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Fiche de lecture : Pour en finir avec l'arme nucléaire Pierre Villard

Par   •  17 Mai 2018  •  2 063 Mots (9 Pages)  •  668 Vues

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Le traité est organisé autour de la non-prolifération, qui vise les États non dotés ; le désarmement surveillé, qui vise les cinq États dotés, et la maîtrise de la technologie nucléaire civile, qui est une contrepartie permettant à toutes les nations de se doter d’une capacité nucléaire civile. En revanche, le TNP ne donne aucune échéance et n’est pas contraignant. Il s’agit de sa plus grande faiblesse. Cependant, le TNP reconnaît, avec l’ONU, la possibilité de constituer des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN). Il s’agit de l’outil le plus crédible pour dénucléariser le monde. Une telle disposition interdit la conception, le stockage et le transit d’armes nucléaires sur sa zone. De la sorte, elle contribue efficacement à lutter contre l’extension d’armes atomiques sur de nouvelles régions du globe. Elles sont très efficaces pour lutter contre le détournement de matières fissiles et les transferts de technologies officieux. Il existe aujourd’hui six ZEAN concernant cent quinze pays. Ces mesures efficaces irritent souvent les puissances nucléaires officielles qui refusent de ratifier les protocoles de ces zones au motif que celles-ci limitent le droit de passage de leurs vecteurs nucléaires.

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Le cadre juridique contemporain étant dressé, Pierre Villard conclut en présentant l’objectif pour lequel il milite : une Convention d’élimination des armes nucléaires. Une telle convention interdirait la production, le développement, les tests, la constitution de stock, le transfert et la menace d’utilisation des armes nucléaires en cinq temps : la levée de l’état d’alerte nucléaire, le retrait des armes déployées hors des territoires nationaux, le retrait des ogives nucléaires des vecteurs, le désarmement des têtes nucléaires et enfin la destruction des silos et le contrôle international sur les matériaux fissiles. Si une proposition de modèle existe matériellement depuis 1997, revue en 2007, il n’en est rien juridiquement à l’heure actuelle. Les États nucléaires y sont farouchement opposés.

Cette convention a pour but de combler les failles du TNP, notamment concernant les échéances du processus d’élimination. Elle permet de définir un calendrier précis et surveillé. Ses rédacteurs se sont inspirés de nombreux précédents parmi lesquels : la Convention sur l’interdiction des armes biologiques ou à toxines (CIAB, 1975, 163 pays), la Convention sur les armes chimiques (1997, 188 pays), le processus d’Ottawa et la Convention d’interdiction des mines antipersonnel (1999, 121 pays) et la Convention sur les armes à sous-munitions (2010, 107 pays).

Ainsi, l’étude de ces modèles met au jour trois principes majeurs pour abolir efficacement l’arme nucléaire : l’interdiction complète, la destruction des arsenaux existants ainsi que l’instauration d’un régime de vérification.

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La mondialisation implique de nouvelles solidarités mais aussi de nouvelles responsabilités. L’insécurité de certains faits, selon l’auteur, l’insécurité de tous dans un monde où le multilatéralisme et l’ONU ont vocation à se développer. En ce sens, continuer à concevoir la sécurité comme un élément national dirigé envers les autres ne peut que développer la course aux armements. C’est pourquoi l’arme nucléaire n’est plus justifiable. La meilleure dissuasion est la satisfaction du besoin de tous. Ainsi l’abolition de l’arme atomique est utopique au sens de Théodore Monod : « L’utopie n’est pas l’irréalisable, mais l’irréalisé ».

Critiques :

L’argumentaire de Pierre Villard possède les défauts de ses avantages. Adoptant d’emblée une posture pacifiste, moraliste et émotive, il s’ouvre plus naturellement aux thèses idéalistes, et tend à récuser celles issues du réalisme.

De manière générale et sur les principes, Pierre Villard hypertrophie l’aspect militaire de l’arme nucléaire au détriment de son caractère politique, bien plus important.

Il s’agit évidemment d’une arme terrible, mais, comme tout outil, elle a été conçue dans un objectif précis. Comme toutes les armes, le sien est de tuer. Il donc est absurde de critiquer l’objet et non son créateur. Bien que l’idéal de l’auteur soit séduisant, il est sans doute plus réaliste d’envisager un cadre surveillant et encadrant l’usage de l’arme nucléaire plutôt que son abolition, qui semble difficilement réalisable.

Par ailleurs, peut-être existe-t-il une contradiction dans le fait de vouloir abolir l’arme nucléaire par le droit, alors que nombre d’États qui la possède la voient comme le dernier rempart pour le faire respecter, qu’il soit national ou international.

L’hypertrophie de l’évidence occulte les questions plus triviales mais plus pertinentes. La question de la pertinence de la présence du Royaume-Uni au Conseil de Sécurité de l’ONU si celui-ci, non seulement divisé, venait à perdre, même momentanément, l’arme nucléaire après le référendum sur l’indépendance de l’Écosse révèle que cette arme est avant tout levier de puissance diplomatique.

L’arme nucléaire est un facteur de crédibilité, dans sa théorie et souvent dans sa pratique, elle est davantage un simple instrument plutôt qu’une arme réelle. Ainsi, il faut souligner que les États dont les candidatures à un siège au sein du Conseil de Sécurité sont moins sujettes à débats sont soit des États nucléaires comme l’Inde, soit des États dits du seuil, comme l’Allemagne, le Japon et sans doute le Brésil. Cela témoigne de la force politique qu’implique l’arme nucléaire.

De manière plus précise et sur le fond, le concept de dissuasion, tant décrié pour son coût et son inutilité, est selon Le Dictionnaire de Stratégie Militaire, un « mode préventif de stratégie d’interdiction se donnant pour but de détourner un adversaire d’une initiative en lui faisant prendre conscience que l’entreprise qu’il projette est irrationnelle ». L’efficacité de la dissuasion repose sur la stratégie de non-emploi ; elle ne réussit que si les moyens nucléaires ne sont pas utilisés, ce qui laisse aux parties l'opportunité de trouver un accord politique ou de conserver le statu quo. Dès lors, la nécessité de crédibiliser en permanence la dissuasion devient plus compréhensible. En effet la dissuasion dépend de sa crédibilité, autrement dit de la certitude induite chez l’adversaire que son action serait effectivement contre-productive.

Ainsi, affirmer l’inutilité

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