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Hans Haacke et le paradoxe de l'art institutionnel

Par   •  20 Septembre 2018  •  2 803 Mots (12 Pages)  •  522 Vues

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En 1975, Haacke met en place une de ses installations les plus mémorables s’intitulant On Social Grease. Le titre est tiré du discours d’un chef d’entreprise à la tête d’un des plus grandes compagnies mondiales de pétrole. L’oeuvre se compose de six plaques métalliques gravés, avec des citations de ces business leaders et d’autres importantes figures dans le monde de l’art. Ces plaques expriment les opinons sur le système d’échange entre musées et entreprises, portant une attention particulière à l’importance des arts dans la pratique des affaires. Un certain cynisme transparait à travers ces plaques, adhérant à ceux qui s’opposaient contre l’idée du corporate sponsorship et du trafique néo-liberal entre l’art et le commerce. Pour Haacke, la relation qui existe entre musées et corporate sponsors est celle d’un échange et non pas seulement d’un appui financier. Il écrit à ce propos:

7.>>

La transition de cet appui pour les arts, qui se faisait auparavant par le sponsorship, est un développement assez récent, se basant sur le capitalisme global qui a caractérisé notre milieu culturel, social et économique pour aux moins les trente dernières années. Le capitalisme est étroitement et proportionnellement lié au pouvoir. Les musées ayant reçu un capital financier ont plus de moyens d’organiser de grandes expositions et de vernissages et ainsi, vise une audience beaucoup plus large. Ainsi, ils sont capable d’élargir l’idée du respect culturel à leur égard. Pierre Bourdieu ajoute que 8.>>, créant ainsi un cercle vicieux.

Il est aussi intéressant de se mettre à la place d’un participant actif de ce système afin d’avoir une perspective interne de la chose. Damien Hirst intervient dans ce cas-ci comme un figurant avec son oeuvre “The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living (1991).” Acheté par Steve Cohen en 2004 pour une somme estimé à environ $8 millions, cette oeuvre est exposée au Metropolitan Museum of Art. Il est à noter qu’alors que les institutions publiques telles que le Tate Museum n’avaient pas les moyens d’acheter les oeuvres de Damien Hirst, le Met a pour sa part exposé l’oeuvre sur un prêt de Steve Cohen. Tout d’un coup, le collectionneur agit en tant que conservateur de musée. Les critiques supposaient que l’exposition au Met serait une stratégie afin de faire grimper la valeur de l’oeuvre mais en fait, c’est tout à fait dans le sens opposé que fonctionne l’oeuvre. Roberta Smith du NY Times écrit dans un article annonçant l’arrivée de l’oeuvre au Met,

13. >>

Comme le démontre ses oeuvres, Hans Haacke est un exemple de la critique institutionnel. Le but de Haacke est de critiquer les pratiques institutionnelles, pratiques qui voilent la relation > entre les institutions. En usant de la stratégie les musées cachent leurs relations afin de mieux consolider ces relations8, tandis que Haacke, à travers ses tactiques, décode leur pouvoir en trouvant et en dévoilant des points dans leur réseau qui passeront sans remarque autrement, grâce à leur stratégie de dissimulation. Les musées sont loin d’être culturellement autonomes aussi bien que les corporations sont plus que de simples patrons artistiques. Les oeuvres de Haacke dépourvoit l’autonomie culturel et l’expérience esthétique autonome du musée. Frédéric Jameson, critique littéraire Américain et théoricien politique marxiste, écrit10:

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Après avoir vu une installation de Haacke, la nature d’une oeuvre traditionnelle en tant que commodité est soulignée. Jameson ajoute,

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Dépourvu du statut institutionnel, le musée devient un espace relationnel et quasiment banale de la vie de tous les jours. Ainsi, Haacke parvient à décrédibiliser le musée.

Il remet le public en tant que spectateur constamment en question, l’incitant à tirer sa propre conclusion par rapport à ses oeuvres afin qu’il réalise qu’il n’existe pas d’exposition au musée représentant de vérité objective et prédisposée. En fait tout est arbitraire et dépend des décisions personnelles ou institutionnelles comme celles de l’artiste14. En 2001, Haacke participe au Give +Take, une initiative entre le Victoria and Albert Museum et The Serpentine Gallery avec son installation Mixed Messages. L’installation s’agit d’une juxtaposition d’objets faisant partie de la collection du musée et défie les conventions en ce qui concerne son exposition en ignorant les principes traditionnels tels que l’étiquetage, la symétrie et l’alignement des oeuvres.

Par exemple, la juxtaposition d’un grand tableau de la salle 1851 Great Exhibition contrastant avec un tableau figurant un occidentale à la chasse aux tigres dans le sud de l’Inde ou même une poupée datant du 19ème siècle dotée de membres interchangeables (et qui peut donc être assemblée comme une poupée noire ou blanche), évoque des sujets tels que les attitudes raciales et le colonialisme. Haacke met l’emphase sur l’importance de son intervention en commentant que

What museums should perhaps do is make visitors aware that this is not the only way of seeing things. That the museum – the installation, the arrangement, the collection – has a history, and that it also has an ideological baggage14.>>

Il vit aussi à travers son art et ses idées puisqu’il adopte des principes différents des autres artistes contemporains. Pour se différencier, Haacke évite de se faire photographier en partant du fait que les artistes sont souvent idolâtrés. Il est aussi connu comme étant le seul artiste utilisant des contrats de ventes radicales allouant à l’artiste plus d’influence dans le monde de l’art comme le droit de veto sur les lieux d’expositions et une redevance de 15% de la valeur appréciée quand l’oeuvre est revendu.

Malgré le fait que son travail sert à exposer au public les manigances des institutions de l’art, Hans Haacke n’y échappe pas puisque afin de faire son point, il doit passer par ces mêmes institutions. D’ailleurs, au cours des dernières années, plusieurs musées Européens collectionne ses oeuvres.9 Au lieu de les rendre furieux, ces institutions ont maîtrisé l’art d’absorber les critiques de Haacke à travers ses oeuvres. Pourquoi donc cette faveur? D’où vient donc son talent de se faire accepter par les institutions? Probablement parce que Hans Haacke est l’un des pionniers de la critique institutionnelle et que la nature même

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