Incendies et les références aux mythes
Par Matt • 8 Juillet 2018 • 1 159 Mots (5 Pages) • 2 127 Vues
...
le courant.
Ce panier s’échoua enfin sur les bords
de la rivière où ils furent découverts par une louve. Elle éleva
les jumeaux en les allaitant et les laissant
s’épanouir. Une fois devenus adultes, ils tuèrent leur oncle
haineux et retournèrent la couronne à son propriétaire
méritant, leur grand—père. Ils décidèrent ensuite de fonder leur propre cité immense et puissante qui devint connue
sous le nom
de Rome. Malheureusement une querelle éclata entre les deux frères pendant la construction de la cité.
Romulus avait fait passer une loi que Rémus décida d’enfreindre et Romulus dut le faire abbatre !
Romulus devint alors le premier roi de la cité qu’il gouverna efficacement pendant de longues années.
2. Incendies
Il est question de gémellité. Jeanne et Simon sont jumeaux tout comme Remus et Romulus.
Jeanne et Simon mis dans un seau devaient être noyés par une nuit d’hiver, mais l’eau était gelée.
Ils sont alors confiés à Malak, << un paysan qui rentrait avec son troupeau ». L’exposition liée à un
cours d‘eau est un motif célèbre que l’on retrouve dans la légende de Romulus et Rémus.
Dans
certaines versions, Réa, la mère des jumeaux aurait même été violée par le dieu Mars durant son
sommeil, dimension qui pourra être rapprochée de la pièce.
Ensuite, l’image du loup est récurrente dans Incendies.
La première de couverture met en évidence cette
figure du loup par le biais de l’illustration de Lino représentant un loup rouge s’abreuvant au sein d‘une femme,
illustration qui sera d’ailleurs
utilisée comme affiche lors de la création de la pièce par l’auteur.
Dans le dessin de Lino, un
loup rouge (seul élément coloré) s’abreuve au sein d’une femme.
La gémellité est effacée mais
l’association fait sens. Charline Grand, l‘une des comédiennes interprétant
le rôle de Nawal dons le spectacle de Stanislas Nordey, reconnaît immédiatement Nawal en train de nourrir
le monstre, Nihad , figure allégorique de la guerre.
On pense ici à la célèbre sculpture de la Louve romaine mais sous une forme inversée.
En effet,
c’est la femme qui allaite le loup et non pas la louve qui allaite les enfants.
La scène 30 a pour titre "Les loups rouges" et dans cette dernière Simon pleure en disant
"C ’est comme un loup qui va venir. Il est rouge. Il y a du sang dans sa bouche". (p.106)
De même, Remus et Romulus sont à l’origine de la construction d’une ville (Rome) alors que dans
Incendies,
il y a plutôt effondrement de villes à cause de la guerre et de la cruauté de
l’homme : à travers les
villages évoqués dans Incendies, ce sont d’autres villes qui s’effondrent,
celles du Liban mais aussi celles de tous les pays en guerre.
Quel sens donner aux références mythiques dans Incendies ?
Mouawad s’inspire donc de ces mythes en les réactualisant : il les superpose les uns aux autres voire
les inverse.
Cela permet de conférer à cette guerre une portée universelle. Nous nous éloignons du conflit
Véritable pour être
au plus près des profondeurs de l‘homme et de sa noirceur. Il ne s’agit pas de
raconter l‘histoire de héros lointains,
mais bien de parler de nous aujourd‘hui.
): D’ailleurs lui-même s’est exprimé sur ce sujet en répondant à la question
d’une journaliste : « J ’ai
besoin de ne pas nommer trop les choses, de laisser une certaine ouverture pour que les
gens ne se
disent pas ’Ah, tiens, c’est sur la guerre au Liban !’. Au fond, ce n’est jamais ça qui est vraiment
important,
c’est surtout un contexte dans lequel évoluent des personnages qui sont pris par des
questions autres, l’amitié, l’amour, la promesse, la mort, les relations humaines... Ce ne sont pas des
pièces qui traitent de la guerre,
ce sont des pièces qui parlent de la tentative de rester humain dans
un contexte inhumain. »
...