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Qui est Socrate ?

Par   •  27 Décembre 2017  •  2 383 Mots (10 Pages)  •  412 Vues

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Socrate inventa la science de la morale et recommanda la pratique du bien comme le plus sûr moyen d'arriver au bonheur. Il est à la recherche de la Vérité.

Si Socrate affirme qu’il ne sait rien, c’est parce qu’il distingue le savoir (épistémè) de l’opinion publique ou la croyance (doxa). Contrairement à l’opinion, le savoir est une croyance que l’on peut justifier par des raisons, et non une croyance simplement admise. Ayant pris conscience de cela, Socrate va passer son temps à interroger ses concitoyens pour leur faire prendre conscience de leur ignorance. Il utilise pour cela l’ironie et la maïeutique à travers le dialogue, la dialectique.

L’ironie consiste en ce que Socrate adopte une attitude faussement naïve : il interroge ses interlocuteurs en faisant mine de vouloir s’instruire auprès d’eux. Il se met à la place de celui qui veut apprendre de l’autre. Ainsi, au livre I de la République, Thrasymaque a bien compris l'attitude de Socrate : « voilà l'ironie ordinaire de Socrate. Ne l'avais-je pas dit tout à l'heure que tu ne voudrais pas répondre, que tu plaisanterais à ta manière, et t'arrangerais pour ne faire aucune réponse à mes questions. […] Voilà, dit-il, le grand secret de Socrate : Il ne veut rien enseigner, et il va de tous les côtés apprenant des autres, sans en savoir aucun gré à personne ». Mais désireux de faire étalage de son savoir, Thrasymaque ne peut cependant s'empêcher de tomber dans le piège tendu par Socrate et de révéler l'étendue de son ignorance.

Après l’ironie, quand il a fait prendre conscience à son interlocuteur de son ignorance, Socrate utilise la maïeutique (l’art de faire accoucher les esprits de la vérité, tout comme sa mère faisait accouchait les femmes). Toujours en dialoguant, il cherche à mettre en lumière des vérités notamment sur les concepts abstraits de Justice, d’Amour ou de Vertu. La vérité permet, selon Socrate, de vivre mieux. Socrate considère aussi que le vice est le résultat de l’ignorance : « Personne n’est méchant volontairement ».

Certes, bien souvent la maïeutique ne mène à aucune vérité. Ainsi, de nombreux dialogues de Socrate finissent par une aporie, c’est-à-dire une impasse. Mais prendre conscience de notre ignorance, c’est la première étape, indispensable, dans le chemin vers la connaissance. Ni le savant ni l’ignorant ne cherche le savoir : le savant parce qu’il le possède déjà, l’ignorant parce qu’il ignore ce qui lui manque. Le philosophe au sens étymologique (l’ami de la sagesse) doit donc être à la fois savant et ignorant : il ignore, mais il sait qu’il ignore, et la conscience de ce manque déclenche le désir de le combler. Le fait de découvrir la vanité de son prétendu savoir peut aussi permettre à l’interlocuteur de Socrate de découvrir une vérité sur lui-même : il est alors amené à se mettre lui-même en question. Socrate harcèle ses interlocuteurs de questions qui les obligent à faire attention à eux-mêmes, à prendre souci d’eux-mêmes. Faire de la philosophie, c’est apprendre à mettre en question les « certitudes » et les valeurs qui dirigent notre propre vie. C’est se mettre en question soi-même : c’est le sens de la phrase « Connais-toi toi-même » que Socrate utilisera à maintes reprises. Le savoir philosophique n’est donc pas seulement une connaissance abstraite, mais il est inséparable d’un véritable travail sur soi-même. C’est en ce sens que, dans le dialogue de Platon intitulé Le Banquet, Socrate répond à un interlocuteur qui voudrait profiter de son savoir : « Quel bonheur ce serait si le savoir était une chose de telle sorte que, de ce qui est plus plein, il pût couler dans ce qui est plus vide. ».

Socrate à travers le regard de ses contemporains

Si Socrate n’a laissé aucun écrit, ses disciples ont décrit sa philosophie dans leurs différentes œuvres. Socrate compta parmi eux Platon, qui fonda l’Académie; Antisthène, père des Cyniques; Aristippe, qui prêcha une morale relâchée; Phédon, Euclide, Critias, qui sera condamné par Socrate lorsqu’il deviendra l’un des Trente; Alcibiade, et une foule d'autres.

Xénophon nous a conservé dans ses Memorabilia de précieux détails sur Socrate car même s’il n’était pas son disciple, il l’a connu personnellement : il parle de sa condamnation absolument injustifiée et loue la vertu civique du philosophe.

Platon le met en scène dans tous ses dialogues : l'Apologie, le Criton et le Phédon nous font bien connaître les derniers moments du philosophe. Selon Gregory Vlastos, un historien de la philosophie antique, il existe cependant chez Platon deux philosophes portant le nom de Socrate, pratiquant deux philosophies opposées. Le premier rend compte de la philosophie du Socrate historique, tandis que dans le second devient le porte-parole de la philosophie de Platon. Vlastos identifie ainsi dix points sur lesquels le Socrate des dialogues de jeunesse est en opposition avec celui des dialogues de la période intermédiaire : la philosophie du premier par exemple est seulement morale, tandis que le second « est aussi un métaphysicien, un épistémologue, un philosophe de la science, un philosophe du langage, ainsi qu'un philosophe de la religion, de l'éducation et de l'art. Son domaine est une encyclopédie complète de la philosophie en tant que science ».

Aristote, lui-même disciple de Platon, développe dans ses écrits la philosophie de Socrate qu’il connait grâce à Platon avec un certain recul.

Enfin, Aristophane réalise dans la pièce de théâtre Les Nuées une caricature de Socrate qui est plus probablement une caricature de l’intellectuel type (auquel il donne le nom de Socrate) mêlant les pensées sophistes à celle de Socrate et même à celle des philosophes ioniens où il le représente comme le propriétaire d'un «magasin d'idées» où il enseignait aux jeunes à faire que la pire des raisons apparaisse comme la meilleure des raisons.

Il est important de garder à l’esprit que tout ce que nous savons de Socrate nous a été transmis indirectement par ses contemporains et tout n’est donc pas toujours fiable.

Sa condamnation à mort

L'insoumission et le non-conformisme de Socrate suscitent beaucoup d'inimitiés chez les athéniens notamment celle les sophistes qu’il critique du fait qu’ils ne recherchent pas la Vérité et qui, contrairement à lui, demande des honoraires très élevés mais sont très influents. Ainsi, à 70 ans,

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