Sociologie du social et de l'intervention sociale, Isabelle ASTIER
Par Plum05 • 22 Octobre 2018 • 1 559 Mots (7 Pages) • 758 Vues
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de Service Social, Conseillère en
Economie Sociale et Familiale, Educateur Spécialisé, Animateur socio-éducatif, etc.… mais
de façon cloisonnée. Petit à petit, la volonté est que tous agissent pour l’Action Sociale et le
Travail Social, normalement en collaboration, en supprimant les frontières. D’un côté le
travail social commence à être reconnu, d’un autre côté, avec la période économique difficile
que traverse notre pays, les politiques essaient de remettre en question la multitude des
nouveaux intervenants sociaux, auprès desquels pourtant on retrouve une très grande précarité
professionnelle due en partie à la décentralisation et à la multiplication des structures
d’accompagnement social. Toutes ces transformations, malgré la précarité que la société offre
aux professionnels du social, leur demandent de s’adapter encore plus au contexte territorial,
de travailler avec les autres métiers périphériques aux métiers centraux du social, et de
développer des compétences polyvalentes pour accompagner et participer au aider l’individu
dans son cheminement personnel tout en jaugeant de la distance ou de la proximité à installer
avec lui.
Puis, concernant les publics accompagnés par les travailleurs sociaux. Il est important de
remarquer également que les « pauvres » ont fortement évolué depuis les années 50 à nos
jours. La pauvreté consistait en l’absence de travail, de logement, et concernait surtout des
personnes en marge de la société, des « inadaptés sociaux ». Avec le temps, la catégorie des
« pauvres » s’est étendue avec la crise des années 70, et le constat que l’industrialisation de la
société atteignait ses limites d’employabilité et d’expansion, cette pauvreté a commencé à
toucher un peu tout le monde, c’est-à-dire des personnes reconnus dans la société et non
marginalisées. L’insécurité sociale concerne dorénavant des groupes de personnes et non plus
des pauvres.
Le travail social a dû également prendre conscience que la pauvreté représentait un flux
constamment en mouvance, et penser un accompagnement différent pour ces « nouveaux
pauvres » que l’on a considéré comme capable de s’en sortir, contrairement aux anciens. Le
RMI est arrivé dans les années 89, avec pour la première fois une étude quantitative sur la
population bénéficiaire du RMI et les ayants droits. Cette étude avait pour but d’une part
d’évaluer le dispositif RMI et d’autre part de mieux connaitre la réalité des foyers
bénéficiaires du RMI. On se rend compte à travers cette enquête d’envergure, que les atouts
professionnels, la fragilité ou la solidité des liens sociaux, et les difficultés familiales vécues
durant l’enfance participent fortement à la dynamique d’insertion professionnelle. On
commence à parler d’exclusion vers les années 90 et à modéliser le phénomène (modèle
René Lenoir, modèle de Joseph Wrésinki, modèle de l’INSEE) : l’individu subis une forme de
processus d’exclusion qui l’empêche de s’inscrire pleinement dans une démarche, malgré sa
volonté active. Le RSA arrive en 2009 avec la promesse d’apporter un revenu pour les
travailleurs pauvres en plus d’un revenu minimum vital pour les personnes exclues.
Cependant, Isabelle Astier pointe les conséquences assez négatives de ce dispositif : la
dimension insertion disparaît au profit de la dimension professionnelle qui devient la plus
importante. De plus, réellement sur le marché du travail, cela a officialisé les emplois
précaires pour les personnes déjà en précarité qui n’ont plus d’autres choix que d’accepter
cette précarisation institutionnalisée (temps partiels, sous-emplois sans perspective
d’évolution, qui ne laissent pas de temps à la recherche d’un emploi à temps plein …). En
plus de l’aspect professionnel, on demande désormais à l’allocataire du RSA, au jeune en
difficulté d’avoir son projet, d’être autonome et responsable (« discipline de l’autonomie »
d’Alain Ehrenberg) tout en se pliant aux règles de la société.
Les institutions sociales s’organisent donc en fonction de cet objectif de mettre l’usager au
coeur des accompagnements, tout en l’associant d’une certaine façon à définir avec lui les
règles qui régissent l’institution pour tendre vers un accompagnement personnalisé. Mais dans
un même temps au final, c’est l’institution qui s’impose aux individus. Pourtant des études de
R. Castel ou d’A. Ehrenberg expliquent l’importance pour l’Etat de réduire son emprise sur
les individus, et au contraire former les individus dans le but qu’ils aient plus de compétences,
permettant d’éviter au maximum les souffrances sociales. La notion d’empowerment adaptée
sur le territoire français, incite donc les professionnels à s’adapter aux usagers, à leurs droits
mais surtout à leurs besoins
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