison, un des auteurs de la constitution, admettait que le pouvoir devait être confié à une élite fortunée, car c’est elle qui a le savoir et qui est la plus apte à gouverner. Cette pensée prévaut encore aujourd’hui. James Madison comprenait qu’en confiant le pouvoir à la majorité il s’exposait à ce que celle-ci réclame le partage des richesses et se révolte. C’est ce qu’expliquait déjà Aristote mais lui proposait de réduire les inégalités afin de garantir la stabilité de la société, alors que d’autres proposent de réduire la démocratie. En accordant un pouvoir très important au Sénat, les Etats-Unis limitent indirectement et implicitement la démocratie. Les Sénateurs ont une influence déterminante sur les décisions gouvernementales et peuvent bloquer le vote de certaines lois voulues par le président et le peuple. Le but d’un tel système est en fin de compte de protéger les plus riches face à la majorité.
Cependant, les années 60 ont été une grande période de démocratisation avec notamment d’importants mouvements de révolte de la part de minorités (les noirs, les femmes) ou de mouvements opposés à la violence, à la guerre ou encore au non respect de l’environnement. Même si ces mouvements ont eu de très importants échos médiatiques et ont provoqué de grands changements, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui le rêve américain semble bien loin.
Principe II : Modeler l’idéologie
Dans les années 60 et 70, le gouvernement américain a pris conscience du danger et des risques qu’il encourait. Qu’elle soit démocrate ou républicaine, l’élite politique va tout faire afin de ne pas déclencher de mouvements populaires réclamant plus d’égalité, ce qui nuirait évidemment aux plus aisés. Pour contrer ces mouvements, le gouvernement va évoquer un « excès de démocratie », et tenter ainsi de faire en sorte que la population, « la masse », retombe dans la passivité et ne s’implique pas en politique. Ces populations autrefois passives nuisent à l’Etat, qui va tenir ces manifestations pour responsables d’une trop forte pression et accuser les institutions comme l’école ou l’Eglise d’être la cause de cette vague de démocratisation, surtout chez les jeunes.
Ainsi, sous Nixon, que ce soit dans le rapport Powell ou dans le rapport de la Commission Trilatérale rassemblant les mondialistes libéraux qui évoque « une crise de la démocratie, les intérêts nationaux semblent être bien plus importants que les intérêts spéciaux. Cela semble tout à fait logique, les intérêts du monde des affaires américains, des banques et des multinationales sont d’une plus grande importance que les intérêts du peuple américain, si l’élite souhaite conserver sa domination et sa suprématie.
Aujourd’hui encore, l’élite politique semble accorder plus d’importance aux intérêts des plus aisés. Lorsqu’on regarde le gouvernement Trump par exemple, on remarque que la fortune cumulée des membres du cabinet est supérieure à celle cumulée de 126 millions d’américain, d’après le Huffington Post. Sur ce principe, je suis totalement d’accord avec Chomsky, je pense que les hommes politiques tentent depuis toujours d’accéder au pouvoir, avec pour objectif de contribuer à leur enrichissement personnel.
Voyons maintenant les moyens qui ont permis à l’Establishment américain de s’enrichir au détriment de la « masse ».
Principe III : Redessiner l’économie
Depuis leur création, les Etats-Unis ont une économie fondée sur la production industrielle. En 1950, la production industrielle représente 28% du PNB (Produit National Brut) alors que les institutions financières seulement 11%. En 2010, la donne change, la production ne représente plus que 11% du PNB alors que les institutions financières représentent 21% du PNB. Ce décalage s’explique par l’arrivée d’un système financier dominé par les flux spéculatifs.
A partir de 1970, on observe une augmentation des flux de capitaux spéculatifs ; les bases de l’économie ont changé. L’économie se financiarise, les spéculations dépassent le développement de crédits qui ne sont plus suffisamment rémunérateurs. Les institutions financières vont occuper un poids de plus en plus important jusqu’à représenter 40% des bénéfices réalisés par les entreprises américaines. Les banques profitent de la déréglementation et multiplient leurs actions entre l’activité de crédit et les investissements spéculatifs.
A cela s’ajoute la délocalisation des entreprises mettant en concurrence des travailleurs chinois surexploités avec les travailleurs américains. Les Etats-Unis vont ainsi assister à une précarisation de l’emploi, donnant moins de liberté et de pouvoir aux travailleurs et ouvriers, mais en consolidant le pouvoir des cadres, des dirigeants, de ceux qui animent le marché des affaires.
Ainsi, Noam Chomsky critique ici la transformation de l’économie américaine. Les conséquences semblent être désastreuses pour le peuple, alors que parallèlement l’élite américaine s’enrichit de jour en jour, devenant de plus en plus puissante.
Concernant ce principe, je ne suis pas totalement d’accord avec Chomsky. Je le trouve trop pessimiste car il critique de manière assez virulente cette transformation de l’économie américaine marquée par le poids considérable des institutions financières. Or, ce sont notamment ces dernières qui ont permis aux Etats-Unis de s’imposer en tant que leader financier mondial. Les institutions financières n’ont pas fait qu’augmenter les inégalités, elles ont également contribué à renforcer la position du pays, en le rendant plus riche et puissant.
Principe IV : Déplacer le fardeau
Durant
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