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Etude d'un film: Beaumarchais l'insolent

Par   •  20 Novembre 2018  •  2 618 Mots (11 Pages)  •  616 Vues

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La deuxième scène que je vous propose est celle où Beaumarchais comparaît devant le Parlement de Paris, le 26 février 1774, à propos de l’affaire Goëzman qui se solde par un blâme et une interdiction pour Beaumarchais d’exercer une activité publique. Dans l’extrait, la l’argumentation de Beaumarchais face aux accusations du juge est ici de prendre prétexte de son cas, pour dénoncer les inégalités et injustices de la société d’ordres dont le juge Goëzman et le comte de La Blache sont les représentants : lettre de cachet, corruption et incompétence des ministres et de la justice. Beaumarchais se fait ici le porte-parole du tiers alors même qu’il n’en incarne que la partie minoritaire, la riche bourgeoisie. En effet, la deuxième scène proposée évoque un épisode célèbre de la vie de Beaumarchais, ses démêlés avec la justice dans le cadre de l’affaire de l’héritage du financier à la Cour, J-Paris Duverney, que récupère Beaumarchais, au titre d’associé. Cet héritage est vigoureusement contesté par le comte de La Blache, légataire universel de Duverney. S’ouvre alors un procès gagné en première instance par Beaumarchais en 1772. Mais, en 1773, Le Comte de La Blache fait appel devant une cour souveraine, le Parlement de Paris. L’affaire est confiée au juge Goezman que Beaumarchais tente de soudoyer indirectement par l’entremise de son épouse à qui il offre une montre et cent louis, mais le rapporteur conclut à la nullité de l’acte passé entre le financier et Beaumarchais, ainsi accusé de faux, alors qu’il est déjà emprisonné pour l’affaire du duc de Chaulnes. Par cette affirmation, le juge Goëzman témoigne de son attachement au principe fondamental de la société d’ordre, celui de la naissance et du sang. L’achat de charges anoblissante est une imposture selon lui. La noblesse est bien plus qu’un titre ou de l’argent, c’est un héritage et une culture pour le juge Goëzman. Mais cela montre aussi une autre facette de l’époque à savoir que la justice ne favorise et ne valorise que les plus puissants. En effet, la justice est un moyen durant le XVIIIème siècle de faire taire ceux qui nuiraient à l’Etat et plus particulièrement aux hautes classes. Beaumarchais décide de réagir, depuis sa prison, en répandant dans Paris un bruit selon lequel il aurait versé au juge Goezman cent louis pour seulement obtenir une audience. Le juge Goezman réagit alors en intentant un procès à Beaumarchais pour calomnie. Celui-ci, ne trouvant d’avocat pour le défendre, décide de plaider lui-même sa cause et publie alors Mémoire à consulter en septembre 1793 qui rencontre grand succès de librairie grâce au talent d’écriture de Beaumarchais, relatant les faits comme une pièce de théâtre. Le débat devenu public force les portes des salons et permet à Beaumarchais de faire connaître ses talents littéraires. Néanmoins, Goezman étant proche du Duc d’Aiguillon, Beaumarchais est condamné au blâme, c’est-à-dire à la perte de ses droits civiques. Beaumarchais confronte ainsi l’idée que l’institution que représente le juge se soucie moins de la vérité que de la protection de ses privilèges. Cependant, l’avènement de Louis XVI lui permet de reprendre le procès et d’obtenir en 1776 l’annulation de la sentence et réussit en 1778 à faire condamner La Blache. Beaumarchais est ici aussi un représentant des Lumières car il prétend parler, pour sa défense, au nom de la vérité et de la justice, principes défendus par les philosophes mais aussi de la bourgeoisie car il incarne à lui seul, face au juge et au comte, la puissance de l’argent (qui lui permit d’acheter son titre et de soudoyer le juge pour obtenir une audience) ainsi que du talent, celui d’écrivain (« j’affabule parfois, c’est aussi mon métier, mais jamais au prétoire », réplique de Beaumarchais extraite du livre de J.Claude.Brisville, page 54)

Ce film nous a permis de connaître d’autres facettes de Beaumarchais et notamment sur sa vie. En effet, Beaumarchais a exercé d’autres métiers tels que trafiquant d’armes ou encore juge. Il nous dévoile aussi le côté charmeur et flatteur de ce dernier. Fabrice Luchini nous joue un Figaro dynamique, intelligent, rusé, et plus encore manipulateur. Edouard Molinaro nous jette dans les mille péripéties de la vie mouvementée de Beaumarchais, se mêlant aux intrigues de la Cour afin de vivre la magie du théâtre. Nous pouvons alors faire un lien avec le monologue de Figaro de la grande comédie Le Mariage de Figaro. Dans ce monologue, comme dans les deux extraits du film, Beaumarchais s’en prend à la société d’ordres et dénonce le principe sur lequel elle est fondée, la naissance et sa cohorte de privilèges. En tant qu’homme des Lumières, il défend ici le talent, fruit des études et du travail. Il dénonce également la censure qu’il a lui-même subi, notamment pour cette comédie. La tirade qui les illustre le mieux et témoigne de la double appartenance de Beaumarchais à la bourgeoisie française de la fin du XVIIIème siècle et au mouvement des Lumières est une des plus célèbres de la pièce :« Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! Noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ». Ce monologue de Figaro s’inspire quelque peu de la vie de Beaumarchais dans la mesure où Figaro a exercé maints emplois comme lui : horlogers, professeur de musique, financier, juge, marchands d’armes et écrivain. Comme Figaro, il s’est heurté à la censure du pouvoir et aux mépris des puissants.

Conclusion : Molinaro décide de retenir pour son film différents aspects de Beaumarchais et surtout de son époque. Il décide de mettre à la vue de tous les principes défendus par Beaumarchais durant toute sa vie, à savoir le symbole d’un changement de paradigme de la société d’Ancien Régime et une justice corrompue d’Ancien Régime. D’après le premier extrait étudier, Beaumarchais est à la fois un représentant de la bourgeoisie française du XVIIIème siècle par sa volonté d’ascension et de reconnaissance sociale exprimée au travers de l’achat de sa charge de juge mais également des Lumières par son attachement à des principes novateurs tels l’égalité de tous devant la loi et le respect de la propriété. D’après le second extrait, Molinaro décide de montrer tout comme Beaumarchais, une société corrompue qui se reflète à travers la justice, une société basée sur une hiérarchie sociale ou les plus puissants ont tous les droits comme nous le montre le procès de ce pauvre paysan nommé Mouillot. Ce film dévoile des aspects méconnus de sa vie comme son

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