Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme et naturalisme : « Une vie », Guy de Maupassant
Par Junecooper • 5 Septembre 2018 • 987 Mots (4 Pages) • 737 Vues
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réduit à néant, et ce grâce à la maternité. C’est d’abord avec un immense soulagement que ses souffrances s’apaisent après l’expulsion du bébé, « Tout son ventre se vidait brusquement ; et sa souffrance s’apaisa », et dans une semi-conscience, elle sent les médecins qui « lui enlèvent quelque chose », la première sensation qu’elle perçoit de son enfant. Elle entend ensuite un petit bruit, « ce miaulement frêle d’enfant nouveau-né », le premier cri de son enfant, et le second signe de la présence du bébé. Remplie d’une joie immense, toute haine disparue, elle tend la main pour toucher « cet avorton fripé, grimaçant », né prématurément, qui n’a « pas de cheveux, pas d’ongles ». Cette description, faisant du nouveau-né une « larve » plus qu’un humain vient tempérer le bonheur du lecteur et mettre le doigt sur la joie fanatique de la mère, une joie obsessionnelle qui contraste avec sa rage passée en surprenant, voire rebutant le lecteur. Un tel amour pour une telle créature semble paradoxal. C’est à ce moment, au moment où cette femme devient mère que sa vie prend un tournant. Elle pense être à présent « sauvée, garantie contre tout désespoir », et avoir trouvé « de quoi aimer à ne savoir plus faire autre chose ». La découverte de la maternité est donc un tournant dans la vie de cette femme, un changement radical.
En définitif, l’étude de ce texte nous montre un événement important dans la vie d’une femme, Jeanne, qui aurait très bien pu être l’un d’entre nous, dévasté par le ressentiment, la colère et les déceptions. Accablée de souffrance lors de son accouchement, son état d’esprit change radicalement après la vue du bébé et elle se remplit d’un amour fanatique qui paraît vouloir rédiger le restant de sa vie. Décrivant les sentiments de la jeune femme, exprimant une vérité très nette, mais sombre, cet extrait se veut réaliste en exprimant la réalité des gens du peuple, bien moins joyeuse et pure que ce que racontent les récits fantastique, poétiques ou autres. Ce passage montre un tournant dans la vie de Jeanne, où ses priorités vont radicalement changer pour se tourner vers son enfant, sur lequel elle souhaite reporter tout son amour et par ce fait tourner le dos à son désespoir. « Une vie » est le titre de ce récit réaliste, qui exprime parfaitement le but de celui-ci : mettre le doigt sur les tragédies, les espoirs, les bonheurs de personnes parmi tant d’autres, faire voir au lecteur la vie d’une femme à travers ses yeux.
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