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L'affaire Grégory Villemin ou l'histoire d'une culpabilité médiatique

Par   •  3 Octobre 2018  •  1 058 Mots (5 Pages)  •  409 Vues

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Parallèlement, les médias mettent en avant une nouvelle image du personnage : bon père, bon employé. On montre un tout autre visage du personnage que celui qui avait été peint précédemment dans la presse. « Il fallait qu’il soit montré innocent ». La presse se divise. Jean Ker de Paris- Match rapporte que le magazine se vantait d’avoir un reporter dans chaque camp : l’un soutenant Christine, l’autre la dénonçant.

Les erreurs de communication du Parquet se multiplient. Ce sont les journalistes qui informent la gendarmerie qu’elle est dessaisie de l’affaire au SRPJ de Nancy. Sur fond de guerre des polices, l’enquête piétine.

Lors d’une soirée passée par les journalistes de match chez le Villemin, Jean Ker, reporter pour Paris-Match fait écouter aux parents de Grégory les dépositions de Bernard Laroche et de Murielle Bolle. Jean-Marie Villemin tue alors son cousin et se constitue prisonnier.

Par ailleurs, les journalistes se lancent dans une course au coupable et recueillent des témoignages en faveur de Christine Villemin. Ils veulent trouver la vérité là où la police s’enlise. « La justice n’y arrive pas, il faut qu’un journaliste y arrive » témoigne Jean Ker de Paris-Match. La pression des rédactions est forte : la concurrence pousse les journalistes vers la course au scoop et entraine des dérives. Ainsi, le nouveau juge d’instruction en charge de l’affaire appelle Jean-Michel Caradec’h, reporter à Paris-Match, convaincu de la culpabilité de la mère, pour lui annoncer l’inculpation de Christine Villemin pour l’assassinat de son fils. Le journal doit paraître le lendemain, la course au scoop pousse le journaliste à publier un article accablant C. Villemin alors que celle-ci n’est pas officiellement inculpée. La mise en examen de la mère de l’enfant n’interviendra que quinze jours plus tard, la justice ne voulant se voir reprocher d’avoir été répondu aux injonctions de la presse.

Une déferlante médiatique de haine envahit alors les journaux. Des articles terrifiants sont publiés sur Christine Villemin, étalant au grand jour sa vie privée et celle de sa famille, au détriment de tout respect des droits individuels. Les journalistes surveillent chacun de ses faits et gestes.

C. Villemin sera ensuite libérée, faute de charges retenues contre elle mais la presse resserre son étau médiatique autour d’elle. Elle sera totalement innocentée par la suite, Une vingtaine de journaux seulement publieront cette information. Un seul fera des excuses.

Cette affaire et son emballement médiatique ont abouti à une réflexion chez certains journalistes. Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment fabrique-t-on du mensonge ? Denis Robert, alors correspondant pour Libération évoque « la passion, l’intérêt financier, la concurrence ». Il dénonce les aspects mercantiles du fait divers « il faut vendre du papier. » Laurence Lacour dénonce pour sa part une « société où l’image a un poids terrible » Serge July, alors patron de Libération n’hésitait pas à évoquer le « fait-divers » du siècle et voulait en faire un « grand feuilleton ».

Cette affaire aura permis à chacun de prendre conscience qu’il doit avant tout rester à sa place. Les journalistes ne doivent pas s’improviser enquêteur, la Justice et la police doivent respecter les secrets de l’instruction.

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