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De Gaulle

Par   •  6 Février 2018  •  1 821 Mots (8 Pages)  •  574 Vues

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L’accusateur remettant en question le comportement de l’invalide - « il prétend que je suis insolent, brutal, fort grossier », – ses mauvaises fréquentations : « ma boutique est mal fréquentée ; c’est le rendez-vous d’une bande de fripons », ce dernier se défend d’être un citoyen irréprochable ! D’une part, il rejette l’insolence du côté des riches, car les pauvres ne peuvent pas se permettre de tels excès, « les riches, avec leur argent, payent pour ne pas être inquiétés, mais la gêne contraint les pauvres à la modération ». L’invalide insiste longuement sur l’idée que seuls les hommes forts, riches, jeunes et vigoureux peuvent se permettre d’être insolents. Lui, d’un âge avancé et miséreux, est vulnérable et forcé à être raisonnable. Il n’a plus ni la carrure ni l’âge pour être arrogant !

L’invalide se montre persuasif devant le tribunal car il discrédite les propos de son accusateur, les tourne au ridicule et s’en amuse: L’hypothèse est « d’une invraisemblance plaisante » et d’une totale « absurdité ». Il s’indigne devant le jury et joue la comédie. Son bourreau « essaye, prétend, fait croire que » mais toutes ces accusations ne sont que calomnies. Il en rajoute en opposant les termes « Justement, injustement « / « jeune et fort, vieux et faible ». Sa vigueur était mais n’est plus. Il n’est désormais qu’un vieillard infirme qui s’exaspère de cette situation préjudiciable.

Dans son argumentation (logos), il fait preuve de fermeté et d’arrogance vis-à-vis du tribunal ! La récurrence de verbes conjugués à l’impératif « n’allez, prenez, voyez, enlevez, remarquez, » souligne son comportement insolent alors même qu’il vient de louer son humilité et sa vulnérabilité. Il s’adonne au même jeu de question réponses que dans l’exorde et ne laisse pas le temps de souffler à son public. « N’est-ce pas alors inouï ? », « Est-il rien de plus méchant ? ». Des questions qui résonnent telles des affirmations.

L’invalide finit de convaincre les membres du Conseil – par un appel à la pitié, (pathos) il rappelle sa situation familiale : un père pauvre, une vieille mère à charge – il brosse un tableau pitoyable de son malheur, constitué par son infirmité, encore aggravée par la vieillesse, les maladies et tout ce qui s’en suit ; – il présente dans des superlatifs cette pension comme le seul moyen qu’il a de ne pas sombrer dans la misère :

– il en appelle à la compassion, , « vous avez jusqu’ici eu la réputation d’être très compatissants, même à l’égard de gens qui n’ont pas d’infirmité » ; – il en appelle à la cohérence et à la justice : « quand je n’étais qu’infirme, je touchais déjà cette pension, bien qu’étant plus jeune, et moins accablé par ma situation ».

Le discours de l’invalide est ponctué de propos tantôt sérieux, tantôt ironiques, tantôt pathétiques, tantôt agressifs, un mélange de genres plutôt inattendu qui vise à susciter l’intérêt de l’auditoire et son empathie.

La péroraison § 21-fin

L’invalide revendique sa pension d’invalide et le droit à une existence digne. Il fait preuve de bienveillance à l’égard de son auditoire « mais, je ne vois pas la nécessité (-) de vous ennuyer davantage». Il en appelle à la bonté et à la pitié « le secours que vous m’avez jusqu’ici unanimement accordé », « le secours que la cité m’a accordé. Il réclame la sollicitude, la complaisance du tribunal et sa bienveillance qui se traduit par un pathos sobre et sans emphase avec une rhétorique assurée et affirmée sans détour.

Il rappelle ensuite sa loyauté et son patriotisme envers la Cité, ce qui lui confère un statut de citoyen honorable et irréprochable. « Mais j'étais avec le peuple en exil à Chalcis : alors que je pouvais rester tranquillement dans la cité ».

Enfin, il insiste de nouveau sur sa conduite exemplaire car il n’a jamais créé de tort à quiconque dans la cité « « Ai-je jamais été cause qu'un citoyen, traduit par moi en justice, ait perdu sa fortune signifie qu’il n’a jamais nui. »

Tout comme il fait de nouveau remarquer que son âge et son infirmité ne lui permet absolument pas de se montre arrogant.

Conclusion

La plaidoirie est parfaitement exécutée du début à la fin, parsemée de connecteurs logiques qui permettent de rendre le discours fluide et efficace, notamment par les seize récurrences de la conjonction « mais »qui rythment avec force les objections et réfutations.

L’invalide nous emporte dans sa mise en en scène théâtrale autour de laquelle il s’étonne, s’agace, s’indigne et plaisante autour d’un sujet finalement assez banal.

Si l’argumentation est plutôt convaincante et percutante, il subsiste toutefois un léger questionnement, d’une part, sur sa réelle infirmité puisqu’il se déplace pour aller chez ses clients dans le cadre de son métier et d’autre part sur ses véritables moyens financiers. Il a tout de même payé un logographe pour rédiger sa défense ! A moins que Lysias ne lui ait gracieusement offert sa plume.

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