Rapport publié le 1er Novembre 1947 dans l'organe du Kominform
Par Raze • 26 Octobre 2018 • 11 806 Mots (48 Pages) • 397 Vues
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L’Union Soviétique est sortie de la guerre renforcée.
La face du monde capitaliste a changé elle aussi bien sensiblement. Des six puissances appelées » grandes » (l’Allemagne, le Japon, l’Angleterre, les Etats-Unis d’Amérique, la France, l’Italie), trois ont été éliminées par suite de la défaite militaire : l’Allemagne, l’Italie, le Japon.
La France aussi a été affaiblie et a perdu son ancienne signification de grande puissance.
Ainsi, il ne reste plus que deux » grandes » puissances impérialistes mondiales : les Etats-Unis et l’Angleterre.
Mais les positions de l’un de ces pays, l’Angleterre, se sont trouvées ébranlées.
Durant la guerre, l’impérialisme anglais s’est montré affaibli du point de vue militaire et politique.
En Europe, l’Angleterre s’est montrée impuissante devant l’agression allemande.
En Asie, l’Angleterre — la plus grande puissance impérialiste — n’a pas réussi par ses propres forces à sauvegarder ses propres possessions coloniales.
Ayant temporairement perdu ses liaisons avec les colonies, qui approvisionnaient la métropole en denrées alimentaires et en matières premières et qui absorbaient une partie considérable de sa production industrielle, l’Angleterre s’est trouvée, du point de vue de son économie de guerre et en ce qui concerne ses propres fournitures industrielles et alimentaires, dépendante de l’Amérique.
Depuis la fin de la guerre, la dépendance financière et économique de l’Angleterre à l’égard des Etats-Unis d’Amérique n’a fait que croître.
Après la guerre, l’Angleterre a recouvré ses colonies : cependant, elle s’y est heurtée à une influence renforcée de l’impérialisme américain qui, pendant la guerre, avait déployé son activité dans toutes les zones considérées jusque-là comme des sphères d’influence du capitalisme monopoliste anglais : l’Orient arabe, l’Asie du Sud-Est.
L’influence de l’Amérique s’est renforcée dans les dominions de l’Empire britannique et en Amérique du Sud, où le rôle joué par l’Angleterre lui échappe de plus en plus au bénéfice des Etats-Unis d’Amérique.
La crise du système colonial, accentuée par l’issue de la Seconde Guerre mondiale, se manifeste par le puissant essor du mouvement de libération nationale dans les colonies et les pays dépendants.
Par là même, les arrières du système capitaliste se trouvent menacés.
Les peuples des colonies ne veulent plus vivre comme par le passé.
Les classes dominantes des métropoles ne peuvent plus gouverner les colonies commue auparavant.
Les tentatives d’écrasement du mouvement de libération nationale par la force militaire se heurtent maintenant à la résistance armée croissante des peuples des colonies et conduisent à des guerres coloniales de longue durée : Hollande en Indonésie, France au Vietnam.
La guerre, qui a à son origine le développement inégal du capitalisme dans les différents pays, a conduit à une nouvelle aggravation de cette inégalité.
De toutes les puissances capitalistes, une seule — les Etats-Unis d’Amérique — est sortie de la guerre sans être affaiblie, mais considérablement renforcée tant économiquement que militairement.
Les capitalistes américains ont grassement profité de la guerre.
Le peuple américain n’a pas souffert des privations accompagnant la guerre, ni du joug de l’occupation, ni des bombardements aériens, tandis que ses pertes humaines n’ont pas été comparativement nombreuses, puisque les Etats-Unis, en fait, n’ont pris part qu’à la dernière étape de la guerre, alors que le sort de celle-ci était déjà décidé.
Pour les Etats-Unis, la guerre a servi avant tout d’impulsion à un large développement de la production industrielle, au renforcement décisif de l’exportation, principalement vers l’Europe.
La fin de la guerre a posé devant les Etats-Unis une série de nouveaux problèmes.
Les monopoles capitalistes se sont efforcés de maintenir le niveau élevé de leurs profits de guerre.
Dans ce dessein, ils ont recherché à ce que le volume des commandes du temps de guerre ne soit pas réduit.
Mais pour cela les Etats-Unis devaient conserver tous les marchés extérieurs qui absorbaient la production américaine durant la guerre, et conquérir de nouveaux marchés, puisque s’est produite à la fin de la guerre une forte réduction de la capacité d’achat de la majorité des pays.
En même temps, la dépendance financière et économique de ces pays à l’égard des Etats-Unis d’Amérique s’est accrue.
Les Etats-Unis ont investi à l’étranger des crédits pour la somme de 19 milliards de dollars, non compris les investissements à la Banque internationale et au Fonds international des changes.
Les principaux concurrents des Etats-Unis — l’Allemagne et le Japon — ont disparu du marché mondial, et cela a ouvert de nouvelles et très grandes possibilités aux Etats-Unis d’Amérique.
Si, avant la Seconde Guerre mondiale, les cercles réactionnaires les plus influents de l’impérialisme américain s’en tenaient à la politique isolationniste et s’abstenaient d’intervenir activement dans les affaires de l’Europe et de l’Asie, maintenant, dans les nouvelles conditions d’après-guerre, les maîtres de Wall Street font une autre politique.
Ils ont dressé un programme d’utilisation de toute la puissance militaire et économique américaine, non seulement pour conserver et consolider les positions conquises à l’étranger pendant la guerre, mais aussi pour les étendre au maximum en se substituant sur le marché mondial à l’Allemagne, au Japon et à l’Italie.
L’affaiblissement considérable de la puissance économique des autres Etats capitalistes a fait surgir la possibilité d’utilisation spéculative des difficultés économiques d’après guerre, ce qui favorise la mise de ces Etats sous le contrôle des Etats-Unis.
Cet affaiblissement a permis en particulier l’utilisation des difficultés
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