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Canaletto, La place Saint-Marc vers la basilique

Par   •  13 Septembre 2018  •  1 704 Mots (7 Pages)  •  526 Vues

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La rigueur quasi scientifique dans le rendu des détails et de l'architecture est une caractéristique que l'on attribue au peintre, tout comme celle de la recherche d'une luminosité intense. En effet, Canaletto accorde une place particulière à la lumière et aux effets atmosphériques. La place Saint Marc est investie d'une lumière qui la met en valeur. Si on le compare une autre vue que le peintre a réalisé quelques années auparavant (1723), la différence est flagrante. .

C'est une vision sereine et rigoureuse qu'illustre Canaletto, la lumière reste claire et nette et limpide, à la différence du premier tableau où celle-ci est plus accentuée et menaçante. Ce bain de lumière qui inonde la place embellit et met en valeur la perspective et restitue les détails avec précision. Le contraste entre les zones d'ombres et les zones éclairées par le soleil s'en trouve également accentué. Le style de Canaletto a sensiblement évolué à partir de la seconde moitié des années 1720, vers un meilleur rapport à la réalité. Cette conquête de la lumière se retrouve également chez d'autres peintres vénitiens du XVIIIe tel que Gambastista Tiepolo, qui glisse vers un style de plus en plus lumineux. Pour André Corboz, cela ne serait pas sans lien avec la publication, par Isaac Newton en 1704, d'un ouvrage, dans lequel il exposait ses théories scientifiques de la lumière notamment celle de la décomposition de la lumière. Canaletto développe donc une nouvelle façon d'appréhender la vue et se démarque de ses prédécesseurs en accordant une place particulière à la lumière qui confère à ses toiles un certain côté poétique.

La précision et la complexité de l'architecture associés avec cette lumière accentue l'impression de réalité. Toutefois, Canaletto ne se livre pas à une reproduction mécanique du paysage urbain, il le réinvente par son regard. Toujours selon André Corboz, « ce peintre n'est nullement une espèce de photographe avant la lettre, mais au contraire un manipulateur systématique de ce qu'il représente »[3]. Canaletto rechercherait un effet de réalité d'un point de vue pictural plus que la réalité en imitant ce qu'il voit, pour cela il ajoute des éléments, les ajuste et y place une lumière quasi irréelle.

Un peintre qui exporte

Ce souci d'une réalité idéalisée que nous avons évoquée peut s'expliquer le fait que ces vues soient destinées majoritairement aux voyageurs et que cela résulte peut-être de la demande et des goûts des amateurs. Canaletto a, sans aucun doute, profité de cette clientèle, pour faire fructifier ses affaires. C'est sa relation avec John Smith qui va véritablement le lancer sur le marché. Grâce à son statut de consul britannique à Venise, l'homme est influent, notamment auprès des voyageurs anglais effectuant leur Grand Tour. Bénéficiant de son influence, Canaletto reçu ainsi de nombreuses commandes du monde anglo-saxon. Peu d’œuvres sont d'ailleurs conservées à Venise et une grande partie ont été rachetées par la suite.

Peut-être parce que l'art des vedute jouissait, dans le milieu artistique local, d'une moindre considération par rapport aux autres genres. En témoigne son admission tardive à l'Académie vénitienne de peinture et de sculpture seulement en 1763, cinq ans avant sa mort. Le rôle des mécènes anglais fut capital pour sa carrière, dont plus de la moitié de la production est de nos jours encore conservée dans les collections britanniques.

Conclusion

Canaletto s'illustre donc la composition de vues imaginaires, non pas imaginaires mais des vues réelles, notamment de sa Venise natale qu'il représente comme une ville gaie, ensoleillée, riche et aristocratique. Canaletto a mis au point une forme particulière de vue urbaine, qui se caractérise par un souci quasi obsessionnel de la réalité qui allie rigueur et précision du détail. Il se distinguera par son sens aigu de la composition et de la perspective et sa capacité à inonder ses peintures de lumière. Les œuvres de Canaletto montre un autre pan de la peinture de paysage du XVIIIe : celui de la représentation d'un paysage urbain, particulièrement réaliste qui plaisaient aux voyageurs riches et érudits de passage. L'utilisation qu'il fait de la "chambre optique" est précisément due à cette volonté pointilleuse de saisir la vérité de l'espace et de la peindre de la façon la plus rationnelle et objective possible tout en se laissant une marge de manœuvre. Son travail influencera d'autres peintres vénitiens tels que Bernado Belloto, son neveu ou encore Francesco Guardi et Michele Marieschi mais également étrangers à l'instar de Samuel Scott.

Référence principale :PEDROCCO, Filippo. Vues de Venise de Carpaccio à Canaletto : Citadelle & Mazenod, octobre 2001

Images : Wikipedia/Canalett

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