L'expérience de la lecture selon Antoine Campagnon.
Par Junecooper • 8 Avril 2018 • 2 835 Mots (12 Pages) • 531 Vues
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La lecture se présente donc comme une expérience double, elle nous permet de sortir de nous même en nous emportant dans un univers imaginaire autre, mais en même temps elle nous fait réfléchir sur nous même en nous révélant des secrets enfouit en nous. L’identification à un personnage permet de mieux se comprendre soi même et de se créer son propre esprit critique.
Mais la lecture est dans certain cas et avec certain lecteur une expérience unique et non une expérience double elle n’entraine pas d’introspection ni de sorti de soi très significative.
La lecture peut alors être une expérience unique de plaisir, le lecteur peut apprécier un texte sans vraiment le comprendre en trouvant par exemple du plaisir dans la sonorité d’un poème ou d’un texte et juste en rechercher la beauté. La poésie du Parnasse par exemple est une poésie qui apparait au XIXème siècle et qui avait pour but de valoriser l’art poétique par la retenue, l'impersonnalité et le rejet de l'engagement social et politique de l'artiste. Le Parnasse apparaît en réaction aux excès lyriques et sentimentaux du romantisme issue de la poésie de Lamartine et d'Alfred de Musset, qui mettent en avant les épanchements sentimentaux aux dépens de la perfection formelle du poème1.Pour les Parnassiens, l'art n'a pas à être utile ou vertueux et son seul but est la beauté. C'est la théorie de « l'art pour l'art » La poésie du Parnasse de part son formalisme et sa recherche perpétuelle du mot rare et de la création du parfait poème entraine le lecteur à être touché par la forme et la beauté de l’œuvre ,mais le message que le poème chercher a transmettre passe au second plan a coté de l’esthétique du poème en lui-même. Le lecteur est touché par la forme mais pas par le contenue. La lecture se présente alors comme une expérience unique de plaisir. Il en va de même pour un lecteur qui lit un poème dans une langue étrangère qu’il ne maitrise pas. Il sera touché par la sonorité, la graphie du texte pourra même le séduire mais jamais il ne comprendra le vrai sens de l’œuvre et se concentrera sur le coté formel est esthétique de l’œuvre. Les enfants s’attache d’ailleurs souvent à cette première approche d’une œuvre, certain choisissent leur lecture en fonction de l’écriture si le texte est écrit gros ou petit, si il y a des images et si la première de couverture leur plait. La première lecture d’enfance est d’ailleurs une lecture d’image et après une lecture de texte. L’enfant s’attache à la forme et l’image qui entour l’œuvre pour après s’intéressé au texte. La lecture d’image initiale peut alors être considérée comme une lecture à part entière puisque l’enfant prend plaisir à se raconter à lui-même une histoire puisque il ne comprend pas encore le texte. La forme d’une œuvre joue donc un grand rôle dans la lecture de cette dernière. Elle peut bloquer la compréhension et le lecteur peut seulement apprécier le texte sans le comprendre. L’expérience du lecteur semble alors unique car il reste en dehors de celle-ci et ne la saisie pas dans sa totalité.
La lecture peut aussi être une expérience seulement empirique, est être utilisé comme simple moyen de compréhension où d’information. Lorsque le lecteur lit un journal c’est une expérience de lecture à but unique, celle de l’information et non un but de rencontre avec un auteur ou pour sortir de son quotidien. L’accès à l’information par la lecture ne marque pas la dualité de la lecture et de déchirement mais elle existe dans un simple but d’acquérir des informations. Les articles des journaux locaux, ou une leçon sur un manuel de grammaire entraine chez le lecteur un simple besoin d’assouvir sa soif de savoir pour mieux vivre dans son propre monde. Ce tipe de lecture amène le lecteur à comprendre sans forcément apprécier ce qu’il apprend c’est la lecture formel. La lecture dite automatique de l’information n’entraine pas non plus une dualité elle est seulement là pour accéder à une information. Lorsque on lit un panneau d’autoroute ou l’enseigne d’un magasin la lecture est automatique et nous accédons directement à l’information rechercher sans vouloir se l’approprier ou prendre plaisir à la saisir, il n’y a pas d’autre but que de comprendre. La lecture peut alors être une lecture simple sans déchirement du lecteur.
Lire peut être une expérience à but unique et ne pas forcément entrainer un déchirement interne du lecteur, qui serai prit dans une tourmente intérieur de cette rencontre entre l’œuvre et lui. La lecture peut aussi être vu comme externe est resté et avoir pour unique but de plaire ou d’informer et ne pas bouleverser le lecteur.
La lecture est donc un acte ambigu et difficile à théoriser, en effet chacun de nous aime certains livres plus que d’autres. Pourquoi? On ne sait pas toujours le dire. Elle est une expérience unique à chacun mais en même temps double par le déchirement qu’elle fait naitre en nous.
Le lecteur peut être vu comme l’écrivain d’une autre histoire à partir de l’œuvre d’un autre. La vie imaginaire du lecteur constitue en effet un travail d’écriture interne symétrique dans sa tête de celui qu’a produit avant lui l’écrivain. Le lecteur ne se contente pas de déchiffrer, il crée, Sartre disait « le lecteur a conscience de dévoiler et de créer à la fois, de dévoiler en créant.” La lecture en effet est une invention, une projection, une recomposition personnelle. Pour chacun de nous les mots ont une histoire différente en fonction de notre vécu ou de notre enfance. Ils renvoient à des réalités différentes, ils portent la marque de perceptions et d’expérience. Chacun de nous possède par ailleurs sa syntaxe personnelle, c’est-à-dire sa manière propre d’articuler les images et les pensées les unes aux autres, selon son propre rythme. Le lecteur devient donc auteur de sa propre expérience de lecture. Alors qu’un auteur nous raconte une histoire nous, nous la répétons en nous même avec nos propres mots. Au théâtre la réécriture des pièces antiques comme Antigone d’Anouilh inspiré d’Antigone de Sophocle témoigne d’une vision personnelle de la pièce. Anouilh qui lit Antigone de Sophocle dans le contexte historique de la deuxième guerre mondial voit dans la pièce l’allégorie de la résistance et décide de la moderniser. Il faire redécouvrir la pièce aux spectateurs du XXème siècle mais avec sa propre lecture à lui. Antigone est réécrite grâce à sa lecture personnelle et sa vision de l’œuvre de Sophocle. La lecture est donc un moyen de réécrire nous même notre propre histoire
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