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Analyse des fresques L'Eplattenier, Chaux-de-Fonds

Par   •  12 Novembre 2018  •  2 450 Mots (10 Pages)  •  650 Vues

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L’œuvre, symétrique, se scinde en deux par un brasier (Ill. 6) dont les flammes flamboyantes, aux tons jaunes et bleus s’élèvent verticalement, vers un soleil dont seule la moitié inférieure est visible. Il est ici représenté dans un ciel sombre, semblant indiquer que c’est la nuit. Il y a donc une opposition ici entre deux choses qui ne peuvent apparaître simultanément. Ce soleil apparaît dès lors comme le symbole d’un jour nouveau. De par et d’autre du brasier, des flammes s’élèvent également vers ce soleil, non pas verticalement, mais en ondulations, rendant ce voyage plus doux. Les flammes se transforment peu à peu en corps nus de femmes et d’hommes. Mi-flammes, mi-humains, ces douze entités symbolisent un passage, celui du passage de l’âme dans l’au-delà. Le corps n’est plus, mais l’âme reste.

Au-travers de ce titre évocateur, c’est un sentiment de paix qui émane. Il s’agit, comme pour l’œuvre qui lui fait face, d’une allégorie de la vie et de la mort.

Une fois encore, Charles L’Eplattenier a pensé cette œuvre en termes de symboles. Cette ambiance symboliste est renforcée lors des cérémonies par la présence irréelle de la musique provenant de l’harmonium en partie caché par l’œuvre.

Cette fresque se démarque des trois autres par le mouvement qui en émane. Effectivement, le regard suit le voyage de ces âmes dans l’au-delà, au contraire des autres, figées dans un instant. Orientée à est, c’est-à-dire au soleil levant – que l’on voit en arrière-fond de l’œuvre – cette peinture symbolise le début d’une nouvelle vie. A nouveau, pour accentuer cette idée de passage, la scène se déroule dans un registre mi-terrestre, mi-céleste.

En ce qui concerne le face à face entre les deux œuvres – La Mort, la Douleur et la Paix et La Purification par le Feu –, une logique de répondant opère. Les lignes directrices des deux œuvres sont opposées. Si la composition tripartite est semblable aux deux, dans la première œuvre, l’œil est en premier attiré par la figure centrale, la Paix, puis sur ses deux bras, ouverts, qui dirigent ensuite le regard dans un mouvement descendant, pour arriver sur les corps défunts, puis sur l’homme et la femme, tous deux effondrés aux pieds de ces corps étendus. Les lignes directrices dessinent une pyramide, avec à son faîte, la Paix, trônant, et derrière elle, un arbre dont l’agencement des feuilles forme la partie supérieure d’un demi-cercle.

Avec La Purification par le Feu, l’œil est attiré par le brasier duquel les flammes ondulantes partent sur la gauche et sur la droite. Ainsi, les lignes directrices forment une pyramide renversée. Le soleil est représenté dans sa moitié inférieure. Ensemble, les deux œuvres se complètent. Les deux moitiés de cercles se rejoignent pour n’en former qu’un et les deux droites directrices forment un losange.

Ce répondant entre les deux œuvres renforce le lien qui existe entre elles. Le premier, l’allégorie de la vie et de la mort, est présente dans toutes les deux. Mais l’idée de passage de la mort à la vie est plus forte dans La Purification par le Feu. Etant la dernière œuvre à laquelle le spectateur fait face, l’allégorie de ce passage, symbolisée par les corps faisant un avec les flammes, est claire et il clôt la mise en scène opérée dans la salle de cérémonie.

III.II.III Paroi sud : Le Silence

Cette œuvre est de plus petites dimensions que les deux précédentes qui occupent toute la longueur du mur. Elle le sépare en deux parties équivalentes. De chaque côté de la fresque, des vitraux se déploient, aux vitres épaisses, aux entrelacs charnus, ne laissant passer que peu de lumière. L’allégorie du Silence (Ill. 7) trône sur un socle de pierre, le regard franc, face au spectateur, son index gauche au niveau de sa bouche, invitant à garder le silence, alors que de sa main droite, elle tient fermement une urne contre elle. Le Silence est vêtu de draperies blanches et a les pieds nus. De toutes les figures représentées dans les œuvres, c’est la seule qui a les yeux ouverts, toutes les autres les ayant fermés, ou alors ayant le visage caché.

De chaque côté, des buissons feuillus aux petites fleurs blanches sont représentés. Derrière ceux-ci, à distance égale du Silence, deux colonnes cannelées se dressent, dans l’ambiance nocturne de la scène. Ces deux colonnes portent chacune une urne funéraire en guise de chapiteau. Ces éléments architecturaux insérés dans la scène sont à nouveau des symboles du passage d’un monde à l’autre. Cette impression de passage du monde des vivants au monde des morts est d’autant plus accentuée avec le placement d’urnes en guise de chapiteaux.

A l’arrière-plan, nous pouvons voir d’autres arbres, baignés dans la pénombre de la scène. Cette atmosphère nocturne invite au silence, au recueillement, en même temps qu’elle inspire une légère angoisse dû au mystère s’en émanant. En mettant tous ces éléments ensemble ; la nuit, le titre de l’œuvre, le passage d’un monde à un autre, le mystère avec le symbolisme utilisé par Charles L’Eplattenier pour sa réalisation, cette œuvre symbolise l’inconnu face à la mort. Tous les apparats peuvent être utilisés et mis en place lorsque l’on se trouve confronté à la mort. Mais personne ne peut la connaître avant d’en faire l’expérience. Le fait que l’allégorie tienne fermement une urne contre elle, légèrement cachée derrière son voile, ressemble à quelqu’un qui voudrait garder quelque chose pour elle, précieusement. Le geste de demande de silence qu’elle fait ajoute à ce mystère, comme si elle gardait un secret.

Cette œuvre est la seule des quatre à être sur toile. Effectivement, suite à une détérioration de l’originale, elle fut refaite en 1937. A ce titre, une série de huit esquisses au fusain, une huile sur carton et plusieurs croquis répartis dans des carnets de notes sont témoin de l’élaboration de ce travail. Ces documents se trouvent dans le Fond L’Eplattenier[2], Bibliothèque de la Ville tiroirs 3 et 14.

III.II.IV Paroi nord : La Lampe du Souvenir

L’allégorie du souvenir (Ill. 8) se trouve sur la paroi nord de la salle de cérémonie, faisant face au Silence. Représentée par une figure féminine, également vêtue de draperies blanches, les cheveux couverts d’un voile, elle tient posée sur ses genoux une petite lampe à huile dont la flamme d’un jaune orangé, d’une douce chaleur, vient éclairer son visage depuis le bas.

Les

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