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La Vierge et l'Enfant entourés d'anges de Quentin Metsys

Par   •  19 Août 2018  •  2 442 Mots (10 Pages)  •  580 Vues

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Du fait que le format de l’œuvre soit moyen (54.5x37.5 cm), les détails à partir du second plan sont infimes et très méticuleusement figurés, notamment lorsqu’il s’agit de l’architecture.

La posture de la Vierge tenant dans ses bras repliés l’Enfant Jésus crée un triangle isocèle renforcé par la position des anges. De plus, dans le second registre de l’œuvre se trouve Dieu le père, placé exactement au-dessus de la Vierge et Jésus. La place qui lui est accordée dans l’œuvre consolide sa géométrisation en triangle, dont Marie serait cette fois en plein centre.

Cette géométrie est fortifiée par les quatre colonnes du premier et second plan qui forment des lignes verticales.

L’œuvre met en place la perspective frontale : le visage de Marie serait le point de fuite, presque au centre de l’œuvre, dont toutes les lignes émergent pour créer l’effet de profondeur architecturale. Cette profondeur est d’autant plus marquée par la zone centrale sombre et le paysage en arrière-plan droit qui donne une impression de grandeur infinie. De plus, l’espace architectural de l’œuvre est en continuité avec l’église Saint-Pierre de Louvain, dont on aperçoit un fragment en arrière-plan gauche ; la voûte abritant la Vierge pourrait être une chapelle, ou une aile rattachée à l’église.

La perspective est ici utilisée pour servir un discours théologique : en effet la Vierge est placée au premier plan au centre de l’œuvre, prenant presque tout l’espace. Elle domine la scène de par sa taille qui fait d’elle la plus grande de tous les personnages présents. Le premier plan symbolise le divin, le sacré. Au second plan se trouvent les anges, plus petits, reculés derrière la Vierge. L’Enfant Jésus, qui pourtant est plus petit qu’eux, ne s’en trouve pas moins haut dans les bras de sa mère. Les anges semblent comme des enfants à côté de la Vierge et Jésus et deviennent l’intermédiaire entre le sacré et le terrestre. Enfin, les derniers personnages présents sont ceux se trouvant à l’arrière-plan gauche de la scène, dans le chœur de l’église Saint-Pierre de Louvain. Il s’agit des Hommes symbolisant la condition humaine. Ils sont figurés de manière minutieuse car ils sont très petits et éloignés de la scène principale. Ils expriment le caractère terrestre, inférieur au divin. La perspective exprime donc une gradation entre l’humain et le divin, par laquelle le sacré est clairement mis en avant.

- Inscriptions spatiales et plastiques

Tout dans l’œuvre est mis en place pour mettre en avant la Vierge.

La lumière du premier plan vient du manteau blanc immaculé de Marie : la blancheur intense qui émane de l’habit marial illumine toute l’architecture et les personnages présents aux côtés de la Vierge. Cette clarté est d’autant plus éblouissante qu’elle contraste avec la partie centrale derrière Marie, plongée dans l’obscurité. La luminosité veut mettre en avant la Vierge, reine du Ciel, lumière de la foi et émissaire de l’Eglise catholique.

L’arrière-plan amène également de la lumière par les deux parties qui le composent : le chœur de l’église de Louvain, tout en dorures, apporte une luminosité flamboyante alors que la fenêtre ouvrant sur le paysage extérieur engendre la clarté tamisée d’un ciel azur.

Les couleurs servent quant à elles de métaphore liturgique : la blancheur éclatante du manteau de la Vierge exprime la pureté, la divine virginité de Marie et également l’Absolue Perfection de Dieu. L’or des broderies du manteau symbolise la lumière qui se manifeste, qui éclaire, comme une image de la Révélation Divine. Le bleu très clair du linge enveloppant l’Enfant Jésus fait référence au Christ, fils de Dieu le Père. Cette couleur exprime également le Ciel, souvent attribué à Marie. Le rouge des vêtements des anges symbolise la charité divine mais également le sacrifice de Jésus : le rouge rappelle le sang du Christ, versé pour le monde.

Les couleurs des vêtements des personnages matérialisent les grandes étapes de la vie du Christ : Jésus envoyé comme le Fils de Dieu symbolisant la Révélation Divine, mourra par amour pour les Hommes.

La fourrure, l’or et les perles que porte la Vierge soutiennent la notion de majesté que veut exprimer l’artiste pour Marie.

L’œuvre apporte des détails très minutieux qui indiquent sur la facture de l’artiste. En effet, tout un jeu sur les textures est visible : les colonnes du premier plan dévoilent une reproduction méticuleuse et naturaliste du marbre.

Les colonnes bordant l’œuvre révèlent quant à elles un véritable travail sur la transparence.

Le cadre peint en doré, est volontairement écaillé pour donner un effet altéré.

La représentation architecturale tente de rester le plus fidèle possible à la réalité : les statues et décors en pierre sont lisses et polis. Les dorures des colonnes ou du chœur de l’église en arrière-plan, les verreries, les plis des vêtements ne sont que plus de détails infimes qui renforcent la notion de réalisme, si chère aux primitifs flamands.

Le grain de peau lisse et diaphane de la Vierge, son regard tendre, ainsi que la finesse de ses cheveux apportent une douceur pure et maternelle qui veut ramener Marie à la notion d’humanité.

Le spectateur se sent indéniablement proche de l’œuvre. L’Enfant Jésus apparaît comme admoniteur et inclut par son regard toute personne extérieure, comme un témoignage de l’humanité du Christ. La Vierge et l’Enfant entourés d’anges fait d’une scène sacrée un élément de prière quotidien pour la condition humaine. Cette œuvre contribue à humaniser une scène divine, ce qui explique qu’elle fut certainement commandée pour le contexte privé.

- Analyse contextuelle

- L’Humanisme renaissant

Comme il était souvent le cas à la Renaissance, cette œuvre a certainement été commandée pour un particulier, bien qu’il n’existe pas de preuves sûres.

La privatisation d’œuvres sacrées était courante et apporte une certaine iconographie : comme le montre La Vierge et l’Enfant entourés d’anges, tout est fait pour que le divin soit le plus humanisé possible en le rapprochant du réalisme de l’époque. Habillés à la mode flamande ou renaissante, les personnages divins

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