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Splendeur et misère d’un petit séminaire, C. SUAUD (1976)

Par   •  3 Juin 2018  •  1 880 Mots (8 Pages)  •  669 Vues

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du religieux. Par exemple, ils s’amusent à écrire des textes profanes en s’inspirant des textes bibliques et liturgiques. En voici un exemple (comparaison textes A et B). Les jeunes séminaristes n’ont donc aucune échappatoire. La religion devient pour eux un mode de vie naturelle. D’ailleurs, les séminaristes trouvent que cette institution se caractérise par son atmosphère particulière et ses nombreux rites.

B. L’impossibilité de penser par soi-même

Cependant, cette force est telle que les séminaristes ne sont même plus capables de penser par eux-mêmes ; du moins on ne leur en laisse pas la possibilité. En effet, les jeunes sont formatés à la pensée religieuse. Cela s’illustre par exemple au moment du couché. C’est le seul moment où les élèves sont un peu plus libres d’agir et penser. Alors pour éviter la réalisation de plaisirs considérés comme mauvais, on n’oublie pas de prier avant de se coucher et on conseille aux jeunes d’enrouler leur chapelet autour du cou. C’est un moyen de les dissuader dans la réalisation de leurs désirs notamment sexuels.

En outre, les séminaristes doivent s’autocontrôler et donc se censurer d’eux-mêmes. La pensée de chacun devient commune : la chasteté doit être respectée, l’homosexualité n’est pas naturelle, tout doit être réalisé en vue de Dieu, le désir est malsain… En revanche, on ne laisse que peu voire pas de place à la personnalité de chacun. Cela s’illustre d’ailleurs par la différence des rapports qu’ont les laïcs et les séminaristes par rapport à la religion. L’important pour le laïc est d’assurer son salut. En revanche, pour les prêtres et les séminaristes, le rite devient comme le dit Suaud « un but en soi ». Une attitude exemplaire est donc nécessaire pour les séminaristes.

C. Un pouvoir qui s’amenuise avec le temps

Enfin, le latin, a été enseigné au séminaire pendant très longtemps bien que cette langue ne fût plus d’usage. Cette langue de l’Eglise, a ainsi été le principal objet d’enseignement avec l’histoire et les sciences. Cela maintenait la force du séminaire qui de toute façon était quasiment le seul à pouvoir offrir un enseignement aux jeunes de l’époque. En effet, il n’existait pas d’enseignement autonome du français, il était parfois enseigné mais toujours au profit du latin. Cependant, cela devint pour le séminaire un facteur réducteur. En effet, au milieu du XXe siècle, de plus en plus de personnes ont accès à l’éducation. L’enseignement du séminaire apparait alors progressivement comme un enseignement spécialisé consistant à apprendre la « langue du prêtre ».

Et comme je le disais, dans les années 1945-1950, de plus en plus de jeunes ont accès à l’enseignement, et comme le montre le texte, « l’ensemble des élèves seront autorisés à postuler une inscription au baccalauréat sans subir de sélection préalable », ce qui signifie que de plus en plus d’élèves laïcs vont avoir accès à la connaissance, ce qui va nuire à la supériorité du séminaire ou plus généralement à la supériorité de l’Eglise. On assiste donc à « une crise du fonctionnement pédagogique des séminaires » comme l’évoque l’auteur au début de l’extrait. En effet, on considérait à l’origine que le baccalauréat n’était pas nécessaire pour devenir prêtre. Mais, avec l’éducation de plus en plus abordable cela semble tout à fait impensable pour les religieux que les laïcs puissent avoir plus de connaissances qu’eux. Il devient donc important d’avoir le baccalauréat pour devenir prêtre.

Le pouvoir du séminaire semble donc s’amenuiser mais l’institution parvient malgré tout à toujours s’adapter pour vivre avec son temps.

4. CONCLUSION

Pour conclure on peut dire que le séminaire exerce une force sur les jeunes puisque ceux-ci sont contraints de suivre tout au long de leur formation un bon nombre de rituels religieux. Je cite Charles SUAUD : « La transformation du travail de marquage initial des recrues en un processus continu de remarquage ou, si l’on veut, d’inculcation ». Les différents lieux d’études prennent la forme d’églises. Le texte évoque le bureau qui fait office « d’autel » mais aussi l’entrée en classe qui s’ouvre par un cérémonial.

Les séminaristes accomplissent leur vocation à travers la soumission continue ; puisque ceux-ci sont considérés comme les agents permanents du culte. On peut parler de force car chaque individu s’enferme petit à petit dans un autre monde, un monde purement religieux. Ils sont soumis à une sorte de conditionnement corporel et psychologique, à une force extérieure à eux qu’est la religion.

On peut, suite à l’étude de ce texte, faire le lien avec son titre Splendeur et misère d’un petit séminaire.

« Splendeur » d’une part, car les séminaristes au cours de leur longue formation, ne cessent d’apprendre les vertus religieuses ; chose qui une fois inculquée les rends purs. Ils apprennent à remercier chaque chose qui leur est donnée par des prières, leur façon de se tenir à table ou de se comporter est censée retranscrire la sagesse de Dieu. Ils n’ont absolument pas le droit à l’erreur. SUAUD parle de « régime de vie », de « maitrise de soi continuelle ».

« Misère » d’autre part, car le séminaire les enferme dans un monde clos. A l’abri de toute chose négative. C’est dans ce monastère qu’ils s’éloignent peu à peu des jeunes de leur âge ; ils sont obligés de suivre les règles qui leur sont données. Les séminaristes s’engagent à respecter tout au long de leur vie le principe de chasteté qui les privera du bonheur de l’amour. On parle de misère, puisqu’il n’y a plus de place pour l’expression purement personnelle. Ils ne sont pas libres de leurs faits et gestes.

L’évolution pédagogique en France de Durkheim peut alors être rapproché de ce texte puisqu’ici « l’éducation » se fait par répétition puis intériorisation des règles. De plus, Durkheim explique que l’éducation comme on la connait aujourd’hui trouve ses fondements dans l’enseignement auparavant offert par le christianisme qui est d’ailleurs ici décrit par SUAUD.

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