La révolution militaire
Par Raze • 29 Mars 2018 • 1 203 Mots (5 Pages) • 449 Vues
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La dernière partie démontre, au travers de l’exemple de l’armée des Flandres, que les états ayant résolu ces différents problèmes logistiques ont ainsi accompli une partie de leur révolution et sont donc mieux adaptés à la guerre moderne (pp.108-109). Malgré tout, cela ne leur permet pas de remporter des victoires décisives. Dès lors, les nations se tournent vers le combat naval, qui semble offrir de meilleures chances de succès militaire.
Commentaire critique
Ces cinq parties introduisent de manière exhaustive les éléments de logistique qui permettent la mise sur pied et la bonne tenue d’armées de masse entre le XVIème et le XVIIIème siècle. Il faut noter que plutôt que passer chaque décennie et son cortège de bouleversements en revue, Geoffrey Parker s’est attelé à indiquer chaque problème rencontré par les états, et les solutions qui existent pour y répondre, en s’attardant un peu plus sur la phase de recrutement et sur la nature des soldats composant les armées de l’époque. Ceci sera sans doute apprécié des personnes goûtant peu à une « Histoire des dates ». Il faut cependant noter que les dates ne sont pas absentes du texte. Elles sont principalement utilisées pour démontrer, par des exemples concrets, la véracité des dires de l’auteur, tout comme les différents tableaux. En outre, le côté « touche à tout » du texte permet à chacun d’y trouver son compte. En effet, on débute avec un descriptif des différentes manières de recruter une importante armée, puis on passe en revue les différents moyens qu’adoptent les états pour financer leurs guerres, on s’attarde ensuite sur les problèmes quotidiens auxquels les hommes doivent faire face, comme la nourriture, le logement, l’équipement, etc. Enfin, il est appréciable de constater que l’auteur a su prendre des exemples variés, avec de nombreuses nations et différents conflits.
Cependant, le concept même de révolution militaire fait largement débat au sein de la communauté des historiens. Ainsi, Jean Chagnot se montre particulièrement critique et postule qu’il est paradoxal de mettre en relation le progrès technique avec une augmentation des effectifs, car les inventions ont en général pour but de limiter le recours à la main d’œuvre[1]. Il dénonce également le fait que ce concept ne soit ni défini, ni daté avec précision. Et quand bien même il aurait été mieux délimité dans le temps, est-ce qu’une multitude d’évolutions techniques, parfois disparates, s’étalant sur près de trois siècles peuvent être qualifiées de « révolution » ?[2] De même, le concept de révolution militaire repose sur la multiplication des innovations, seulement celles-ci ne sont pas réellement mises en avant dans notre texte. Une partie des solutions appliquées par les états, comme le recrutement de mercenaires, ou le fait de faire transporter à chaque soldat sa propre nourriture paraissent d’ailleurs assez « classiques » et vraisemblablement envisageables avant le XVIème siècle. Une autre critique qui peut être adressée à Geoffrey Parker, c’est que son raisonnement se confine à l’Europe, alors que d’autres nations, comme le Japon, ont également été soumises à une révolution similaire[3]. Enfin, nous savons que ce que Parker considère comme la cause de l’explosion des effectifs, c’est la diffusion de la fortification basse et épaisse, terrassée et bastionnée[4]. Seulement cette considération n’est jamais directement mise en rapport avec les éléments avancés dans nos cinq parties. Cela aurait pu amener d’autres champs d’analyse et de problématiques. Mais il est probable que ce texte ne s’adresse pas à un public de néophyte en matière d’histoire, ni même en matière de rédaction de style académique. À ce propos, néophyte je suis encore, et pourtant ces cinq chapitres ont su attirer mon attention parmi les autres, du fait de leur pragmatisme, qualité qui fait, à mon humble avis, la force de ce texte.
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