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Les tables de concordances dans les manuscrits arméniens

Par   •  2 Novembre 2018  •  2 291 Mots (10 Pages)  •  495 Vues

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Par ailleurs, il peut y avoir à l’intérieur des piliers des représentations de rideaux, de grilles, d’arbres de vie, etc.

Les rideaux ont pour sens d’ouvrir la vue, de présenter les tables de concordances.

Les grilles qui sont parfois superposées aux tables font penser aux palais[3].

L’arbre de vie, qui est divisé en deux (une partie à la gauche des tables et une partie à droite) signifie que les tables sont perçues comme étant l’arbre de vie, l’accession à l’Eden.

La signification des encadrements des xoran a été proposée à de nombreuses reprises, par différents auteurs. Parmi ces auteurs, on peut noter Nerses le Gracieux, Grégoire de Thatev ou encore Chnorhali. Les plus anciennes interprétations connues à ce jours sont celles de Stepanos de Siunik (VIIe siècle).

Selon les premiers auteurs cités, les dix tables de canons ont chacune une signification particulière :

- La première symbolise la Sainte Trinité (par un rideau)

- La seconde et la troisième symbolisent les Sacerdoces moyens et ultimes. Selon Grégoire de Thatev, la seconde correspond aux idées de Puissance de Force de Souveraineté, et la troisième à la hiérarchie des Archanges et des Anges.

- La quatrième symbolise pour Chnorhali le Paradis (avec ses quatre colonnes). Selon d’autres auteurs, cette table serait plutôt liée à l’Eglise.

- La cinquième table correspond à l’Arche de Noé

- La sixième est dédiée à Abraham

- La septième et la huitième sont dédiées au « Saint des Saints et à l’autel extérieur de Moïse[4] »

- La neuvième table représente le Temple de Salomon

- Et enfin la dixième et dernière table représente, toujours selon Chnorhali « la plus parfaite Eglise universelle empreinte de sainteté, qui contient en elle-même le mystère de toute chose[5] ».

D’autre part, comme nous l’avons dit dans le chapitre précédent des écrits peuvent accompagner l’ornement des tables de concordances. C’est aussi le cas concernant le cadre. On peut trouver ainsi des messages directement écrits sur les piliers[6].

Enfin, dans le cadre supérieur des xoran, nous trouvons très souvent le portrait d’Eusèbe et de Carpien, mais aussi d’autres personnages liés au sens souhaité –et à l’origine- du manuscrit.

Toutes ces différentiations trouvent pleinement leur sens lorsqu’on aborde le destinataire du manuscrit.

- Différences d’organisation des tables selon les manuscrits

Comme nous l’avons précédemment dit, les manuscrits ne sont pas tous destinés aux mêmes lecteurs.

Les tout premiers ne sont d’ailleurs destinés qu’aux hommes religieux, aux monastères.

Ce n’est que par la suite que le manuscrit aura pour destinataires des personnes autres que les hommes de foi. Dès lors, il sera destiné à des nobles, des rois, des princes, et même à de simples personnes lettrées (pour ces dernières, c’est surtout à partir du XIIIe siècle lorsque la noblesse arménienne est en déça).

Ainsi, suivant la personne à qui est destiné le manuscrit, les représentations, les sens et la lecture sont différents.

Par exemple, la lecture et l’utilisation des tables de concordances sont facilitées si elles ne sont pas destinées à des lecteurs avertis. Ces facilitations peuvent se concrétiser par l’utilisation de demi-cercle regroupant les différents canons[7]. On retrouve par ailleurs des « rappels » tout au long des évangiles, par des enluminures marginales qui indiquent la correspondance des tables. Enfin, certains manuscrits sont dotés de « marque page », bout de tissu permettant une orientation rapide de la lecture.

En revanche, si le manuscrit est destiné à des personnes averties (souvent à des hommes de foi), des informations peuvent être dissimulées au fil des pages. C’est le cas par exemple des mots qui ne peuvent être révélés que par transparence (en lisant par le revers de la page).

Tous ces témoins du temps contenus dans les manuscrits nous montrent à quel point le savoir des monastères arméniens était grand.

- La réalisation des tables de concordances

La réalisation d’un manuscrit concernait beaucoup de monde. Et toutes les personnes qui s’y attablaient avaient des tâches différentes. Ainsi, les tables de concordances n’échappaient pas à la règle.

Cependant, il est à noter que les tâches destinées aux personnes impliquées dans la réalisation d’un manuscrit n’ont pas été toujours identiques. En effet, alors qu’au début de l’apparition des manuscrits, le scribe supportait toutes les tâches, celui-ci fût petit à petit secondé par un autre artisan : le miniaturiste (enlumineur).

De plus, il n’était pas rare qu’un manuscrit fût passé d’un monastère réputé à un autre pour en augmenter la valeur et la qualité.

- Enluminures

Lors de la réalisation des tables de concordances, il y avait une personne dont la tâche était de réaliser les enluminures. Son travail consistait donc à décorer la page par des enluminures marginales, et à réaliser le cadre dans lequel les tables de concordances seraient écrites. Il devait ainsi laisser assez de place pour que la personne suivante puisse noter les correspondances.

Pour la lettre d’Eusèbe, il créait cadre et enluminures en y laissant une place centrale afin que le scribe puisse reproduire la lettre. L’enlumineur réalisait également les lettres ornementées.

- Les correspondances

La personne suivante était le scribe, qui remplissait un tableau en y notant toutes les correspondances.

En ce qui concerne la lettre d’Eusèbe, le scribe écrivait dans le cadre qui lui était réservé par l’enlumineur.

- Relecture

Une fois l’écriture du manuscrit terminée, une autre personne était chargée de le relire afin de corriger les éventuelles erreurs du scribe. Ces corrections étaient alors reportées le plus souvent dans la marge ou en bas de page.

Il

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