Module "Entrer en relation"

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Questionnements : Adèle adopte-t-elle ce comportement avec tous les nouveaux professionnels ?

Que signifie pour elle le fait de me tenir la main ?

Au vue de son très jeune âge, et de son développement psycho-affectif Adèle se situe encore dans le stade sensori-moteur de Piaget. En effet, elle perçoit l’autre comme un objet et non une personne à part entière donc Adèle cherche le contact avec l’objet par l’intermédiaire des sens et des actions en touchant ou saisissant. Aussi, pour instaurer une relation, l’éducateur doit d’abord entrer en relation, instaurer une relation, et être en relation. Il est nécessaire d’instaurer un climat de confiance pour favoriser un meilleur accompagnement éducatif. Ceci est la première compétence qui est exigée à l’éducateur.

• Fait : Pour m’intégrer progressivement lors des temps de travail individuel cette éducatrice me laissait une place plus importante lors des temps de pairing ou vestibulaire. J’allais donc dans une salle spécialisée où il y a un trampoline, une toupie, un œuf et couverture. En fonction du désir et de la demande d’Adèle je l’ai fait glisser sur la couverture ou l’ai fait sauter dans mes bras.

Ressentis : Ces temps m’ont permis d’être davantage dans l’action et de commencer à créer un lien avec Adèle.

Questionnements : Adèle considère t’elle ce temps de jeu comme un réel échange avec l’éducateur même si ce sont des jeux qui très sensoriels avec lesquels ils peuvent s’auto-stimuler malgré le fait que l’éducateur leur permet de tourner, glisser… ?

La relation éducative qui est la base de l’accompagnement, se construit à partir des étapes suivantes : la rencontre, les échanges, les interactions et les liens. Aussi, l’interaction est possible lorsqu’elle s’inscrit dans un climat de confiance et de calme. Également si l’accompagnement est objectif, précis, s’il y a un cadre, une bonne disponibilité, une bonne disponibilité et un respect mutuel. Ces temps de détente sont propices à un climat de confiance car ils permettent à l’usager et l’éducateur de construire un lien en s’amusement. En effet, le jeu a une place importante dans cette construction.

• Fait : Après le regroupement, chaque professionnel prend en charge un enfant, c’est alors qu’une professionnelle indique à Adèle, à l’aide de son emploi du temps et d’un pictogramme qu’elle doit aller aux toilettes. Adèle refusant d’y aller, elle se met à courir dans la classe et se réfugie derrière moi en s’agrippant à mes jambes. Je réagis immédiatement en la détachant et l’emmenant vers la professionnelle avec qui elle doit travailler.

Ressentis : Cette situation me met un peu mal à l’aise par rapport à la professionnelle car je n’ai pas eu un comportement particulier, et celle-ci le sait mais je cherche à comprendre ce qui aurait pu engendrer cette réaction.

Questionnements : Comment qualifier cette marque d’affection que peut me porter Adèle ? Cherche-t-elle à reproduire le contrôle qu’elle a sur maman sur moi ?

Il faut savoir trouver la juste distance pour ne pas effacer la distance ni empêcher la relation. Sinon la relation devient dangereuse. Comme le souligne Salomé, la relation est ce qui va au-delà de la rencontre, peut activer des frustrations à partir d’un manque. Dans cette situation, il est davantage question de frustration puisqu’Adèle était peut-être désireuse de travailler avec moi.

• Fait : Je devais accompagner seule Adèle aux toilettes, elle est d’abord réticente mais se dirige vers les toilettes.

Une fois arrivée et au moment de baisser son pantalon elle se met à pleurer comme à son habitude car elle ne supporte pas être nue mais s’assoit quand même. Adèle se rhabille en pleurant, je décide donc d’appliquer une procédure mise en place en cas de pleures.

En effet, je lui monte un pictogramme mettant en dessin un bonhomme qui pleure barré d’une croix rouge en lui expliquant qu’« on ne pleure pas pour avoir « ce qu’elle désire » » ici le pictogramme lui indiquant de retourner en classe. Je détourne également le regard pour lui montrer que je ne m’intéresse pas à elle. Au bout de quelques minutes Adèle se calme donc je lui donne le pictogramme pour qu’elle puisse retourner en classe.

Ressentis : J’appréhendais le fait de devoir m’imposer à Adèle en appliquant la procédure. Cependant, j’ai trouvé bénéfique de me retrouver confronté seule à cette situation car je ne voulais pas qu’Adèle me perçoive comme simple objet. Effectivement, cela m’a permis de lui montrer que j’avais un statut d’adulte devant détenir l’autorité et non d’objet face à elle.

Questionnements : Le fait de m’opposer pour la première fois à Adèle, peut-il avoir un impact sur la construction de la relation qui est en train de s’établir ?

La relation doit être saine et aidante. Il faut savoir rééquilibrer les positions d’influence pour permettre à la personne accompagnée de s’affirmer mais de ne pas répondre à ses exigences.

De plus nous sommes, quel que soit la relation, dans un rapport hiérarchique donc il est nécessaire à l’éducateur de faire attention aux ressentis, pour ne pas qu’il y est de sentiment de supériorité ou d’infériorité. La personne que l’éducateur aide ne doit pas se sentir inférieure car elle est en position de demande.

• Fait : Elle cherche aussi à me faire des câlins, par exemple lors de l’habillage avant le départ au taxi je m’accroupis pour être à sa hauteur et la guider physiquement pour fermer son manteau, Adèle se jette dans mes bras alors que le moment n’est pas du tout approprié. Je la repousse, donc, en continuant de la guider pour qu’elle ferme son manteau. Une fois qu’elle est prête et assise sur le banc et lui fait un bisou en lui disant que c’est bien qu’elle reste assise.

Ressentis : Au vue de son âge, je n’arrive pas à décerner si Adèle veut réellement me faire un câlin parce qu’à ce moment elle en ressent le besoin ou si c’est un moyen pour détourner mon attention afin que je ferme moi-même son manteau avant de la prendre dans mes bras. Ayant acquis davantage de confiance et de savoir-faire, je n’hésite pas à la repousser et choisis de lui faire un bisou à la fin pour continuer de construire le lien même si je m’oppose à certains de ces comportements.

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