La lettre d'Alcuin à Charlemagne (799)

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II- L'affirmation de la dignité royale :

La supériorité de Charles est incontestable (A), et cette supériorité entraînera le couronnement de Charles comme Empereur (B).

A/ La supériorité incontestable du « Rex francorum dei gracia » :

Dans cette lettre, Alcuin écrit enfin : « Vient en troisième lieu la dignité royale de Notre-Seigneur Jésus-Christ vous a réservé pour que vous gouverniez le peuple chrétien. » Il y a donc Charlemagne, Charles le Roi des francs et ALCUIN explique que le véritable défenseur de la chrétienté sur lequel s'appuie l’Église c'est Charles. Lorsque Alcuin dit « Elle emporte sur les deux autres dignités, les éclipse en sagesse et les surpasse. C'est maintenant sur toi seul que s'appuie les églises du Christ, de toi seul qu'elles attendent le salut, de toi vengeur des crimes de guide de ce qui errent, le consolateur des affligés, soutien des bons... » il parle de la dimension réellement religieuse qui entoure Charles. En effet, si l’Église trouve dans Pépin un défenseur de choix, il va trouver en son fils Charlemagne, l'Homme providentiel qu'elle recherche pour unifier la chrétienté. Pour ce faire, il faut l'inscrire dans la continuité de la structure de l'Empire romain qui en son temps avait incarné l'unité de l'Occident et cet universalisme que recherche l’Église chrétienne. C'est exactement l'objet de la lettre d'Alcuin à Charles puisque le seul capable de remplir la tâche du pape ou de l'Empereur c'est Charles. Il est flagrant ici qu’Alcuin place Charlemagne au-dessus des deux grandes autorités de l’époque, le Pape et l’Empereur. En réalité, la chose est plutôt évidente, le pape est faible et dépend entièrement du bon vouloir de Charlemagne pour conserver son trône, et le siège impérial d’Orient est vacant. Alcuin appelle alors son maître à remplir seul les deux fonctions de pape et d’Empereur et lui conseille donc d'entamer une démarche universaliste, impériale pour revendiquer le titre impérial et accéder à l'Empire. C'est ce qu'il va faire et ce dernier sera couronné Empereur le jour de Noël en l'an 800. Ce couronnement a lieu à la basilique Saint-Pierre par le pape a qui lui confère le titre d'Empereur des romains.

B/ Le couronnement de Charlemagne : Le commencement de son règne impérial :

Le couronnement est un rite propre aux institutions de l'Empire romain, en procédant à un couronnement on veut réellement inscrire Charles dans le règne des anciens Empereurs romains. Officiellement se rejoignent deux traditions politiques et juridiques en la personne de Charles. D'une part la tradition hébraïque, biblique, Charles est un Roi sacré ; d'autre part la tradition romaine de l'Empire, Charles est aussi un empereur couronné. La dimension romaine est ici indiscutable et l'on parle de renovatio imperi. Cet Empire romain est censé être le digne successeur de l'ancien empire. Charlemagne est qualifié d'Auguste, titre revêtu par tous les empereurs et qui détient l'auctoritas. Charlemagne se démarque vraiment de Clovis et s'inscrit dans la tradition de la bible mais il est aussi celui qui fait renaître l'Empire et il est amené à être un grand empereur chrétien. Charlemagne reste aussi Charles le Roi des francs. Cet Empire romain restauré aura une forte dimension chrétienne et franque. Charlemagne prolonge, restaure l'Empire mais qui sera de plus en plus perçu comme étant d'abord chrétien puis franc. Un empire chrétien avant tout puisque cet empire a pour fin d'unifier l'Occident. On est dans une idée d'un Empire chrétien et non plus que romain.