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Le lien social est-il nécessairement fragile dans une société démocratique?

Par   •  15 Septembre 2018  •  2 419 Mots (10 Pages)  •  635 Vues

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Puisque le citoyen s'individualise, se particularise, le lien social va avoir une double dimension : c'est à a fois le garant de la protection de l'individu (compter sur) et il satisfait le besoin de reconnaissance (compter pour). C'est la thèse d'Alex Honneth : il montre, dans La lutte pour la reconnaissance que l'individu a un besoin de reconnaissance puisqu'il veut se savoir reconnu par tous, et exister aux yeux des autres, porter ses revendications devant la communauté.

Tocqueville souligne toutefois la faible portée des revendications de l'individu seul. En effet, en démocratie, il n'existe plus d'individus sufisament puissants pour être capable de peser, de porter leurs revendications seuls, d'âgir seuls. Donc, pour faire valoir leurs intérêts, pour âgir, puisqu'il leur est permit dans une société libérale, les individus vont avoir besoin de se rassembler. Tocqueville montre qu'aux Etats Unis, les associations de toutes sortes, qu'elles soient religieuses, économiques, industrielles, culturelles, sont nombreuses, et constituent les acteurs majeurs de la vie sociale américaine. Pour qu'une multitude d'individualités puissent s'exprimer et être entendues, il faut qu'elles se rassemblent en fonction de leurs intérêts dans des associations. Ici la démocratie valorise le lien social et encourage l'action collective.

La démocratie semble ptre le vecteur d'un lien social, d'une dynamique nouvelle. Pourtant, George Simmel écrivait dans Sociologies, en 1999 :

« La culture avancée élargit de plus en plus le cercle social dont nous faisons partie avec

toute notre personnalité, mais en revanche elle abandonne davantage l'individu à lui-même et le

prive de bien des secours et bien des avantages du groupe restreint ».

Il montre la dimension paradoxale du lien social en démocratie, dans le sens où il se trouve d'une part élargit et valorisé, mais d'autre il semble fragilisé par d'autres éléments. C'est ce que l'on va voir dans la deuxième partie.

- La fragilisation du lien social

a) le développement de l'individualisme

Tocqueville va analyser les comportements des individus de la société traditionnelle et ceux de la sociétés moderne. Dans la société aristocratique, les classes sociales sont distinctes, immuables, aucune mobilité sociale n'est permise, la société est hiérarchisée selon un ordre précis : chaque classe entretient des rapports fixes avec une autre, et tout individu d'une classe sociale peut trouver au dessus de lui, un individu dont il a besoin de la protection et en dessous de lui, un individu dont il a besoin de l'aide. Tout individu est dépendant des autres, est lié aux autres. Le lien social est inhérent, nécéssaire à la société et préexiste à l'individu. Au contraire, dans la société démocratique, les individus sont mélangés entre anciennes classes, ils ne forment désormais plus un chaînon d'une longue chaîne ancestrale et immuable, mais des entités particluères de plus en plus autonomes, qui se suffisent à elles même plus facilement. Ils deviennent donc nécéssairement plus ignorants les uns des autres, plus étranger aux autres. L'indivdu va désormais pouvoir développer son intérêt personnel et jouir de ses libertés, se concentrer sur son cercle social restreint (famille, amis, etc).

Marcel gauchet a montré les effets de l'individualisme dans nos sociétés contemporaines. Il disait en 2002 que “les gens sont destinés à se supporter très mal les uns les autres”, parce que l'individu est plus à même de choisir les personnes avec lesquelles il entretient des liens forts, et que par conséquent, la cohabitation, le vivre ensemble avec des anonymes lui semble plus pénibles qu'auparavant. Un exemple marquant de ce repli sur soi est les gated communities, relativements courantes aux Etats Unis.

La montée de l'individualisme couplée au libéralisme, vont faire naître chez la plupart des individus une passion pour leurs intérêts personnels et l'expression de leurs libertés. Mais lorsque leur liberté individuelle est renforcée, et satisfaite par l'Etat démocratique qui oeuvre à sa garantie, la liberté politique et collective s'en trouve affectée.

b) Risques et Conséquences

Un des principaux risques énoncés par Tocqueville, est le despotisme doux ou despotisme administratif : l'Etat démocratique s'occupe de tout pour veiller à l'épanouissement personnel et aux libertés de l'individu. Il représente pour lui un garant de ses libertés dans lequelles il voit son bonheur. C'est ce que l'individu attend d'abord d'un Etat dans une société libérale. Il va donc déléguer la conduite des affaires politiques à une minorité qui se dévoue et le représente Le danger selon Tocqueville est une démission de la sphère politique, et l'apparition d'une nouvelle forme de despotisme, que l'on pourrait qualifier d'administraif : l'Etat pourrait se transformer en tuteur d'un nouveau citoyen modéré, qui se retient, qui ne s'occupe que de ses intérêts personnels pusique cela le satisfait. On peut voir des signes de ce despotisme doux, du désengagement de l'individu dans la société moderne, tant dans les sphères associatives que politiques :

- Les Associations qui regroupent le plus d’adhérents sont désormais celles qui prônent le développement individuel à travers une activité collective (sport, culture) plutot que celles que celles qui défendent l'intérêt commun (religieuses, politiques, syndicats). Pour Jacques Ion, « engagement distancié », les individus veulent bien s’impliquer au sein d’une association à condition de pouvoir garder la maitriser de leurs engagements.

- Comportements politiques des Français: taux d’abstention de + en plus élevé + on ne va voter que si les enjeux du scrutin nous semblent importants, et non plus par principe et par sens du devoir électoral; exemple en 2002 lors des élections présidentielles: au premier tour, seulement un tiers de 18-24 ans vote

En conséquence de ces transformations sociales importantes, dans une société où l'intérêt de l'individu prime sur toutes les instances traditionnelles, on constate une crise des grandes instances d'intégration, de socialisation.

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