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La Charte de 1814 vue par Chateaubriand

Par   •  3 Juin 2018  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  2 631 Vues

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Cependant Chateaubriand souligne qu’un retour complet en arrière n’est pas possible. En effet cette charte tient compte de l’héritage de la philosophe des Lumières. D’après l’auteur « il faut se souvenir que depuis soixante ans, les Français se sont accoutumés à penser librement sur tous les sujets […] les idées d’une indépendance légale et légitime ont survécu » (lignes 1 à 7). L’habitude des libertés ne peut être remise en question. La charte reconnaît et protège donc de fait la société de 1789. Elle admet en effet une partie des libertés accordées en 1789 dans les articles 1 à 12. Elle reconnaît la fin des ordres et des privilèges, elle reconnaît de même l’égalité de tous devant les lois et l’impôt. Une partie du code civil d’Empire est aussi maintenu. Ainsi Chateaubriand affirme que la charte n’oublie pas l’héritage précieux des libertés considéré comme un acquis.

La charte reconnaît en effet l’époque des Lumières comme une période d’éclairement et de « progrès toujours croissants ». C’est ce que souligne Chateaubriand : « les partisans du gouvernement moderne parlent au nom des lumières qui leur semblent éclairer aujourd’hui l’esprit humain » (lignes 24-25). Ainsi elle rétablit bien certaine idée et principes républicains hérités des Lumières, tel que les libertés vues précédemment ou encore le début d’une action citoyenne dans le domaine politique. La monarchie instauré est en effet un régime censitaire (Article 40).

Cependant Chateaubriand semble oublié le caractère peut démocratique de ce régime. Certes cette charte rétablit certain principe républicain mais cela n’est-il pas juste en apparence face à une restauration monarchique beaucoup plus forte ? La charte donne en effet le droit de vote seulement au plus riche (article 40), il faut payer 300 francs de contribution direct et avoir plus de 30 ans. De même pour être éligible il faut payer 1000 francs et avoir 40 ans. De plus seul la chambre des députés sont éligibles, la Chambre de pairs étant héréditaire et nommé par le roi. Ce régime annoncé par la charte n’a donc rien avoir avec une monarchie élective. Ainsi malgré l’apparence d’un héritage des Lumières, celui-ci reste tout de même très limité par le pouvoir fort du roi.

La charte cherche donc pour Chateaubriand à réconcilier les deux modèles. Dans un premier temps Chateaubriand explique la nécessité de les concilier. En effet privilégier un modèle à un autre, reviendrait à en étouffer un et à reprovoquer une crise, une révolte du modèle étouffé. Les lignes 7 à 12 illustre cela : « si vous voulez contrarier ces idées, les resserrer dans un cadre où elles ne peuvent plus entrer, elles feront explosion, et en éclatant, causeront des bouleversements nouveaux ». En effet les français ayant gouté au privilège de la liberté, ne peuvent pas retourner à un emprisonnement forcé. Ainsi il faut trouver un compromis entre les deux pensées.

Le roi souhaite sincèrement la réconciliation des deux Frances, celle de l’Ancien Régime et celle des Lumières. Réconciliation évoquée à plusieurs reprises par Chateaubriand dans ses Réflexions politiques : « les principes républicains s’y trouvent si bien combinés, qu’ils y servent à la force et à la grandeur de la monarchie » (ligne 14-15), le terme « combinés » montre bien le désir d’unifier les deux modèles afin qu’il soit complémentaire l’un à l’autre. Chateaubriand évoque cette idée de complémentarité lignes 31 à 33. On restaure la monarchie ancienne en y ajoutant des principes républicains. C’est un début de la monarchie parlementaire. Un mélange de l’ancien et du nouveau. Louis XVIII veut construire une « constitution libre et monarchique ». Cependant est-il vraiment possible de concilier les deux sans en privilégier une ? Cette charte n’est-elle pas juste une excuse pour rendre la paix ? Cette charte est « un traité de paix » (ligne 35) qui répond aux circonstances actuelles. La fin de l’empire et ses conquêtes sanglantes, la paix avec l’Europe et entre les divergentes opinions du territoire français. Cette charte est donc un résultat de circonstance qui permet de taire les crises en prétendant réunir « toutes les opinions » et « satisfaire tous les besoins ». Cependant ce qui ressort réellement de cette charte hormis les libertés fondamentales respectés, est la dominance forte du pouvoir royale, d’un retour quasi-totale à l’Ancien régime. Chateaubriand semble alors nier cet aspect dans son exaltation de la charte.

Ainsi l’analyse de la charte de Chateaubriand exalte les bienfaits de celle-ci, compromis parfait dans un temps de crise entre idéologie. Cependant étant conservateur et monarchiste, il semble privilégier l’héritage de la monarchie en omettant la pauvreté de l’héritage des Lumières de la charte. La charte reste tout de même un compromis certes limitée mais qui allie liberté, raison et tradition. Cependant ce compromis tant revendiquer dans la charte et par Chateaubriand va à l’encontre de ce qu’elle voulait produire : la paix, avec la terreur blanche. Cette charte qui voulait satisfaire tout le monde ne satisfera personne (les ultras, les libéraux). Cause de son trop fort aspect compromettant.

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